A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.
Derrière « le pacte d’action » que veut construire Gabriel Attal, un appel du pied de la macronie aux LR
Par Romain David
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Toujours Premier ministre mais démissionnaire, Gabriel Attal va pouvoir retrouver les bancs de l’Assemblée nationale. Elu samedi à la tête du groupe Renaissance, le chef du gouvernement, qui n’est plus en charge que des « affaires courantes », entend conserver la main sur le jeu politique. « Afin que cette période s’achève le plus rapidement possible, il appartient aux forces républicaines de travailler ensemble pour bâtir un rassemblement autour de projets et d’actions au service des Françaises et des Français », a-t-il déclaré mardi soir, à l’occasion de son passage dans le JT de TF1.
« Dans les prochains jours, on sera amenés à prendre une initiative politique, à faire des propositions pour un pacte d’action pour les Français, avec du fond, des propositions de mesures, des propositions de compromis aussi », a poursuivi le locataire de Matignon, se disant prêt à aller démarcher les autres formations politiques, dans la perspective de construire un socle gouvernemental qui aille au-delà du camp présidentiel, désormais minoritaire dans la nouvelle assemblée. « Je proposerai, avec les députés Ensemble pour la République, des rencontres aux autres groupes politiques », a précisé Gabriel Attal.
« Pas l’ombre d’une idée susceptible de bâtir un projet commun avec d’autres formations »
Mais autour de quelles mesures ? Invité de France Inter ce mercredi 17 juillet, Sacha Houlié, le président sortant de la commission des Lois, qui a fait le choix de ne plus siéger avec le parti présidentiel au sein de la nouvelle chambre, évoquait « quatre idées qui pourraient faire consensus et permettraient de dégager quelque chose comme un pacte » : une conférence sociale sur les salaires, une proposition de loi sur l’accès à la santé, un grand débat autour de l’école et un plan de lutte contre le narcotrafic. « On pourrait très bien reprendre des idées qui étaient extrêmement consensuelles. L’idée du plan anticorruption d’Éric Dupond-Moretti, qui permettrait de faire une grande loi contre la criminalité organisée, était plébiscitée par plus de 80 % des Français », a-t-il relevé.
« Si l’on veut vraiment faire passer l’intérêt des Français avant les querelles de chapelle, il faut d’abord s’entendre, cela implique que chacun fasse des concessions. À l’heure qu’il est, je ne vois pas l’ombre d’une idée susceptible de bâtir un projet commun avec d’autres formations », estime auprès de Public Sénat François Patriat, le chef de file des sénateurs macronistes.
« Il pourrait y avoir un terrain d’entente sur l’éducation », avance le sénateur Renaissance Martin Lévrier. « Moi-même, j’observe dans la commission où je siège au Sénat [la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport, ndlr] une volonté de consensus entre la droite et la gauche sur ces questions ». « Trouver des pistes d’amélioration de la réforme des retraites, notamment à destination des plus précaires, permettrait de construire un arc qui aille de la gauche à la droite », ajoute-t-il.
« Il ne faut pas se demander comment obtenir 289 voix ‘pour’, mais plutôt comment éviter d’avoir 289 voix ‘contre’ »
Mais aux yeux de Martin Lévrier, c’est le budget qui constitue « la première des priorités », alors que l’Union européenne s’apprête à lancer une procédure pour déficit excessif contre la France. Le projet de loi de finances qui sera discuté à l’automne devra donc se frayer un chemin au milieu d’une assemblée tripartite, dans la mesure où aucun bloc ne semble en capacité de résister à la motion de censure qui accompagnera tout recours au 49.3.
« En vérité, le pacte d’action et le budget, ce sera la même chose », souligne le sénateur Horizons Franck Dhersin. « C’est la seule manière d’éviter un 49.3. Le pacte devra contenir les moyens à déployer pour mettre en œuvre les politiques sur lesquelles les formations politiques auront réussi à s’accorder », détaille ce proche d’Edouard Philippe. Mais au-delà des grandes lignes, ce sénateur n’imagine pas le Palais Bourbon fonctionner autrement que sous la précédente législature, à savoir autour d’accords de circonstance, dont le périmètre variera en fonction des textes. « On avancera au cas par cas, discussion par discussion, vote par vote… Dans ces circonstances, il ne faut pas se demander comment obtenir 289 voix ‘pour’, mais plutôt comment éviter d’avoir 289 voix ‘contre’ ».
Une méthode qui a échaudé Martin Lévrier : « C’est ce qui nous a conduits à la dissolution », soupire-t-il. « Moi je crois à un accord global. Les Français nous demandent de nous mettre autour de la table et de nous rassembler. Si l’on choisit d’agir texte par texte, nous allons reproduire ce qu’il s’est passé ».
