Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.
Devant les sénateurs, Gérald Darmanin persiste et signe : « 110 000 personnes dans le Stade de France et autour »
Par Romain David
Publié le
Au cœur de l’audition au Sénat du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, sur les incidents qui ont émaillé la finale de la Ligue des Champions samedi soir au Stade de France : une bataille des chiffres. Depuis ce week-end, le locataire de la place Beauvau dénonce le nombre de supporters qui se sont présentés au stade munis de faux billets ou sans aucun billet, prenant de court les stadiers et les forces de l’ordre. Un phénomène qui aurait concerné 35 000 personnes, selon Gérald Darmanin. Mais ce chiffre interroge de nombreux responsables publics.
« Nous n’avons jamais dit qu’il s’agissait de 35 000 faux billets »
« Vous avez évoqué un phénomène massif de faux billets, de l’ordre de 30 000 à 40 000. Depuis, l’UEFA a indiqué que seuls 2 800 billets avaient été identifiés comme falsifiés lors du passage des portiques, ce chiffre pouvant être gonflé par des problèmes techniques. Comment ces fraudes, bien plus limitées qu’annoncées, auraient pu jouer le rôle déterminant que vous leur attribuez dans les événements de samedi soir ? », a lancé au ministre le sénateur LR François-Noël Buffet, qui préside la commission des Lois du Sénat.
« Nous n’avons jamais dit qu’il s’agissait de 35 000 faux billets, mais de personnes soit non porteuses de billets, soit porteuses de faux billets, se rajoutant aux 75 000 personnes avec un vrai billet », a corrigé Gérald Darmanin. Soit au moins 110 000 personnes qui se seraient trouvées samedi soir à l’intérieur et aux abords du Stade de France.
79 200 personnes arrivées par le métro et le RER
« Nous avons au moins deux possibilités de sources pour ceux qui ne croient pas la préfecture de police. La première, peut-être, c’est celle de la Fédération française, qui a elle-même communiqué officiellement. Vous avez dû voir cela ? Il y a eu 75 000 et non pas 80 000 billets édités par la Fédération, c’est-à-dire par l’organisateur, l’UEFA et la FFF », a expliqué le ministre. « Sur ces 75 000 personnes, qui auraient dû se rendre au Stade de France, malheureusement, nous avons constaté 110 000 personnes dans le Stade et autour ayant emprunté les transports », a-t-il pointé.
« Cela se décompose comme cela : 79 200 personnes, c’est-à-dire plus que le nombre de billets, ont pris les transports en commun », a expliqué le ministre. La ligne 13 du métro a fait venir 27 000 personnes, 37 000 sont arrivés avec le RER D et 10 500 par le RER B, selon des chiffres de la SNCF et de la RATP cités par Gérald Darmanin, qui a reconnu la possibilité d’une marge d’erreur de l’ordre de plusieurs centaines à 5 000 personnes dans ce comptage.
À cela s’ajoute 21 000 supporters arrivés par des bus, notamment du côté espagnol, 6 000 taxis et chauffeurs privés, et enfin 4 100 personnes avec leurs véhicules particuliers. « Les parkings en font foi », a encore expliqué Gérald Darmanin. Toujours selon ses déclarations, les 35 000 personnes sans billet ou munis de faux billets, n’ayant pas pu pénétrer à l’intérieur de l’enceinte sportive, auraient commencé à quitter les lieux environ 30 minutes avant le coup de sifflet final. « Dès 22h45, les images de vidéo surveillance démontrent que les quais du RER D sont pleins de maillots rouges », la couleur des Reds de Liverpool.
« Une blessure pour notre fierté nationale »
« Il est évident que cette fête du sport a été gâchée et que nous regrettons très sincèrement les débordements, parfois inacceptables, qui ont eu lieu », a encore déclaré le ministre. « L’image négative de ce match est une blessure pour notre fierté nationale, il est évident que les choses auraient pu être mieux organisées », a-t-il concédé. Avant d’ajouter : « Avons-nous évité le pire ? Oui. Aurions-nous pu anticiper davantage ? sans doute. »