Discours de politique générale : revivez les temps forts du discours de Michel Barnier au Sénat

Après les députés mardi, Michel Barnier s’adressait aujourd’hui aux sénateurs. Le Premier ministre a pris la parole au Sénat à 15 heures pour prononcer son discours de politique générale avec un accent particulier mis sur les collectivités locales.
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« Bis repetita placent », ou presque. 24 heures après son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, Michel Barnier s’exprime devant le Sénat ce mercredi 2 octobre. Impôt, réforme des retraites, immigration… Le Premier ministre est attendu dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg à partir de 15 heures, pour une prise de parole qui devrait être relativement similaire à celle prononcée la veille, mais – « Chambre des territoires » oblige – davantage axée sur les collectivités territoriales avec, potentiellement, quelques annonces en matière de décentralisation. Suivez la déclaration de politique générale de Michel Barnier, suivie des prises de parole des présidents des groupes politiques à 14h52 lors de notre émission spéciale sur le canal 13 de la TNT, sur nos réseaux sociaux et via ce live.

17h25

« Il y a un socle qui est le plus important, et c’est ma légitimité », réplique Michel Barnier

À l’issue d’une heure et demie de prise de parole des groupes politiques, un moment qu’il a qualifié de « stimulant », le Premier ministre a eu un mot de remerciement pour les présidents qui lui ont apporté un soutien. « Je sais que ce soutien, ce n’est pas un chèque en blanc. Je sais qu’il est vigilant, que vous jugerez le gouvernement sur ses actes pus que sur ses discours. Je ne demande pas autre chose », a précisé Michel Barnier, qui s’est employé à répondre durant vingt minutes aux orateurs qui l’ont précédé.

Le nouvel hôte de Matignon a également répondu aux groupes de gauche, qui ont mis en doute sa légitimité à gouverner. Le président du groupe écologiste Guillaume Gontard a notamment employé l’expression de « déni de démocratie ». « Je ne vais pas faire de polémique, parce qu’on n’a pas de temps à perdre », a d’abord réagi le Premier ministre, avant de rappeler la configuration de l’Assemblée nationale. « Il y a un socle qui est le plus important et c’est ça ma légitimité. Vous ne pouvez pas le contester. »

Michel Barnier a ensuite ajouté que le gouvernement aurait pu être « encore plus pluriel », s’il n’avait « pas reçu des réponses négatives » de la part de certaines personnalités politiques. Quant à Patrick Kanner, désormais à la tête du premier groupe d’opposition au gouvernement au sein du Sénat, Michel Barnier a regretté le « fond » de son discours. « J’ai encore du travail à faire pour vous convaincre de cet esprit du compromis ».

À huit jours de la présentation du projet de loi de finances, et alors que des premiers éléments ont filtré de la copie envoyée il y a quelques heures au Haut Conseil des finances publiques, Michel Barnier a réaffirmé combien ce moment serait décisif. « Si on ne fait pas un effort collectif, on va sacrifier l’avenir », a-t-il prévenu. Le Premier ministre s’est engagé à davantage écouter le Sénat. Le centriste Hervé Marseille, par exemple, avait rappelé que les pistes d’économies adoptées par la droite et le centre il y a un an, pour un montant de sept milliards d’euros, n’avaient pas été reprises par l’exécutif à l’époque. « Je vais à nouveau regarder les propositions évoquées […] Peut-être qu’on ne les a pas toutes bien vues […] Je suis ouvert, dans un cadre budgétaire contraint, à des améliorations. Je serai constructif sur ce plan-là. »

De façon plus globale, l’ancien sénateur de Savoie a répété son intention de se nourrir des contributions des assemblées parlementaires, qu’il s’agisse des résultats des travaux de contrôle ou des propositions de loi. « Nous allons éviter de réinventer tout car vous avez beaucoup travaillé », a salué le Premier ministre.