Le « pacte législatif » de la droite
L’emploi du terme « pacte » dans la bouche du Premier ministre n’est pas anodin, et semble directement faire écho au « pacte législatif » annoncé par Laurent Wauquiez, le nouveau chef de file de La Droite républicaine (ex-LR) sur lequel travaillent actuellement les parlementaires LR, soit une dizaine de textes jugés prioritaires et que la droite espère imposer au prochain exécutif. « J’observe qu’à la proposition de Gabriel Attal répond le pacte législatif mis en musique par Laurent Wauquiez, sur des propositions qui se rapprochent de ce que propose également le camp présidentiel », note, au micro de Public Sénat, Hervé Marseille, le président de l’UDI, qui s’est rapproché des macronistes durant la campagne des européennes.
Parmi les textes que souhaite défendre la droite : une proposition de loi agricole, des mesures sur la souveraineté énergétique de la France, sur le logement abordable, sur la revalorisation du travail, ou encore la reprise de certains dispositifs de la loi immigration qui ont été retoqués par le Conseil constitutionnel en janvier. Pas sûr toutefois que les soutiens d’Emmanuel Macron acceptent de se laisser entraîner sur ces différents terrains. « Ici, personne n’a envie de rouvrir le dossier immigration, c’est encore plus explosif que le budget », souffle un parlementaire.
« Les propositions que nous mettons sur la table avec le pacte législatif font l’objet d’un intérêt non dissimulé », a relevé Annie Genevard, la vice-présidente des LR, ce mercredi sur France Inter. « On ne veut pas être les agents bloquants des institutions. On voit bien, aujourd’hui, que nous avons une situation inédite, aucun groupe n’a la majorité, ni de près ni de loin, il faut pourtant que la France continue d’avancer », a-t-elle précisé, tout en évacuant la possibilité d’une « coalition gouvernementale ».
Mais ce sujet fait aussi débat à droite : si Laurent Wauquiez a défendu jusqu’à présent une ligne d’indépendance, l’ex-LR Aurélien Pradié appelle quant à lui à former un « gouvernement de cohabitation ». Contacté par Public Sénat, Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, n’était pas en mesure de répondre à nos questions alors que son groupe doit encore plancher, jeudi matin, sur les propositions qui seront contenues dans ce pacte législatif.
« Pour pouvoir discuter avec les socialistes, il faudrait qu’ils acceptent de sortir de la logique de bloc »
« À l’heure qu’il est, c’est clairement du côté des LR que les efforts sont faits pour dégager une entente. On a le sentiment d’une envie de travailler », observe néanmoins Martin Lévrier, tandis que les négociations à gauche de l’échiquier politique, autour du candidat à Matignon, s’enlisent un peu plus chaque jour.
L’idée d’un rapprochement entre le bloc central et les sociaux-démocrates, évoquée par certains macronistes en marge des législatives, semble pour l’heure à exclure ; la gauche continue de revendiquer la victoire, même si son avance sur les autres formations ne semble pas lui permettre d’asseoir une majorité de gouvernement. D’autant que le bras de fer entre les socialistes et La France insoumise pour le leadership au sein du Nouveau Front populaires menace désormais leur crédibilité. « Pour pouvoir discuter avec les socialistes, il faudrait qu’ils acceptent de sortir de la logique de bloc dans laquelle ils se sont enfermés », observe François Patriat, lui-même issu du parti à la rose.
« On croit rêver, ce n’est pas aux perdants de nous imposer une coalition », s’agace le sénateur socialiste Rachid Temal. « Que Monsieur Attal souhaite participer à une coalition, pourquoi pas ? Mais il ne peut pas la diriger. Sur la base de notre programme, je serai favorable à ce que les socialistes proposent dix grands points susceptibles de faire consensus. Aux macronistes de voir s’ils souhaitent y participer ou pas. C’est à eux de faire un choix, entre aller vers les LR ou se tourner vers la gauche ».
Monnaie d’échange
Au lendemain du second tour des législatives anticipées, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe avait appelé son camp à privilégier un « accord technique » avec les LR. « Laurent Wauquiez va faire monter les enchères, il aurait tort de se priver », nous confiait la semaine dernière un proche d’Emmanuel Macron. Selon nos informations, les tractations entre la droite et Ensemble pour la République ont déjà commencé à l’approche de l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale, jeudi 18 juillet.
Un parlementaire nous assure que les responsables macronistes seraient prêts à laisser au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes trois postes clefs contre le perchoir : une vice-présidence, un siège de questeur et la très disputée présidence de la commission des Finances, d’ordinaire réservée au premier groupe d’opposition. « On m’a effectivement dit que c’était ce que réclamait Laurent Wauquiez, mais j’imagine mal qu’il puisse obtenir tout ça », balaye un chef de file macroniste. Ce stratège imagine plutôt la droite pousser pour l’élection d’Annie Genevard au perchoir : « Ils sont en mesure de nous donner la majorité demain, ils ont donc tout intérêt à défendre leur candidate ».
« Le marchandage, doublé d’une obsession autour des personnes, m’effraye », avoue le sénateur Martin Lévrier. « Si l’on veut construire quelque chose, c’est le principe de la coalition à l’allemande qui doit primer : il faut d’abord s’entendre sur des projets avant de se répartir les sièges ». Et pourtant, c’est bien cette méthode qui a fait caler la gauche dès le lendemain du scrutin.
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