Paris: Concertation Emmanuel Macron et Nouveau Front Populaire Elysee

Consultations politiques : les dirigeants du Nouveau Front Populaire se réjouissent de voir Emmanuel Macron sortir du « déni démocratique » 

Emmanuel Macron a donné le coup d’envoi de ses consultations politiques ce matin en recevant les chefs de partis et les présidents de groupes du Nouveau Front Populaire. Les participants soulignent une évolution de la position du Président de la République, actant le principe d’une cohabitation, et lui demandent désormais de rapidement nommer Lucie Castets à Matignon.
Henri Clavier

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Alors que le record de longévité d’un gouvernement démissionnaire – 38 jours – vient d’être battu, Emmanuel Macron a entamé ce matin les consultations politiques devant déboucher sur la nomination d’un Premier ministre. Reçus en premier et groupés, les représentants du Nouveau Front Populaire (NFP) ont défendu, devant le chef de l’Etat, la nomination de leur candidate, Lucie Castets, à Matignon. Au lendemain des élections législatives provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait affirmé qu’aucun parti n’avait gagné le scrutin et appelait les forces parlementaires à trouver un compromis. 

Ce matin, Emmanuel Macron a donc reçu les représentants du NFP à l’Elysée dans le salon vert. Seul face aux douze représentants du NFP, le président de la République souhaitait se placer dans une posture d’arbitre afin de trouver la formule la plus stable politiquement. A la sortie de la réunion, Lucie Castets a évoqué une discussion « très riche » avec le locataire de l’Elysée. 

« Il a acté que le NFP dans toute sa composante était arrivé en tête, c’est un point positif » 

Les différents participants ont salué une forme de prise de conscience d’Emmanuel Macron actant que le NFP était arrivé en tête des élections. « Il a acté que le NFP dans toute sa composante était arrivé en tête, c’est un point positif. On a eu l’impression que petit à petit il sort du déni démocratique, et qu’il accepte la défaite et que les Français ont demandé une forme de rupture », explique Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat. Le sénateur souligne également que le chef de l’Etat aurait pu refuser de recevoir Lucie Castets ou exclure une réception groupée des forces de gauche. Par ailleurs, Guillaume Gontard rapporte que le Président de la République a acté la « nécessité d’une cohabitation ». Un constat partagé par Lucie Castets affirmant qu’Emmanuel Macron avait intégré le « souhait d’un changement d’orientation politique ». « Il a reconnu qu’il fallait un changement de politique », abonde le sénateur communiste Pascal Savoldelli. 

Au cours de la réunion, menée par Lucie Castets pour le NFP, le Président de la République a également détaillé et explicité certains propos. Alors que l’Elysée affirmait hier qu’Emmanuel Macron souhaitait garantir une stabilité institutionnelle en choisissant la majorité la plus large et la plus stable, cela ne signifie pas nécessairement la poursuite de la politique menée depuis sept ans. Par ailleurs, « Emmanuel Macron nous a confirmé qu’il n’avait pas d’autres options », explique Pascal Savoldelli, rappelant que le Nouveau Front Populaire était la coalition la plus large et la seule à vouloir gouverner. Pour rappel, si un accord entre La Droite Républicaine (ex LR) et le bloc central a permis de faire réélire Yaël Braun-Pivet à la tête de l’Assemblée nationale, le parti de Laurent Wauquiez, qui sera reçu à 15 h 30 par le chef de l’Etat, se refuse à toute forme de coalition. Si le nom de Xavier Bertrand a circulé pour prendre la tête de cet attelage, une source sénatoriale nous confiait que ce dernier n’avait pas échangé récemment avec Emmanuel Macron. 

Président arbitre ou sélectionneur ? 

Comme l’expliquaient hier plusieurs conseillers d’Emmanuel Macron, le Président de la République cherche à retrouver, à travers ses consultations politiques, un rôle d’arbitre. Un positionnement également souhaité par la gauche. « Lucie Castets a bien expliqué sa volonté de changement radical de méthode et de remettre le Parlement au centre avec la recherche de majorités directement par la Première ministre », rapporte Guillaume Gontard. Les débats n’ont donc pas vraiment tourné autour de projets de loi spécifiques ou de sujets précis pouvant faire l’objet d’accords entre les différentes forces politiques. 

Malgré ces inflexions du chef de l’Etat, les leaders du NFP restent prudents. « Emmanuel Macron a été tenté de renouveler son approche de majorité présidentielle, il a essayé de justifier sa pause institutionnelle olympique en expliquant qu’il fallait un temps de réflexions et de discussions entre les partis, mais c’est beaucoup trop long pour mettre en œuvre l’article 8 », juge Pascal Savoldelli. Emmanuel Macron a également interrogé Lucie Castets sur la composition d’un futur gouvernement, évoquant la présence de ministres issus de La France insoumise. La candidate du NFP a réaffirmé sa volonté d’inclure toutes les parties prenantes du NFP au sein d’un futur gouvernement. 

« On est plus proche d’un président sélectionneur que d’un président arbitre », ironise Guillaume Gontard. La Constitution prévoit d’ailleurs que le Président de la République nomme les ministres sur proposition du chef du gouvernement. Cependant, le président du groupe écologiste rapporte une possible évolution d’Emmanuel Macron sur la question de l’arc républicain. « Il a beaucoup parlé du front républicain et a reconnu que la gauche, dans son ensemble, avait permis de faire barrage au Rassemblement national, contrairement à LR », détaille Guillaume Gontard. Pourtant, durant le mois de juillet, plusieurs cadres de Renaissance, notamment Gérald Darmanin, assuraient qu’ils voteraient immédiatement une motion de censure en cas de participation de LFI ou des écologistes à un gouvernement. « Nous n’avons pas eu de réponse précise sur la censure systématique d’un gouvernement impliquant des ministres LFI, mais cela paraîtrait incongru de voter une censure juste après la nomination d’une Première ministre acceptée par le Président de la République », estime Guillaume Gontard. Selon le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, Emmanuel Macron a affirmé que les forces ayant participé au front républicain « étaient parfaitement légitimes à gouverner ». 

Une temporalité encore indécise 

Sans préjuger de l’issue des autres consultations et du nom de la personne qui sera nommée à Matignon, les participants de la réunion semblent plutôt optimistes pour une nomination rapide. Si la cheffe des Écologistes demande une réponse du chef de l’Etat d’ici mardi, Emmanuel Macron n’a pas donné de date précise à ses interlocuteurs pour la nomination du Premier ministre. « Il nous a affirmé qu’il prendrait sa décision dans un temps assez rapide, à l’issue des consultations », rapporte Pascal Savoldelli. La fumée blanche pourrait donc être aperçue au milieu de la semaine prochaine, les consultations politiques se terminant lundi 26 août. 

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