L’ancien commissaire européen veut également associer davantage les parlementaires avec les textes en construction au niveau européen, des projets de directives ou de règlements dont le processus commence trop souvent « dans l’indifférence nationale », selon lui. « Il est très important, dans le processus démocratique, que vous ayez une alerte sur des textes importants, par le gouvernement, les parlementaires européens, qu’on vous apporte un matériau qui vous permettra d’ouvrir des débats. »

17h20

« La bienveillance n’exclut pas la surveillance », prévient le RN Christopher Szczurek

C’est le sénateur RN, Christopher Szczurek, n’appartenant à aucun groupe, qui a conclu les prises de paroles. Il qualifie la nomination de Michel Barnier de « modeste soulagement », « de ne pas avoir une extrême gauche sectaire et radicale atteindre le pouvoir ».

Néanmoins le sénateur Rn n’a pas accordé de blanc-seing au nouvel exécutif. « Comment régler les errements du présent quand on a participé aux turpitudes du passé ? », a-t-il interrogé. Raison pour laquelle, le sénateur précise que « la bienveillance » de sa formation d’extrême droite « n’exclut pas la surveillance ». Mais pas uniquement du RN, la surveillance du président de la République, d’un Parlement, d’un système européen, des élus locaux et du peuple français.

Le sénateur RN a eu un mot pour le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ancien président du groupe LR du Sénat. « Nous n’oublions pas qu’alors que vous conceviez très bien le dialogue avec la gauche dans nos murs, la consigne était donnée de ne jamais voter le moindre amendement du RN. Ce simple fait nous amène à craindre beaucoup de postures et peu de résultats ».

17h11

Maryse Carrère : « Le dogmatisme n’est pas notre boussole »

Maryse Carrère, présidente du groupe du rassemblement démocratique et social européen (RDSE), a commencé son discours en regrettant « un gouvernement pas d’avantage pluriel ». Pour elle, les raisons sont évidentes : le manque de culture de la coalition, un sectarisme ancré, l’horizon sacré du scrutin présidentiel et des arrières pensées électoralistes incompatibles avec le sens du compromis. « Le dogmatisme n’est pas notre boussole », prévient la sénatrice des Hautes-Pyrénées. « Nous regarderons sans préjugé les politiques publiques mises en œuvre. Mais sans chèque en blanc, nous tenons à notre indépendance », poursuit-elle.

La présidente du RDSE sera aux cotés de Michel Barnier pour retrouver « le chemin d’une école qui remplirait mieux sa mission sur l’égalité des chances et la mixité sociale ». Maryse Carrère rappelle que son groupe est attaché à la laïcité. Reconnaissant que « son prédécesseur avait fait preuve de fermeté sur ce terrain ». Elle souhaite également « former des citoyens libres » comme le fait l’école républicaine depuis toujours.

« Attaquons le vif du sujet, le nerf de la guerre, je veux parler des comptes publics », poursuit-elle. Reprenant les mots du Premier ministre, elle admet que 3 228 milliards d’euros de dette « cela oblige à faire beaucoup avec peu ». Pour son groupe, le relèvement de l’impôt « n’est pas tabou tant que l’effort est juste et suffisamment dosé pour ne pas gripper la croissance ». L’élue ne veut pas laisser dire « que la situation économique est dans la réduction des dépenses des collectivités territoriales ». Celles-ci participent « à la création de richesse par l’investissement local, l’intelligence et l’innovation ». Elle conclut son discours en souhaitant au premier ministre de réussir et d’être « le premier de cordée indispensable pour affronter les pentes escarpées comme on peut les connaitre en Savoie ou en Hautes-Pyrénées ».

17h05

« Votre présence devant nous est une anomalie, pour ne pas dire un affront démocratique », fustige Guillaume Gontard

En réponse à la déclaration de politique générale de Michel Barnier, le président du groupe écologiste au Sénat a tenu à clamer son opposition à la composition du nouveau gouvernement, qualifiée de « déni de démocratie sans précédent ». « Votre présence devant nous cet après-midi est une anomalie, pour ne pas dire un affront démocratique », a-t-il vivement dénoncé.

Le sénateur accuse ce nouveau gouvernement de ne tenir « que grâce à la bienveillance du Rassemblement national », « une insulte au choix indiscutable du peuple souverain de faire barrage à l’extrême droite », a-t-il estimé. Guillaume Gontard a également vivement critiqué le choix de nommer Bruno Retailleau, ancien président du groupe LR au Sénat, au ministère de l’Intérieur. Un nouveau ministre « dont le compagnonnage d’extrême droite au côté de Philippe de Villiers n’est un secret pour personne », a-t-il estimé. Le sénateur a ainsi comparé le nouveau locataire de Beauvau au « sénateur Palpatine proclamant l’empire sur les ruines de la République galactique », mais également dénoncé « ses propos scandaleux sur l’Etat de droit ».

