Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.
Européennes 2024 : revivez les temps forts du débat entre les principales têtes de liste
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Deux heures trente de débat et huit candidats. Public Sénat organise ce jeudi 14 mars le premier débat de l’élection européenne, en partenariat avec le groupe de presse quotidienne régionale Ebra (Le Dauphiné libéré, Le Progrès, L’Alsace, DNA, l’Est républicain), de 17 heures à 19h30, à suivre en direct sur le canal 13 de la TNT, sur publicsenat.fr et les réseaux sociaux.
A moins de trois mois du scrutin du 9 juin, c’est dans les murs du Parlement européen, à Strasbourg, que les principaux candidats vont ferrailler lors de ce premier débat attendu. L’émission s’ouvrira par les professions de foi. Chaque candidat aura autour d’une minute. Selon le tirage au sort, qui a eu lieu entre les équipes des candidats, l’ordre est le suivant : Raphaël Glucksmann (PS/Place Publique), Léon Deffontaines (PCF), Valérie Hayer (Renaissance/majorité présidentielle), François-Xavier Bellamy (LR), Thierry Mariani (RN), qui représente Jordan Bardella, seul candidat à avoir refusé de participer au débat, Marie Toussaint (Les Ecologistes, ex-EELV), Manon Aubry (LFI) et Marion Maréchal (Reconquête).
Les candidats s’exprimeront ensuite autour de quatre thèmes : l’agriculture et la souveraineté alimentaire, l’immigration, la guerre en Ukraine et la défense, l’énergie et le pouvoir d’achat. Trente minutes sont prévues par thématique.
Pour la conclusion, l’ordre, après tirage au sort, est le suivant : Manon Aubry, François-Xavier Bellamy, Thierry Mariani, Marion Maréchal, Raphaël Glucksmann, Marie Toussaint, Léon Deffontaines et Valérie Hayer.
Suivez ici le débat avec notre live, avec les principales déclarations des candidats.
Raphaël Glucksmann : « L’Europe, c’est ce qu’on en fait. Alors donnons-lui le visage de la puissance et de la justice »
« Pour conclure, je veux m’adresser à vous », a commencé Raphaël Glucksmann, « vous les citoyennes et les citoyens épris de justice, de solidarité, de démocratie et d’Europe. Vous qui refusez une mondialisation sans règle, des multinationales sans responsabilité, l’accaparement dans les mains de quelques-uns de l’ensemble des richesses, vous qui refusez la vassalisation de l’Europe ou la poutinisation de la France, vous qui croyez à l’émergence d’une puissance écologique européenne véritable, je veux vous dire qu’il n’y a pas de fatalité à l’impuissance qu’il n’y a pas de fatalité à l’injustice », a lancé la tête de liste PS/Place Publique.
II termine en appelant à la responsabilité de chacun : « Nous avons rendez-vous le 9 juin, avec nous-même et avec l’histoire. L’Europe, c’est ce qu’on en fait. Alors donnons-lui le visage de la puissance et de la justice. Ça se décide maintenant et c’est entre vos mains ».
Marie Toussaint « Notre maison brûle mais nous, écologistes, nous n’avons jamais regardé ailleurs »
Pour conclure, la tête de liste écologiste a paraphrasé Jacques Chirac. « Notre maison brûle mais nous, écologistes, nous n’avons jamais regardé ailleurs ». Marie Toussaint assure que sa formation est la seule à proposer « des mesures à la hauteur de la crise écologique ». « Si vous avez assez des cancers qui explosent et tuent celles et ceux que nous aimons, votez écologistes […] Si vous en avez assez de la casse des services publics, des injustices en Europe et dans le monde, il est temps de voter pour les écologistes », a-t-elle conclu.
Thierry Mariani : La liste RN, c’est la seule qui mettra un coup d’arrêt à Macron »
En conclusion, le candidat du RN, Thierry Mariani a associé les élections européennes comme la « dernière occasion, avant la fin du mandat, de voter contre Emmanuel Macron ». « Nous proposons de donner un coup d’arrêt à cette Europe de Mme von der Leyen et M. Macron ». « Nous voulons changer la politique qui nous a amenés à une baisse du niveau de vie. Nous voulons changer la politique migratoire où en réalité l’Europe se résigne à accueillir. Nous voulons changer les traités de libre-échange qui ruinent notre agriculture ». « La liste RN, c’est la seule qui mettra un coup d’arrêt à Macron », a-t-il conclu.
