Covid et écoles : la rentrée en sursis ?

Covid et écoles : la rentrée en sursis ?

Alors que les cas de covid-19 repartent à la hausse en cette fin d’année, avec plus de 3 000 personnes en réanimation et la vague Omicron qui touche davantage les jeunes, l’inquiétude gagne du terrain quant à la rentrée de janvier. 
Public Sénat

Par Chantal Baoutelman

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Avec près de 73 000 cas de covid-19 par jour, l’épidémie explose et les plus jeunes ne sont pas épargnés. Comme pour le reste de la population, le nombre de cas de covid-19 chez les enfants monte en flèche. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, annonce aujourd’hui 145 hospitalisations chez les enfants, dont 27 en réanimation. Daniel Floret, pédiatre et vice-président de la commission technique des vaccinations à la Haute Autorité de santé (HAS) confie à France info : « Les enfants sont actuellement le groupe d’âge dans lequel l’incidence est la plus élevée, on est quasiment à 1 000 cas pour 100 000 enfants ».

Face à la gravité de la situation, des voix s’élèvent pour appeler à décaler la rentrée de janvier. Valérie Pécresse, la candidate LR à l’élection présidentielle, propose de retarder la rentrée scolaire d’une semaine. Pour William Dab, épidémiologiste et ancien directeur général de la santé : « Il était justifié de fermer les écoles une semaine plus tôt. »

Du côté de l’exécutif, prolonger les vacances n’est pas à l’ordre du jour. Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer a soutenu le 19 décembre au micro de BFMTV : « L’école est essentielle pour nos enfants. C’est donc le dernier lieu à fermer ». Une position réaffirmée hier par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal : « La prolongation des vacances n’interviendra qu’en ultime recours ».

« On ne peut pas reprendre avec le même protocole »

Si les syndicats d’enseignants partagent cette idée de ne pas fermer les écoles, ils réclament des mesures de protection plus importantes. Car l’inquiétude gagne du terrain quant aux conditions dans lesquelles les écoles rouvriront à la rentrée. Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUIPP-FSU, principale organisation syndicale du primaire, confie à Public Sénat : « On ne peut pas reprendre avec le même protocole car la contamination va être fulgurante. On demande donc au ministère de revenir au protocole de l’année dernière selon lequel un cas de Covid avéré dans une classe oblige celle-ci à fermer. » Actuellement, le protocole prévoit la fermeture de la classe pendant une semaine si trois cas s'avèrent positifs, il maintient la classe s’il n’y a qu’un cas de covid-19. Mais tous les élèves doivent être testés, et seuls ceux dont le résultat est négatif, reviennent en classe. Avec le variant Omicron très contagieux, la question des moyens pour réaliser les tests des enfants risque donc de se poser.

Le syndicat des enseignants des collèges et lycées, le Snes-FSU appelle aussi à mettre en place des mesures de protection efficaces en matière d’aération ainsi que des règles de test et d’isolement claires afin de casser les chaînes de contamination et éviter la circulation du virus. La gestion du covid-19 dans les écoles est également critiquée à gauche. « Ce qui a été fait au mois de novembre est dramatique », a dénoncé le sénateur socialiste Bernard Jomier par rapport à l’allègement des protocoles sanitaires. « On a délibérément laissé circuler le virus à un niveau élevé, c’est une faute lourde. »

« Plus il y aura de contaminations, plus il y aura d'enseignants absents »

Par ailleurs, il y a une forte inquiétude sur le rôle de l’école. « Plus il y aura de contaminations, plus il y aura d'enseignants absents car ils seront cas contact ou positifs. Que deviendront alors les élèves sans enseignants ? » s'interroge Guislaine David qui regrette le manque d’anticipation du gouvernement pour les remplacements depuis deux ans. Elle est rejointe sur ce point par la FCPE. La première fédération des parents d’élèves exige, dans son communiqué de presse du 21 décembre qu’un « plan stratégique soit travaillé en urgence pour l’École et la rentrée de janvier qui s’annonce d’ores et déjà très compliquée pour éviter les fermetures de classes ou le non-remplacement des professeurs absents. »

A dix jours de la rentrée de janvier, il est compliqué de se projeter. Mais Guislaine David alerte d’ores et déjà sur les conditions de travail éprouvantes des enseignants et directeurs d’école : « On nous demande de faire du présentiel et du distanciel en même temps. On ne pourra pas continuer sur ce mode en janvier quand il y aura davantage de contaminations suite aux regroupements familiaux pendant les fêtes. »

La syndicaliste attend des précisions du ministère et espère obtenir des réponses lors de la réunion prévue avec l’ensemble des syndicats la semaine prochaine.

« Lire aussi. La vaccination des enfants de 5 à 11 ans « officiellement » ouverte

 

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