Enfin, au sujet des propositions déjà formulées par le nouveau Premier ministre, Guillaume Gontard a salué la « reprise en main du dossier calédonien », mais porte un regard sceptique sur le reste de ses annonces. « Votre discours écologique est mieux écrit que celui de vos quatre prédécesseurs, mais il sonne faux », a-t-il dénoncé, pointant du doigt un rétropédalage sur la zéro artificialisation nette, la limitation des installations d’éoliennes, ou encore les coupes annoncées dans les budgets de la transition écologique.

En clôture de son discours, Guillaume Gontard a enfin appelé Michel Barnier à « agir avec force pour stopper l’engrenage de violence » au Proche-Orient, en décrétant un embargo sur l’exportation « d’armes et de biens à double usage vers Israël » et en reconnaissant l’Etat de Palestine. « Votre Gouvernement n’a pas d’avenir, mais sur ce sujet vous pouvez immédiatement jouer un rôle décisif », a-t-il asséné.

16h53

Cécile Cukierman à Michel Barnier : « De quelle majorité êtes-vous donc le chef ? »

La présidente du groupe CRCE a dénoncé « la violence institutionnelle et démocratique » dont la nomination de Michel Barnier est le « symbole », « que vous l’acceptiez ou non » a-t-elle ajouté à l’attention du Premier ministre. Cécile Cukierman a regretté que celui-ci se soit mis « de fait sous la surveillance du Rassemblement National » en devenant le Premier ministre d’Emmanuel Macron, tout en le prévenant : « On ne joue pas avec la démocratie. » « Vous avez reçu le mandat pour gouverner de la part d’Emmanuel Macron, c’est incontestable. Mais vous ne l’avez pas reçu du peuple. De quelle majorité êtes-vous donc le chef ? », a-t-elle martelé. La sénatrice communiste a ensuite listé le bilan « terrible » d’Emmanuel Macron : « casse du service public », explosion du déficit public, zones de non-droits en ruralité et dans les zones urbaines…

« Votre programme est celui d’un ancien monde » a tancé la communiste.

Mais Cécile Cukierman a également profité de son passage à la tribune pour formuler des demandes, comme la mise à l’agenda de l’Assemblée nationale du texte mettant fin au CETA, le retour de la police de proximité ou encore « une nouvelle fiscalité ». Elle a également réclamé l’abrogation de la réforme des retraites, le blocage des prix sur les produits de première nécessité et une augmentation des salaires, raillant à l’occasion la « non-annonce » du Premier ministre sur l’augmentation du SMIC, jugée « pas à la hauteur ».

Elle a cependant salué les gestes envers le Sénat évoqués par le Premier ministre, comme la réforme du ZAN, de la compétence eau et assainissement des collectivités territoriales, affirmant que son groupe « sera de ceux qui accompagneront [ces] réformes », mais en prévenant : « Cela ne suffira pas ».

La présidente du groupe a également réclamé le « retour du dialogue et du respect en Nouvelle-Calédonie », tout en alertant le Premier ministre sur « tout report hâtif des élections sans consultation des acteurs locaux » et en regrettant la décision annoncée de ne pas convoquer le Congrès sur le dégel électoral dans l’archipel.

16h45

Claude Malhuret dénonce « l’invraisemblable campagne » du Nouveau Front populaire et vante Michel Barnier, « Premier ministre de l’apaisement »

Dans un style désormais bien connu de ses collègues au Sénat, le président du groupe Les Indépendants – République et territoires, Claude Malhuret, a fait la chronique de « l’invraisemblable campagne », selon ses mots, menée par le Nouveau Front populaire pour convaincre aux Français « que l’élection a été volée » ou encore que le gouvernement est « l’otage du Rassemblement national ».