Pour François-Xavier Bellamy, l’enjeu est de « renforcer ceux qui serviront vraiment à défendre la voix de la France au Parlement européen »
« Dans ce débat, on aura vu la diversité des propositions », a commencé, en ouverture de sa conclusion, François-Xavier Bellamy. « L’Europe, c’est d’abord un combat de tous les jours pour réussir à faire peser des idées, faire gagner des batailles essentielles pour les Français », avance la tête de liste LR.
« Sur tous les sujets qui nous avons évoqués, nous avons mené ces combats : sur le nucléaire, pour réussir à l’inclure dans les fonds européens ; sur l’agriculture, pour sortir de la logique de décroissance que certains voulaient imposer à gauche et sur la protection de nos frontières ; […] pour interdire à la Commission européenne de dire que la joie est dans le hijab et pour protéger nos valeurs face à l’entrisme islamiste au sein de nos institutions » et « même pour faire entendre la voix de la France et de l’Europe sur l’Arménie, le Liban et sur Israël ». Pour François-Xavier Bellamy, il s’agit le 9 juin de « renforcer ceux qui serviront vraiment à défendre la voix de la France au Parlement européen
Léon Deffontaines : « Les militants antinucléaires sont les écologistes du passé »
Le candidat communiste qui veut faire de l’écologie et de la neutralité carbone sa priorité veut miser sur le nucléaire, avec la construction de nouveaux EPR. Les militants antinucléaires sont les écologistes du passé. Nous avons besoin de soutenir et de subventionner cette énergie. C’est l’énergie la moins coûteuse ». Il demande également la mise en place « d’un grand service public de la production jusqu’à la distribution. L’ouverture à la concurrence a eu des conséquences désastreuses sur l’augmentation des fractures ».
Nucléaire : « C’est mon point d’accord avec le PCF », souligne François-Xavier Bellamy (LR)
Pour François-Xavier Bellamy (LR), le problème énergétique en Europe n’est « pas qu’une question de marché » mais également une question de production. Se tournant vers le candidat communiste Léon Deffontaines : « C’est mon point d’accord avec le Parti communiste français. J’en ai peu, mais nous sommes les deux seules formations politiques qui, dans les dernières décennies, n’ont jamais varié sur la question du nucléaire. Parce que nous avons toujours dit que c’était la force de la France. »
L’eurodéputé a ensuite moqué les changements de pieds du RN et de Marine Le Pen, qui parlait du nucléaire dans les années 2010 comme d’une énergie « dangereuse ». « C’est encore un sujet sur lequel la girouette aura fonctionné », a-t-il ironisé.
Manon Aubry (LFI) s’attaque au marché de l’électricité et au pacte budgétaire, « pire cure d’austérité de notre histoire »
Interrogée sur les solutions à apporter face à la flambée des tarifs de l’énergie, Manon Aubry (LFI) condamne la logique de marché. « L’énergie doit être un bien commun, on a tous besoin d’énergie pour se chauffer, manger… On ne peut pas laisser la prédation de grands groupes décider du prix », martèle l’eurodéputée. « La réforme du marché de l’énergie va non seulement prendre au portefeuille des Français et de tous les Européens, mais va aussi mettre en difficulté des dizaines de milliers d’entreprises », soutient l’insoumise. « Le marché, c’est le chaos, c’est le point commun entre la liste de Madame Hayer (Renaissance) et celle de Monsieur Bardella (RN), laisser le marché décider ! », accuse-t-elle.
« La dette se négocie, pas la planète ! »
Manon Aubry reproche également à la majorité de laisser les services publics aux mains du marché, ciblant le pacte budgétaire européen voté en décembre. « C’est littéralement la pire cure d’austérité de notre histoire, c’est 20 milliards d’euros de coupes annoncées, dont 10 milliards d’euros cette année », explique-t-elle. « La dette se négocie, pas la planète ! Il faut arrêter avec ce mensonge, cette menace de la dette, des 3 % de déficit », poursuit Manon Aubry. « L’élection du 9 juin doit être un référendum pour ou contre ce nouveau pacte d’austérité. »
Quatrième thématique du grand débat : l’indépendance énergétique et le pouvoir d’achat
L’écologiste Marie Toussaint demande d’arrêter d’acheter « le gaz, les engrais et l’uranium » russes, qui « financent la machine de guerre »
« L’Ukraine ne doit pas tomber », commence Marie Toussaint, la candidate des Ecologistes (ex-EELV). Pour la tête de liste, il ne faut « ni le chemin des coups de mentons des va-t-en-guerre, ni le chemin des pro Poutine ». Elle défend plutôt « le chemin de la paix ».
