Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
Désindustrialisation : les propositions d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen
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Le thème de la désindustrialisation s’est invité dans la campagne présidentielle de l’entre-deux-tours alors que des salariés de l’usine Whirlpool d’Amiens ont bloqué, ce lundi, l’accès au site industriel, pour protester contre la délocalisation de l’usine en Pologne.
Pour Emmanuel Macron, la désindustrialisation de la France n’est pas causée par “la mondialisation en tant que telle.” Selon lui, les causes “sont à chercher avant tout chez nous” : “nos dysfonctionnements économiques et sociaux ont conspiré contre les secteurs de notre économie exposés à la concurrence internationale” peut-on lire dans son programme. Il dénonce aussi “le positionnement qualité prix-insuffisant” de l’industrie française.
Faire monter en gamme l’industrie française
L’ancien ministre de l’Economie de François Hollande pointe un triple déficit de l’industrie française : déficit de l’investissement productif face à l’investissement immobilier, déficit d’innovation, déficit de formation.
Pour faire monter en gamme l’industrie française, Emmanuel Macron propose ramener l’impôt sur les sociétés (33,3%) à sa moyenne européenne (25%). L’impôt sur la fortune ne visera plus “l’investissement qui sert l’économie (actions, parts d’entreprises) et se concentrera sur les biens immobiliers”.
Il prévoit également 50 milliards d’euros d’investissements publics dont 15 millions d’euros pour la formation et 15 millions d’euros pour la transition énergétique et écologique.
Un protectionnisme européen
Dans la deuxième partie de son programme pour l’industrie, Emmanuel Macron reconnaît que “l’industrie européenne est mal armée contre les dérives de la mondialisation”. Il prévoit donc de réserver l’accès aux marchés publics européens aux entreprises qui localisent au moins la moitié de leur production en Europe, sur le modèle du Buy American Act.
Des fonds nationaux et régionaux pour l’industrie
Emmanuel Macron propose de créer un fonds pour l’industrie et l’innovation doté de 10 milliards d’euros. La banque publique d’investissement BPI centralisera toutes les aides de l’Etat pour l’innovation. Les nouvelles régions devront anticiper les restructurations d’usines et la réindustrialisation des zones touchées avec la création de fonds de retournement et de fonds de dette régionaux.
Pour Marine Le Pen, l’euro a aggravé la désindustrialisation
Pour Marine Le Pen, l’euro est responsable de la chute de la production industrielle en France. Lors du débat entre les principaux candidats, elle avait brandi un graphique montrant une corrélation entre la chute de la production française et la création de la monnaie unique. La sortie de la zone euro qu’elle prévoit de soumettre à référendum est donc une de ses mesures pour réindustrialiser le pays.
Protectionnisme national
Marine Le Pen privilégie le protectionnisme national pour relancer l’industrie. Elle veut interdire l’importation de produits ne respectant pas les normes imposées aux producteurs français. La candidate du Front national souhaite réserver la commande publique aux entreprises françaises si l’écart de prix est raisonnable.
Dans son programme, elle veut mettre en place “un plan de réindustrialisation dans le cadre d’une coopération associant l’industrie et l’État-stratège pour privilégier l’économie réelle face à la finance spéculative”.
Marine Le Pen veut créer un secrétariat d'État dédié aux mutations économiques, « afin d'anticiper les évolutions des formes de travail liées aux nouvelles technologies”.