Avec ses formules aiguisées qui ont fait sa marque de fabrique, le sénateur membre d’Horizons, est revenu durant une grande partie de sa réponse sur la succession de candidates pour représenter la gauche unie à Matignon, avant de conclure que tout n’était qu’une partie de « poker menteur » entre « l’extrême gauche » et une partie des socialistes.

Il énumère : « Pendant 24 heures Huguette Bello devient le nouveau Dalaï-Lama. Jusqu’à ce qu’on découvre qu’elle n’est pas woke, mais alors pas woke du tout. Anti-mariage pour tous et tout le tralala. Panique au NFP… Exit Huguette. Quelqu’un propose Laurence Tubiana, organisatrice de la COP21. Horreur, on s’aperçoit que Macron l’a nommée à l’UNESCO. Une macroniste Première Ministre du NFP. La fisha absolue… Exit Laurence. […] On finit par débusquer dans les combles de la mairie de Paris une sémillante fonctionnaire jamais élue nulle part et co-animatrice de l’incroyable dette de 10 milliards d’euros de la capitale […] Une fatwa vient la faucher en quelques mots : Le programme, rien que le programme mais tout le programme. En bon français ça veut dire : Mme Castets disposera de 193 voix à l’Assemblée et pas une de plus. Exit Lucie… »

L’ancien ministre a ensuite ciblé le Rassemblement national. « Quant à l’extrême droite qui prétend elle aussi qu’on a volé l’élection à ses 11 millions d’électeurs, elle oublie de dire que 20 millions d’autres ont décidé d’associer leurs voix au deuxième tour pour lui faire barrage devant la radicalité de ses positions. »

Estimant que seule une censure mêlant les voix du NFP avec le RN pourrait faire tomber le gouvernement, Claude Malhuret a estimé que l’exécutif était « loin d’être condamné d’avance ». « Vous êtes après deux ans d’Assemblée Nationale transformée en zone à délirer, le Premier Ministre de l’apaisement ».

16h35

 François Patriat : « Nous resterons ouverts, mais résolument fermes et déterminés sur nos valeurs »

« Nous souhaitons que le gouvernement réussisse car c’est l’intérêt de la Nation », c’est par ces mots que le président du groupe RDPI, Renaissance, François Patriat. « Après des occasions manquées, l’heure est au dialogue et au dépassement », a-t-il appelé de ses vœux.

Le sénateur a salué lui aussi la méthode basée sur « l’écoute et le dialogue » de Michel Barnier et estime que « les résultats inédits » des élections législatives offraient une « occasion inédite » à la France de renouer avec la culture du compromis ». « Nous resterons ouverts mais résolument fermes et déterminés sur nos valeurs ».

Son groupe partage la volonté de Michel Barnier de respecter l’Etat de droit », « lutter contre les discriminations », ou faire de « l’exigence budgétaire une priorité ». Sur ce point, François Patriat s’oppose à toute hausse d’impôts « pour les Français qui travaillent et qui produisent ».

Le sénateur a cité quelques chantiers prioritaires comme l’hôpital, le logement ou encore la politique agricole. « Seule l’union des volontés républicaines contribuera à faire avancer notre pays », a-t-il conclu.

16h25

Hervé Marseille alerte Michel Barnier : « La base parlementaire sur laquelle votre action peut s’appuyer n’est pas intangible »

Rappelant le contexte inédit dans lequel Michel Barnier a été nommé à Matignon, le président du groupe centriste Hervé Marseille a tenu à féliciter le nouveau Premier ministre. « C’est militaire. C’est gaullien. C’est de la haute montagne ! », a-t-il salué. Dans ce nouveau gouvernement, le sénateur se félicite également de la présence de dix ministres issus des rangs du Sénat : « Le Sénat is back, comme on dit en bon savoyard ! »

Si Hervé Marseille a assuré, en clôture de son discours, que Michel Barnier pourrait compter sur le soutien de son groupe, il a tout de même tenu à alerter le Premier ministre : « La base parlementaire sur laquelle votre action peut s’appuyer n’est pas intangible, elle peut s’effriter ».