Les Ecologistes mettent sur la table « trois propositions » sur l’Ukraine : d’abord « utiliser les 200 milliards d’avoirs gelés des oligarques russes pour les mettre en soutien à l’effort de guerre ukrainien et demain, la reconstruction ». Ensuite, « cesser d’alimenter la machine de guerre russe. Il faut taper la Russie au porte-monnaie. Or on continue de dépenser des dizaines de milliards d’euros par an dans le gaz, les engrais, l’uranium et le pétrole (achetés à la Russie). Quand on continue à faire ça, on finance Vladimir Poutine ». « L’an dernier, c’est 28 milliards d’euros pour le gaz », ajoute Marie Toussaint, qui évoque aussi le rôle des entreprises françaises, comme « TotalEnergies, qui ramène du gaz naturel liquéfié, par bateau, sur nos côtes. Donc il faut s’arrêter ». Enfin, « il faut livrer des armes et un soutien financier à l’Ukraine », conclut l’eurodéputée écologiste, selon qui « les Ukrainiens ont leur place dans l’Union européenne ».
« On a l’impression qu’Emmanuel Macron joue à la guerre comme aux Playmobil », tacle Marion Maréchal
La tête de liste Reconquête « souhaite la victoire de l’Ukraine face à la Russie », mais pas à n’importe quel prix. « Je considère qu’il peut y avoir évidemment un soutien qui soit d’ordre logistique, pour la reconstruction, un soutien d’ordre financier évidemment, un soutien d’ordre humanitaire. Mais je considère qu’en revanche il y a des choses vers lesquelles on ne peut aller, sauf à remettre en cause l’intégralité de la sécurité de l’Europe et de la France », a-t-elle estimé.
Fermement opposée à l’intégration de Kiev dans l’OTAN ou l’Union européenne, Marion Maréchal estime que « la solidarité, ce n’est pas le suicide ». « On peut vouloir et espérer la victoire de l’Ukraine sans mécaniquement vouloir entrer en guerre », a-t-elle exprimé, avant de dénoncer la « désinvolture » d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoi de troupes. « On a l’impression qu’il joue à la guerre comme aux Playmobil ».
Valérie Hayer : « La sécurité des Ukrainiens c’est notre sécurité »
Interrogée sur les propos controversés d’Emmanuel Macron sur l’hypothèse d’une intervention au sol en Ukraine, la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer a d’abord rappelé la menace que la Russie fait peser sur l’Union Européenne. « Nous avons tous les jours des attaques informationnelles dans notre pays et partout en Europe. Et demain si la Russie gagne en Ukraine, elle détient 80 % des stocks de blé mondiaux ».
Valérie Hayer affirme « qu’il faut soutenir les Ukrainiens jusqu’au bout. La sécurité des Ukrainiens c’est notre sécurité. Ils se battent pour défendre nos valeurs ». Reprenant les mots du chef de l’Etat, elle estime « que l’ambiguïté stratégique est nécessaire […] par principe, on n’exclut rien. Evidemment personne ne veut un affrontement direct avec Vladimir Poutine ».
« Je refuse que ma génération soit sacrifiée pour aller combattre face à la Russie », déclare Manon Aubry
« Nous devons être le camp de la paix », clame Manon Aubry (LFI), qui épingle les « propos irresponsables » d’Emmanuel Macron, qui ne veut pas exclure l’envoi de troupes au sol. « J’assume de dire que je refuse l’affrontement entre deux puissances militaires, nucléaires […] J’assume de dire que je refuse que ma génération soit sacrifiée pour aller combattre face à la Russie », s’est-elle opposée. Et d’ajouter : « à la fin, il faudra que la diplomatie reprenne ses droits, sinon c’est la guerre généralisée du tous contre tous. »
Clash : Raphaël Glucksmann accuse Thierry Mariani d’être « le petit télégraphiste du Kremlin »
Interrogé sur ses positions sur le conflit russo-ukrainien et notamment sa proximité avec Vladimir Poutine, Thierry Mariani a essayé de se défendre, affirmant que la ligne du Rassemblement National était « d’éviter l’escalade et de soutenir l’Ukraine », tout en déclarant que « l’Europe n’est pas menacée », car couverte par l’OTAN.
