L’écologiste Yannick Jadot annonce briguer la succession d’Anne Hidalgo dans la capitale en 2026. Le sénateur écologiste de Paris souhaite « bousculer le jeu à gauche » en rassemblant les différentes composantes de l’actuelle majorité derrière son nom, alors que trois autres candidatures sont déjà déclarées.
Coupes budgétaires : le PS doit-il regretter de ne pas avoir voté la censure du gouvernement Bayrou ?
Par Simon Barbarit
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C’est le retour des « gauches irréconciliables ». Ce week-end, par médias interposés deux figures politiques de premier plan se sont échangés des coups comme au bon vieux temps. Sur le Grand Jury RTL – Le Figaro – Public Sénat – M6, Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de La France insoumise ne s’est pas fait prier pour fustiger son ancienne famille politique, le PS, dont une large partie des députés a fait le choix de ne pas voter la motion de censure déposée par La France insoumise, et soutenue par les autres composantes du Nouveau Front populaire. « Ils ne votent pas les censures mais sont dans l’opposition, personne n’y comprend rien », s’est agacé Jean-Luc Mélenchon, qui se dit « meurtri » par l’attitude des socialistes.
Le leader de LFI enfonce le clou et estime que le Parti socialiste, « à l’évidence, n’[était] plus un partenaire ». « C’est un allié, et encore de circonstance ».
Dans la Tribune du Dimanche, l’ancien Président et actuel député de Corrèze, François Hollande assume, comme la grande majorité des députés de son groupe, « le compromis au bénéfice des Français », dénonçant « la posture de LFI dont la seule perspective est de bloquer la vie institutionnelle et de provoquer une élection présidentielle ». « Les socialistes constituent désormais le pôle central au sein de l’Assemblée nationale puisque rien ne peut se faire sans eux ni contre eux ». « Ils ont la clé jusqu’en 2027 », encourage-t-il y allant de son tacle à au leader Insoumis. « M. Mélenchon est comme Mme Irma. Ses prophéties ne se réalisent jamais, ce qui ne l’empêche pas de les répéter à intervalles réguliers. ». Ce à quoi l’intéressé a rétorqué : « C’est du François Hollande signé. Cet homme est une machine à tromper. Il a trompé tout le monde en 2012, il trompe ses proches, il trompe tout le monde ».
« LFI ne sert à rien pour les Français en ce moment »
De quoi imaginer de nouvelles ambitions élyséennes chez l’ancien chef d’Etat. François Hollande pourrait être tenté de s’appuyer sur l’électorat social-démocrate laissé en jachère en 2027, en l’absence de candidature d’Emmanuel Macron. « Ça, c’est de la politique-fiction, les ambitions de François Hollande, ça le concerne. En attendant, la prochaine étape, c’est le budget. A la différence de LFI qui ne sert à rien pour les Français en ce moment, puisqu’ils refusent de participer à toute forme de négociations, et parce qu’ils n’ont pas de sénateurs, nous, nous bataillons mission par mission pour défendre nos engagements. Certes, nous n’avons pas tout obtenu. Et il faudra évidemment revenir sur la partie recettes en commission mixte paritaire », appuie Patrick Kanner, le président du groupe socialiste du Sénat.
Parmi les « gains » obtenus de François Bayrou par le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, la réouverture d’une négociation sur la réforme des retraites, ainsi que plusieurs garanties sur le budget 2025, étaient jugées suffisantes pour ne pas censurer le gouvernement dès le discours de politique générale.
« Le budget proposé est pire que celui de Michel Barnier »
Mais depuis jeudi, et la reprise de l’examen du projet de loi finances à la Haute assemblée, la gauche va de déconvenue en déconvenue. « Je suis d’accord avec la démarche des socialistes qui consistent à être responsables et négocier pour obtenir des gains. Maintenant, il faut faire le bilan. Le budget proposé est pire que celui de Michel Barnier. Dans ces conditions, je ne vois pas comment les socialistes pourraient voter la seconde partie du projet de loi de finances, jeudi », estime le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard.
