Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Corse : vers l’autonomie ou l’indépendance ?
Par Public Sénat
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Dimanche 3 décembre, la Corse a connu une large victoire de la liste nationaliste au premier tour de ces élections territoriales. La coalition Pè a Corsica des autonomistes menés par Gilles Simeoni et des nationalistes de Jean-Guy Talamoni, a obtenu le large score de 45,36% des voix. Pour Jacques Follorou, journaliste au Monde, ce score a surpris les nationalistes eux-mêmes : « Ils n’en reviennent pas ».
L’historien Michel Vergé-Franceschi voit dans cette victoire indépendantiste des échos historiques : « Aujourd’hui, ce qui triomphe, c’est un Talamoni qui représente le Paoli [Pascal Paoli, héros corse du XVIIIe siècle NDLR] qui voulait se séparer de Gênes. Et c’est un Paoli qui en 1789 s’est rattaché à la France, en disant « J’aime l’union avec la libre nation française » (…) Un côté c’est le nationalisme et l’autre côté, c’est l’autonomie voulue par Gilles Simeoni. C’est donc la victoire de l’histoire, une histoire très ancienne ».
Les invités d’ « On va plus loin» notent que la volonté d’indépendance n’est plus vraiment mise au premier plan, pour les nationalistes, ou tout du moins de façon apparente. « Ils ont un peu changé leur positionnement et je pense que la bascule s’est faite au moment de l’affaire catalane » analyse Vincent de Bernardi, chroniqueur au magazine « Paroles de Corse ». Et il poursuit : « En réalité, en 2015, quand ils ont été élus, Jean-Guy Talamoni parlait d’indépendance de manière assez libre. Il indiquait que c’était une perspective à court terme ou peut-être à moyen terme. Après l’affaire catalane, changement de stratégie peut-être, en tout cas ils ont nuancé leur propos et la question de l’indépendance est devenue un objectif à long terme voire à très long terme (…) L’indépendance, ça fait fuir les électeurs. »
« La modération du discours de Jean-Guy Talamoni est aussi directement liée à un rapport de force qui existe avec Gille Simeoni » ajoute le journaliste Jacques Follorou. « C'est-à-dire qu’après 2015, on a bien vu que la ligne Talamoni [était] minoritaire, ils ont fait à peu près 7%, et que celui qui ramasse les voix, celui qui parle finalement au plus grand nombre de Corses et est susceptible de remporter les élections, comme ils l’ont fait hier, c’est bien la ligne Simeoni. »
Au 1er janvier 2018, il n’y aura plus qu’une seule administration corse, comptant 5000 employés à Ajaccio. La question est de savoir si elle sera prête et, ce, dans des délais extrêmement courts. Jacques Follorou soulève les nombreux défis que les nationalistes devront relever : « Les responsables nationalistes qui ont remporté l’élection, ont des écueils (…) Seront-ils capables de gérer, et non simplement de réclamer souvent des symboles juridiques et politiques ? (…) Une collectivité unique, c’est aussi un nombre resserré d’élus, une commande publique entre les mains de beaucoup moins d’élus qu’auparavant. Et il faut bien avoir aussi à l’esprit qu’à la différence de la Catalogne ou de l’Écosse, la Corse est un pays pauvre, une société pauvre. Il y a beaucoup moins d’argent, pas de matière première, pas d’industrie (…) Il est clair que pour pouvoir gérer cette collectivité, il va falloir aussi être capable de résister à une forme de pression (…) clientéliste, une pression clanique, une pression criminogène, une pression d’affairisme, qui existent sur cette île ».
Et de conclure : « Il y a une grande leçon sur cette installation des nationalistes et des autonomistes au pouvoir, de façon pérenne pour l’instant, en Corse. Ça nous renvoie aussi à nous, Paris, à cet esprit jacobin qui est aussi le nôtre (…) Il peut y avoir (…) au-delà de l’indépendance etc., un bout de territoire et de population, qui peut redéfinir le lien qu’il y a entre un citoyen et sa représentation démocratique. »