De quoi susciter l’ire des candidats de gauche, et en premier lieu, Raphaël Glucksmann, qui a accusé le candidat du Rassemblement National, d’être « le petit télégraphiste du Kremlin ». « Vous êtes sur la liste noire du Parlement » tance le candidat du PS-Place Publique, qui s’en prend violemment à l’ex-député LR : « Vous avez servi la soupe à ce régime », « vous êtes un patriote de pacotille », « vous et vos alliés, vous êtes une cinquième colonne dans la démocratie », étrille Raphaël Glucksmann.
Marie Toussaint (EELV) abonde : « Vous avez pris de l’argent de Monsieur Poutine, Monsieur Mariani ? », « vous l’avez aidé à surveiller des élections fantoches ? », s’emporte la candidate écologiste, qui qualifie le candidat RN d’ « agent du Kremlin ».
« Vous préférez soutenir les islamistes syriens ? », se défend le numéro 2 de la liste de Jordan Bardella, égratignant au passage le président de la République : « Mes relations avec Poutine sont moins fréquentes qu’avec Monsieur Macron », qui a « reçu Vladimir Poutine sur son lieu de vacances ».
Troisième thématique du débat : la guerre en Ukraine: l’Europe peut-elle se défendre seule ?
Les candidats aux européennes vont maintenant débattre de la guerre en Ukraine.
Valérie Hayer dénonce l’instrumentalisation des enjeux migratoires par l’extrême droite
Pour Valérie Hayer, le pacte asile-immigration, sur lequel doit prochainement se prononcer le Parlement européen, est « la vraie réponse européenne au défi migratoire ». « Les questions migratoires sont le carburant électoraliste de l’extrême droite. Nous, nous apportons des solutions concrètes », défend la candidate de la majorité présidentielle.
« Tous les populistes prennent l’enjeu migratoire comme une priorité politique », estime l’eurodéputée. « En Italie, Giorgia Meloni a promis un blocus naval. Moins de deux ans après, elle appelle à l’aide l’Union européenne. Le Brexit devait régler tous les problèmes migratoires, le fameux ‘take back control’. On voit aujourd’hui une explosion des flux. Donald Trump avait promis un mur. Il est où ce mur ? », énumère Valérie Hayer.
Et Thierry Mariani (RN), de railler aussitôt : « Vous avez oublié dans votre énumération Macron, qui avait promis 100 % d’application des OQTF (Obligations de quitter le territoire). On est à peine à 10 % ». À sa droite, François-Xavier Bellamy (LR) renchérit : « Avec un million de nouveaux arrivants en deux ans, on a du mal à voir où sont les solutions macronistes ».
Raphaël Glucksmann : « Au nom de votre panique identitaire, vous êtes prêts à sacrifier tout ce qui fabrique nos démocraties »
Le candidat PS-Place Publique, Raphaël Glucksmann a répondu aux arguments du RN, de LR, et de Reconquête. « Au nom de votre panique identitaire, vous êtes prêts à sacrifier tout ce qui fabrique nos démocraties », a-t-il lancé, citant l’Etat de droit, les conventions internationales, le respect de la dignité humaine.
Raphaël Glucksmann s’est érigé contre « l’externalisation de la gestion migratoire » par des puissances hostiles à l’Union européenne, comme le Pakistan ou la Turquie. « Nous sommes otages à des régimes hostiles parce que vous n’assumez pas d’organiser l’accueil. Vous êtes des vecteurs de chaos au lieu d’être des vecteurs d’ordre », a-t-il apostrophé.
