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Culture : que proposent les principaux partis politiques pour les élections législatives ?

Thématique souvent reléguée à l’arrière-plan du débat électoral historique qui se joue aujourd’hui entre les partis, la culture fait néanmoins l’objet de plusieurs propositions, plus ou moins radicales, d’un bout à l’autre du spectre partisan. Petit tour d’horizon des programmes des principaux blocs politiques en la matière.
Rédaction Public Sénat

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Voici deux semaines que la plus courte campagne électorale jamais organisée sous la Vème République a été lancée. Les principales formations politiques dévoilent en urgence leurs programmes, dans lesquels elles courtisent un monde de la culture en profonde mutation et particulièrement inquiet quant à la probable arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, face à laquelle de nombreux artistes se sont dernièrement mobilisés. Dans une tribune publiée par « Le Monde » ce dimanche 23 juin, plus de 800 professionnels de la culture appellent à combattre le Rassemblement national « pour que la France des Lumières conserve un avenir ». Structuré en un large éventail d’industries et de syndicats, comptant plus de 286 000 intermittents du spectacle, le secteur de la culture dispose d’une influence médiatique très forte et s’impose comme une cible politique stratégique.

Renaissance promeut une « culture de proximité »

 

Le camp présidentiel annonce vouloir poursuivre la politique déjà engagée par le gouvernement dans le domaine de la culture, et compte développer une mesure phare de l’ère Macron : le Pass culture, ce dispositif étatique octroyant un crédit de 300 euros aux jeunes de 18 ans pour l’achat de biens culturels.

Plus largement, la coalition Ensemble promet de soutenir « la culture de proximité en ruralité et pour les âges », et soutient en ce sens l’instauration d’un « printemps de la ruralité ».

Par ailleurs, la ministre de la Culture Rachida Dati porte un projet de fusion de l’audiovisuel public, impliquant la création d’une holding « France Médias » qui regrouperait France Télévisions, Radio France, France Médias monde et l’INA à l’horizon 2025. Cette proposition intervient « dans un contexte très agité où des groupes privés se structurent et s’organisent et dans un contexte de forte désinformation », a déclaré la ministre au micro de France Inter, tout en s’opposant à une potentielle privatisation du secteur et à une modification du statut d’intermittent.

Les Républicains dans le vague programmatique

 

En l’absence de véritable programme politique, les Républicains ne proposent aucune offre politique majeure.

Candidate à l’élection présidentielle de 2022, Valérie Pécresse avait affiché sa volonté de « mieux promouvoir les arts et la culture » et de « faire de la France le pays phare de la création artistique ». Elle affirmait également vouloir « recentrer l’audiovisuel public sur ses missions de service public ».

Le Rassemblement national vise à « un redressement moral du pays »

 

A l’extrême-droite, l’enjeu de la culture excite tout particulièrement l’imaginaire national, credo idéologique du parti de Marine Le Pen qui consacre un livret d’une vingtaine de pages à la question. Son contenu est largement inspiré du programme de la candidate à la dernière élection présidentielle, et le terme « culture » y est remplacé par celui de « patrimoine », à la coloration patriotique plus marquée.

S’il accède au pouvoir, Jordan Bardella s’engage à tripler le budget annuel pour l’entretien et la restauration des églises et des cathédrales, pour atteindre près d’un milliard d’euros. Il prévoit, en outre, de retirer de l’enveloppe du Pass culture les mangas, ces bandes dessinées japonaises qui ne sont pas considérées comme de véritables produits culturels par les cadres du parti.

Le Rassemblement national porte une ligne de réforme radicale, dont l’expression la plus notable est le projet de privatisation de l’audiovisuel public. Celui-ci « ne répond plus aux critères de neutralité », justifie le président du parti. Sébastien Chenu dénonce également la forte inclination à gauche du service public audiovisuel. Néanmoins, les contours de cette mesure sont flous et ses modalités de mise en œuvre encore hypothétiques, d’autant plus que le parti aurait l’intention d’épargner le réseau des radios locales France Bleu et la chaîne Franceinfo, qui devraient rester publics.

Le Nouveau Front populaire veut augmenter le budget de la culture et préserver le service public

 

L’union des gauches souhaite accorder 1 % du PIB chaque année « à l’art, la culture et la création ». Elle promet également « d’étendre la gratuité dans les musées nationaux » et de « défendre le régime des intermittents ».

L’alliance entend « garantir la pérennité d’un service public de l’audiovisuel » en assurant son financement, et défend « l’indépendance des rédactions face à leurs propriétaires », ciblant implicitement le conservateur Vincent Bolloré, propriétaire de nombreux médias.

La culture est un enjeu programmatique incontournable, et les principaux partis politiques tentent d’occuper ce terrain stratégique, d’investir ce secteur clef qui pourrait leur ouvrir en grand les portes de l’électorat populaire.

Eglantine Mougin

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