La méthode du gouvernement, des amendements déposés à la dernière minute proposant des coupes budgétaires, agace particulièrement les sénateurs. Le budget de l’aide publique au développement a ainsi été amputé de 780 millions d’euros supplémentaires, le portant à 3,8 milliards d’euros, l’audiovisuel public a perdu 80 millions. L’agriculture et le sport ont évité des coups de rabot supplémentaires grâce au rejet de la quasi-totalité des sénateurs. Les élus de la chambre haute ont aussi repoussé, ce week-end, un amendement gouvernemental qui prévoyait 52 millions d’euros d’économies sur les crédits de la mission « enseignement scolaire ».
Le gouvernement est toutefois parvenu à faire adopter une diminution de l’indemnisation des fonctionnaires pour les arrêts maladie de moins de trois mois. Ce lundi, c’est le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche qui a été amputé de 630 millions d’euros.
« Ce n’est pas satisfaisant. Et que les choses soient clairs, ne pas censurer un Premier ministre sur son discours de politique général ne veut pas dire que nous ne le censurerons pas sur le budget. François Bayrou a repris le budget de son prédécesseur pour le raboter encore plus. Dans ces conditions, les socialistes du Sénat, le rejetteront jeudi. La commission mixte paritaire permettra d’avoir une négociation finale », explique le sénateur socialiste des Français de l’étranger, Yan Chantrel.
« Il va falloir d’ailleurs que François Bayrou soit clair sur sa volonté de recourir ou non au 49.3 lors du vote du budget à l’Assemblée nationale. Pour l’instant nous avons obtenu de petits renoncements de sa part comme sur la suppression des 4 000 postes dans l’éducation nationale prévue par le précédent gouvernement », observe le sénateur de la Somme et porte-parole du PS, Rémi Cardon.
Pour Éric Coquerel, « la suite ça sera avec M. Retailleau que ça s’écrira »
Invité de la matinale de Public Sénat, Bonjour chez vous, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel a estimé que le PS s’était fourvoyé en pensant obtenir des avancées de la part de François Bayrou. « Le gouvernement va s’appuyer sur d’autres groupes, notamment le Rassemblement national, pour passer ce qu’annonce », le ministre de l’Intérieur, a-t-il prédit. « Vous verrez que la suite ça sera avec M. Retailleau que ça s’écrira », ajoute-t-il, alors que le ministre a réaffirmé ces dernières heures sa volonté de restreindre l’aide médicale d’Etat, dispositif permettant à des ressortissants étrangers sans titre de séjour régulier en France de se soigner.
« Pour moi, la raison du vote de la motion de censure n’était pas budgétaire. Elle était contre ce renoncement démocratique qui consiste à reprendre 14 ministres d’un gouvernement censuré. Pour une politique encore plus à droite », appuie Guillaume Gontard.
« Notre choix de ne pas censurer la semaine dernière, est compris »
La présidente du groupe communiste du Sénat, Cécile Cukierman complète. « Depuis l’entrée en fonction de François Bayrou, nous n’avons eu aucun signal qui nous aurait permis de changer notre vote sur une motion de censure ». Après le budget, les négociations autour la réforme des retraites va cristalliser les oppositions contre le gouvernement. A gauche, peu imaginent l’exécutif revenir en arrière, et ce malgré l’ouverture des concertations vendredi dernier. « Nous ne pouvons avoir confiance en une conférence sociale si le cadrage politique n’est pas à la hauteur des ambitions », reconnaît Cécile Cukierman.
« La réforme des retraites a constitué un point de fracture démocratique que le gouvernement va devoir réparer. C’est ce que j’entends sur le terrain en cette période de vœux », rapporte Rémi Cardon.
Patrick Kanner parcourt lui aussi sa circonscription du Nord, pour les cérémonies de ce début d’année. « Notre choix de ne pas censurer la semaine dernière, est compris. Les Français demandent de la stabilité », témoigne-t-il. Ce choix de la « responsabilité sera mis en avant par les socialistes aux prochaines municipales. « Pour LFI, les choses sont plus simples. Ils n’ont rien à perdre et utilisent les forces de nuisance », constate le président des sénateurs PS. N’en déplaise à François Hollande, avant 2027, les municipales de 2026 seront le premier scrutin « clé » pour les socialistes.