« Oui, j’ai 27 ans, je suis le plus jeune, mais je vous demande un peu de respect, Madame Maréchal », lance Léon Deffontaines, tête de liste du Parti communiste
Le débat électrique continue autour du thème de l’immigration. Manon Aubry, la tête de liste LFI, raille le ton des candidats RN et Reconquête. « Après ces 50 nuances d’extrême droite, ça va être bien de remettre un peu d’humanité », lance l’insoumise. « 50 nuances d’extrême gauche », rebondit Thierry Mariani…
Le débat enchaîne sur Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, « qui est une agence de cowboy qui laisse mourir des migrants en Méditerranée, qui est devenue un cimetière à ciel ouvert », affirme Manon Aubry. L’eurodéputée LFI craint que le Pacte asile et immigration, qui va être débattu au Parlement européen, va avant tout « financer des murs aux frontières de l’Union européenne ».
Cette Europe des barbelés, je n’en veux pas !
Dénonçant les propos de la candidate du parti d’Eric Zemmour, Manon Aubry lance encore : « Non, Madame Maréchal, on ne monte pas sur un radeau de survie comme on monte dans un bateau de croisière ». « Je ne vais pas vous faire le coup du « vous n’avez pas le monopole du cœur », mais la seule possibilité de sauver des vies, c’est de faire une politique dissuasive », rétorque Marion Maréchal.
La candidate macroniste, Valérie Hayer, marque sa différence sur ce sujet en revendiquant son futur vote en faveur du pacte asile et immigration. « Il va être soutenu par le PPE, la famille de François-Xavier Bellamy, et par les sociaux-démocrates, la famille politique de Raphaël Glucksmann », soutient la tête de liste Renaissance, qui affirme qu’« avec ce pacte asile et immigration, c’est une solution européenne à un problème qui est mondial, avec efficacité et humanité », avec des renvois dans leurs pays pour les demandeurs d’asile déboutés, et un accueil « dans les meilleures conditions » pour ceux acceptés.
Le candidat du Parti communiste, Léon Deffontaines, dénonce alors « un débat de postures, bien éloigné des réalités », affirme la tête de liste PCF, qui pointe « l’extrême droite qui nous dit zéro immigration » et qui « demande après 450.000 régularisations » comme la première ministre italienne d’extrême droite, « Giorgia Meloni ». Marion Maréchal lui coupe alors la parole, ce qui déplaît à Léon Deffontaines… « Vous dites à longueur de temps qu’il faut respecter les policiers, les enseignants », commence le candidat communiste, avant d’ajouter : « J’ai 27 ans, c’est mon premier débat, je suis effaré que depuis le début, on s’invective, on s’apostrophe, quelle image renvoyons-nous ? Oui, j’ai 27 ans, je suis le plus jeune, mais je vous demande un peu de respect, Madame Maréchal ».
Passe d’armes sur l’immigration entre Raphaël Glucksmann et Thierry Mariani et Marion Maréchal
Thierry Mariani expose la vision du Rassemblement national sur l’immigration, avec le principe d’un « double bouclier » : « Celui de Frontex aux frontières lointaines, mais aussi, lorsque cela est nécessaire, un bouclier aux frontières nationales », résume l’élu, rappelant que son parti demande une réforme de l’espace Schengen.
« Si l’extrême droite prend le pouvoir à Paris et à Rome, il y aura une guerre entre la France et l’Italie, c’est automatique ! », lui rétorque Raphaël Glucksmann. « L’Italie va demander de la solidarité européenne, ce que vous combattez, et la France va bloquer les frontières françaises. Ce que vous proposez c’est le chaos, votre obsession sur l’immigration zéro, c’est chaos ! », martèle le coprésident de Place Publique. « Vous, vous proposez plus d’immigration, c’est aussi le chaos ! », cingle aussitôt Marion Maréchal.
« Nous proposons une politique coordonnée de réparation des demandeurs d’asile. Les gens qui montent dans le bateau ne veulent pas aller en Italie ou en Grèce. C’est un problème européen, qui doit être géré de manière européenne », poursuit Raphaël Glucksmann, qui propose la création « de voies légales d’immigration » pour une meilleure gestion des flux. Ce à quoi Marion Maréchal lui fait remarquer que ce système est déjà appliqué.