Pour s’assurer le soutien le plus large possible au Parlement, Hervé Marseille suggère donc au Premier ministre de « définir une nouvelle méthode d’action », pour « légiférer mieux, juste, mais aussi moins ». Le sénateur demande ainsi une pleine association du Parlement et de ses commissions « le plus en amont possible à l’élaboration de la loi ». Il réclame également une meilleure association des parlementaires « aux travaux européens ».

Dans un second temps, Hervé Marseille a énuméré les grands chantiers qui attendaient Michel Barnier, en insistant sur les textes attendus par les parlementaires pour résoudre ces urgences. Sur la question du pouvoir d’achat et notamment la question des prix de l’énergie, le sénateur centriste rappelle qu’« une loi de programmation énergétique aurait dû être adoptée depuis un an », « il nous faut rattraper ce retard au plus vite ».

Le sénateur a également appelé de ses vœux à la poursuite au Sénat des discussions entamées à l’Assemblée autour du projet de loi d’orientation agricole. « Les agriculteurs ne se satisferont pas longtemps du statu quo d’après le mouvement de février », a-t-il alerté.

 

Enfin, malgré un large soutien aux premières annonces révélées par le Premier ministre, Hervé Marseille a tout de même attiré l’attention de Michel Barnier sur « un point de vigilance concernant l’évolution de la fiscalité ». « Elle ne doit pas peser sur l’emploi », a-t-il mis en garde.

16h15

« Vous vous inscrivez dans le bilan d’Emmanuel Macron […] Ce bilan sera votre fardeau », déclare Patrick Kanner à la droite

Dans sa réponse, le président du groupe socialiste Patrick Kanner (PS) s’est d’abord tourné vers les bancs de droite, qui ont choisi de participer et d’appuyer le gouvernement Barnier. « C’est la combinaison des perdants », s’est exclamé le sénateur, considérant que la politique d’Emmanuel Macron avait été sanctionnée dans les urnes en juillet et que les forces du Nouveau Front populaire étaient arrivées en tête. Pour l’ancien ministre, la « colère » des Français peut se muer en un « ressentiment profond et durable ».

« Nous voilà gouvernés par un exécutif de droite, sommé de poursuivre la politique menée depuis sept ans par Emmanuel Macron et adoubé par l’extrême droite », a résumé Patrick Kanner. Après avoir « bruyamment combattu la politique menée depuis 7 ans », la droite participe à une « mascarade », selon lui. « Aujourd’hui, vous vous inscrivez dans le bilan d’Emmanuel Macron, et vous devrez l’assumer à l’avenir. Oui, ce bilan sera votre fardeau », a-t-il dénoncé.

Qualifiant les ministres, non plus de « démissionnaires » mais « d’intérimaires », Patrick Kanner a ensuite longuement insisté sur la « trajectoire cataclysmique ». Le volet fiscal est encore trop timide, à ses yeux. « Parlez-nous de contributions pérennes et non pas exceptionnelles », a-t-il demandé. Le groupe socialiste a ensuite épinglé de nombreux « angles morts » ou « manques d’ambition » dans le discours de Michel Barnier : logement, santé ou encore éducation. « Une autre voie est possible », a plaidé le sénateur.

15h55

Mathieu Darnaud : « Le redressement du pays passe par l’indispensable maîtrise de notre endettement »

A l’issue du discours de Michel Barnier, les Présidents des groupes politiques prennent la parole dans l’ordre de leur importance numérique au Sénat. Et c’est Mathieu Darnaud, nouveau président du groupe LR du Sénat, successeur de Bruno Retailleau, qui a pris la parole pour d’abord « saluer le sens de l’Etat et d l’intérêt général » de Michel Barnier et sa méthode qui « a guidé tout votre parcours politique ». « Ce besoin d’écouter en associant, de toujours chercher le meilleur compromis possible, en considérant chaque partie prenante […] avec pour seule boussole, le souci de l’efficacité et la volonté de servir l’intérêt supérieur de la nation ».

Sur la politique que va conduire le Premier ministre, elle trouve sa source dans les propositions de la droite sénatoriale notamment à l’approche du budget. « La majorité sénatoriale a toujours mis en garde et tenter d’infléchir des choix budgétaires qu’elle jugeait néfaste […] Le redressement du pays passe par l’indispensable maîtrise de notre endettement », a-t-il souligné en plaidant en faveur d’une « dépense publique plus rationnelle, plus efficace ». Une augmentation de la pression fiscale n’est jamais une solution », a-t-il estimé. « Nous veillerons à ce que les mesures prises en la matière aient un caractère exceptionnel et temporaire sans jamais impacter nos classes moyennes ».