François Xavier Bellamy : « Sur les sujets migratoires ce qui compte ce ne sont pas les slogans, mais d’obtenir des résultats »
Premier candidat à prendre la parole sur le sujet de l’immigration, François-Xavier Bellamy a estimé que les frontières européennes « étaient le lieu de l’impuissance publique ». « L’Etat ne donne pas la possibilité aux Français de décider qui ils veulent accueillir et qui ils ne veulent pas ». Comme en 2019, il a rappelé sa proposition « de double frontière », qui consiste à renforcer les frontières européennes et les frontières nationales. Il en a profité pour se distinguer du RN en pointant « l’inconstance » du parti de Jordan Bardella sur le sujet. « Ils ont été pendant longtemps contre Frontex, maintenant ils sont pour. Ils étaient pour le Brexit, maintenant ils sont pour… ». « Sur les sujets migratoires ce qui compte ce ne sont pas les slogans, mais d’obtenir des résultats », a-t-il insisté.
Parmi ses propositions, François-Xavier Bellamy demande « la procédure d’asile à la frontière » afin d’éviter « le détournement permanent du droit d’asile, par les personnes déboutées, qui restent par la suite sur le sol européen.
Deuxième thématique : « Quelle immigration pour l’Europe ? »
Premiers échanges vifs sur la stratégie agricole de l’Union européenne
Valérie Hayer (Renaissance) estime qu’il ne faut « pas opposer le monde agricole et l’Union européenne ». Affirmant avoir entendu la colère de la profession, l’eurodéputée propose la mise en place d’un « Égalim » au niveau de l’Europe.
François-Xavier Bellamy (LR) dénonce, lui, les effets du texte « restauration de la nature », qui entraîne selon lui, une « logique de décroissance ». Des critiques également formulées par l’eurodéputé RN Thierry Mariani qui s’en est pris à la stratégie « de la ferme à la fourchette », qui causera une « décroissance ».
« Ce soir, on va entendre que l’écologie est la cause de tous les maux », s’est exclamée l’écologiste Marie Toussaint.
Nous, on n’est pas là pour emmerder le monde, mais pour le protéger
Elle demande une politique agricole commune qui rémunère à l’emploi, « et non plus à l’hectare ». Une proposition également portée par Raphaël Glucksmann (PS / Place publique), qui dénonce un système actuellement « injuste ». « Ce qu’on propose c’est d’inverser les principes de cette PAC. »
Manon Aubry (France insoumise), qui exige l’instauration de prix planchers, tout comme Léon Deffontaines, appelle à « bloquer les marges ». Avant de qualifier d’ « hypocrites » les principaux groupes du Parlement, en raison de leur soutien aux accords de libre-échange. C’est également cet angle d’attaque qu’a choisi Marion Maréchal (Reconquête). L’ancienne députée demande la remise en cause des traités.
Interrogé sur le pacte vert, Thierry Mariani (RN) a déclaré que son parti était « contre la politique de décroissance qu’impose l’UE, (…) et contre les traités de libre-échange ». Enfin, il s’est déclaré en faveur « d’une exception agriculturelle ». » L’agriculture doit sortir des traités de libre-échange », martèle le député européen.
Les candidats débutent le débat sur la thématique du Pacte vert et sur la question de l’agriculture.
Thierry Mariani tente de justifier l’absence de Jordan Bardella
Il est le grand absent de la soirée. La tête de liste Jordan Bardella (Rassemblement national) est le seul à avoir décliné notre invitation pour ce débat. Il a préféré se faire représenter par l’eurodéputé Thierry Mariani. « Soyons sérieux… Et pourquoi pas Coquelicot TV ? », aurait moqué le président du RN à propos de notre antenne, selon des propos rapportés par La Tribune du Dimanche.
Interrogé par Nathalie Mauret sur cette absence, Thierry Mariani explique : « C’est le premier débat en Europe, nous estimons qu’il est un peu prématuré. À l’heure actuelle, nous sommes huit autour de cette table, alors qu’on ne connaît que trois listes et deux programmes », a tenté de justifier l’élu.
« Dans les trois mois qui restent, il y aura de nombreux autres débats, Jordan Bardella a donné son accord pour cinq autres débats, plus deux duels », a indiqué Thierry Mariani.
Ultimes répétitions pour Thomas Hugues (Public Sénat) et Nathalie Mauret (Ebra)
Les fameux compteurs utilisés pour les temps de parole des candidats
Les équipes des candidats et les équipes techniques se préparent sur le plateau au Parlement européen à Strasbourg
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