Soutien aux agriculteurs, lutte contre les déserts médicaux, politique de fermeté de rétablissement de l’ordre et de maîtrise des frontières, plus de libertés communales en passant par la fin des normes rigides « qui font sortir des centaines de milliers de logements du marché, le patron de la droite sénatoriale a listé les priorités mises en avant dans le pacte législatif de LR ».

« Dans cette ambition, vous trouverez toujours au sein du Sénat, parmi les membres des Républicains, un aiguillon et un allié », a-t-il conclu.

15h50

Nouvelle-Calédonie : Michel Barnier promet de « nouvelles mesures de soutien aux populations »

Michel Barnier a tenu à « confirmer clairement, et solennellement, notre engagement à faire face à l’urgence économique et sociale, en Nouvelle-Calédonie, où près de 25 % de la capacité de production de l’économie a été détruite, et où il faut reconstruire, redémarrer, préserver l’emploi, ou retrouver l’emploi, en même temps que retisser du lien social et politique », a insisté le locataire de Matignon, alors que la dimension économique avait à peine été évoquée devant les députés.

« Nous nous engagerons rapidement aux côtés des acteurs politiques et économiques », (r) assure Michel Barnier, qui « examine les conditions de prolongation, sur les prochaines semaines, des aides d’urgence, qui ont été mises en place depuis le mois de mai dernier. Et de nouvelles mesures de soutien aux populations, de plus en plus en difficulté, doivent être mises en œuvre. Il s’agit de reconstruire une grande partie de l’économique qui a été détruite durant cette période très difficile », a semblé se rattraper le premier ministre.

Il a de nouveau évoqué la mission menée par le président LR du Sénat, Gérard Larcher, et son homologue de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), qui sera conduite « sur place, dans un bref délai. Une mission de dialogue, d’écoute, de considération, qui devrait permettre d’engager des discussions sur l’avenir institutionnel de ce territoire. […] Outre les sujets économiques et sociaux, devront être abordés l’organisation et les compétences des pouvoirs locaux, la composition du corps électoral et son élargissement pour les prochaines élections provinciales, ainsi que les autres sujets de nature institutionnelle », a énuméré Michel Barnier, sans pour autant affirmer, comme devant les députés, que le texte sur le dégel du corps électoral « ne sera pas soumis au Congrès » (lire notre article pour plus de détails).

15h45

Dignité et fermeté : les boussoles de Michel Barnier sur l’immigration, un « sujet d’intelligence nationale »

Le premier Ministre évoque « avec lucidité » l’immigration en faisant un constat d’échec, à la fois sur la maîtrise de la politique migratoire, et aussi de la politique d’intégration : « On échoue des deux côtés et cela ne peut pas durer ». « Sans idéologie », dans « un moment d’utopie », Michel Barnier veut en faire un sujet « d’intelligence nationale ». Il entend travailler « plus efficacement et en proximité des demandes d’asile ». Il a confirmé son désir de travailler à la « prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière », pour mieux « exécuter les obligations de quitter le territoire ».

L’ancien commissaire européen a aussi mis l’accent sur le renfort des contrôles des frontières, en faisant référence au pacte européen, et au travail de Gérald Darmanin sur le sujet : « Il faut l’appliquer sans délai, mais le compléter aussi en renforçant les moyens de Frontex. » Michel Barnier a rappelé son intention de continuer à rétablir des contrôles de « nos frontières intérieures », dans le respect des règles européennes, « aussi longtemps que nécessaire ».

Michel Barnier affirme vouloir « intensifier le dialogue avec les pays d’origine et de transit » et glisse que son gouvernement « ne s’interdira pas de conditionner l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaire », une demande qu’avait notamment formulé Marine Le Pen à la tribune de l’Assemblée nationale hier. Une discussion sera aussi poursuivie avec les pays concernés sur des accords bilatéraux « qui ne correspondent plus aux réalités d’aujourd’hui ».

Avec toutes ces mesures, Michel Barnier l’affirme, « nous serons en mesure de mieux intégrer ceux que nous choisissons d’accueillir chez nous », notamment en ouvrant plus « rapidement l’accès à un titre de séjour, l’apprentissage de notre langue et à un logement et à un emploi ».

15h40

Une demande « forte » des dernières élections : Michel Barnier évoque ses pistes en matière de sécurité

 

Le Premier ministre a évoqué ses pistes de travail en matière de sécurité, en mettant en avant une volonté de « généraliser la méthode de travail en commun qui a fait ses preuves pendant les JO ». Les priorités : « lutter de manière implacable contre le trafic de drogue, la criminalité organisée, l’économie souterraine qui gangrène beaucoup de territoires urbains et ruraux », mais aussi rassurer les Français. Pour ce faire, Michel Barnier a annoncé la création, à reconfirmer, de « nouvelles brigades de gendarmeries ». Il entend aussi alléger les procédures administratives pour les commissariats et les gendarmeries, afin de privilégier une présence sur le terrain.

Michel Barnier a mis à l’agenda des discussions sur des « procédures de comparution immédiate pour les mineurs de plus de 16 ans déjà connus de la justice », ainsi qu’une réflexion à avoir sur « l’atténuation de l’excuse de minorité ».

Il a listé toute une série de mesures afin de rendre effectives et efficaces le système pénal : proposer des « peines de prison courtes et immédiatement exécutées pour certains délits », « réviser les conditions d’octroi du sursis, limiter les possibilités de réductions et d’aménagement de peine » ; « prévoir un recours plus important aux travaux d’intérêt général, aux amendes administratives et aux amendes forfaitaires délictuelles. »

Michel Barnier a affirmé sa volonté de reprendre la construction de places de prisons, tout en indiquant que pour le faire, il fallait « trouver des maires et des collectivités qui veulent accueillir des prisons sur leurs territoires. » Il s’est répété favorable à la création d’établissements pour les courtes peines.

Michel Barnier a aussi rendu hommage au maire de Saint-Brieuc, agressé la semaine passée : « Je serais soucieux que toutes celles et tous ceux qui exercent une autorité publique ou qui rendent un service public soient partout protégés et respectés ». « Il faut que l’on arrive à se reparler les uns aux autres sans aller jusqu’à l’agression et la violence », a-t-il conclu.

15h34

Michel Barnier à la recherche d’« idées innovantes » pour lutter contre les déserts médicaux

Le Premier ministre a rappelé devant les sénateurs l’un des objectifs de son gouvernement déjà présenté hier devant les députés : veiller à un meilleur déploiement des services publics sur tout le territoire. « Assurer l’avenir de nos territoires, c’est répondre à l’attente des Français qui ont besoin d’une plus grande présence de nos services publics », a assuré Michel Barnier.

Le chef de l’exécutif entend en premier lieu s’attaquer au problème des déserts médicaux. « Nous assurerons un déploiement effectif et rapide des assistants médicaux, des 2 000 nouvelles maisons de santé pluridisciplinaires, des bus de santé », a-t-il indiqué, poursuivant ainsi la politique de ses prédécesseurs.

Mais Michel Barnier est également à la recherche d’ « idées innovantes » contre les déserts médicaux, « pour que des médecins, des internes français ou étrangers et à la retraite s’ils le souhaitent, puissent être encouragés à aider à cette couverture des territoires urbains et ruraux ».

15h27

« Nous devons adapter la mise en œuvre du zéro artificialisation nette », assure Michel Barnier

C’est une déclaration qui a été vivement applaudie sur les bancs de la majorité sénatoriale. Le Premier ministre rappelle devant la chambre haute sa volonté d’ « adapter la mise en œuvre du zéro artificialisation nette ». Le ZAN, issu de la loi climat et résilience de 2021, pose comme objectif la fin de l’artificialisation des sols d’ici 2050, mais rencontre de grandes difficultés d’application sur le terrain.

Dans sa volonté de faire de la « simplification » une « méthode de gouvernement », Michel Barnier a donc annoncé vouloir revoir ce plan, « pour mieux tenir compte des besoins de certains territoires. « Nous pouvons sans doute nous donner de la souplesse sur la base de contractualisation locale, pour mieux concilier le développement des territoires et l’objectif de sobriété », a estimé le Premier ministre, tout en affirmant qu’il ne souhaitait pas « remettre en cause cette politique dans son essence ».

15h24

Pour maîtriser le budget, Michel Barnier veut travailler « en confiance » avec les collectivités territoriales

« Les élus doivent savoir que nous respectons leur rôle, leur responsabilité et leur compétence », indique Michel Barnier. « Et je pense que nous allons avoir besoin de cette confiance, cet état d’esprit peut-être un peu nouveau, pour travailler ensemble sur la maîtrise de nos dépenses publiques », continue-t-il. Le Premier ministre désire pouvoir discuter rapidement avec eux sur cette situation « y compris de la bonne manière de maîtriser l’évolution des dépenses en demandent à chacun, à tous les niveaux, de prendre une juste part de l’effort collectif ». Pour lui, « la situation est suffisamment grave pour qu’on partage cet effort intelligemment et en confiance ».

Pour aider les collectivités territoriales, Michel Barnier veut aussi « une simplification méthodique des règles ». Pour ça, il souhaite « identifier les projets et les actions locales qui sont entravés par la complexité des normes ». Celle-ci va passer par un effort de « déconcentration » qui ne « pourra pas être décrété d’en haut ». Dans les prochaines semaines, des leviers renforcées seront aussi donnés aux préfets « pour assurer la cohérence et l’efficacité de l’action de l’Etat et de tous ses opérateurs ».

15h20

Déficit : « Nous allons nous engager dans un contrat de simplification avec les collectivités locales », précise Michel Barnier

Comme prévu, le discours de politique générale du Premier ministre au Sénat est marqué par un souci particulier pour les collectivités territoriales. Alors que l’ancien ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait pointé la part des collectivités dans la dette abyssale de l’Etat français, Michel Barnier a souhaité affirmer son esprit d’écoute et de dialogue.

15h15

« Je suis attaché au rôle du Sénat, ce n’est pas un hasard s’il y a autant de sénateurs et de sénatrices dans mon gouvernement », affirme Michel Barnier

« Vous savez, je suis attaché au rôle du Sénat », prévient Michel Barnier. « Et ce n’est pas un hasard s’il y a, pour une des premières fois, autant de sénateurs dans mon gouvernement », continue-t-il, fortement applaudi par les élus en face lui. Le Premier ministre se dit aussi « attaché aux territoires », représentés par les sénateurs. « Ce sont les territoires qui par leurs identités, leur énergie, leur culture, leur différence, qui contribuent à développer notre pays », martèle-t-il. Et de continuer : « C’est souvent le succès des territoires qui fait le succès de la France ». Le Savoyard dit tenir à « l’équilibre vital entre l’Etat et les collectivités », qui repose sur « le respect et la confiance ». Il annonce que son gouvernement entretiendra des relations régulières et profondes avec les élus locaux pour que « cette confiance soit la règle ». « Nous devons pouvoir partager avec eux les objectifs de l’action gouvernementale parce que ce sont les objectifs de la nation », poursuit-il.

15h10

« Vous avez votre part à prendre dans ce travail d’intérêt national », déclare Michel Barnier aux sénateurs

Avant de reprendre le fil conducteur de son discours prononcé la veille devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre a rappelé le rôle important qu’est amené à jouer le Sénat dans ce contexte politique particulier.

« Pour la première fois de l’histoire de la Vème République, il n’y a pas du tout de majorité à l’Assemblée nationale », observe-t-il, « pour autant, je pense que les deux années et demie devant nous peuvent être utiles et vous avez votre part à prendre dans ce travail d’intérêt national. »

15h00

Proche -Orient : « La France restera engagée pour la paix et la sécurité dans la région », affirme Michel Barnier

En préambule de son discours de politique générale, le Premier ministre a rappelé  la position de la France sur le conflit au Proche-Orient, alors que l’Iran a tiré plus 180 missiles vers Israël mardi soir.

14h55

Budget : « Il y a un mur devant nous », alerte Jean-François Husson le rapporteur général du budget au Sénat

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Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».  

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