Le rapport du sénateur LR Bruno Belin, en vue de l’examen de la mission sécurité du budget 2025, pointe l’impact financier des JO de Paris 2024 et de la crise en Nouvelle-Calédonie sur les finances de la gendarmerie et de la police. Conséquence : la police a renoncé à remplacer plus de 2.000 voitures et la gendarmerie n’a pas payé ses loyers à de nombreuses communes. Les budgets de la police et de la gendarmerie sont en revanche en hausse en 2025.
Consultations d’Emmanuel Macron : la ligne d’indépendance des Républicains est-elle tenable ?
Par Simon Barbarit
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Devant les micros tendus, les deux présidents des groupes parlementaires LR de l’Assemblée nationale et du Sénat, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, aux côtés de la présidente par intérim du parti, Annie Genevard, ont souhaité mettre en scène l’unité de leur famille politique vis-à-vis de la nomination du futur Premier ministre. Sur le fond, rien n’a changé depuis le mois dernier, les dirigeants LR ont farouchement exclu toute participation au futur gouvernement ou à une coalition avec la macronie.
Le ton s’est toutefois quelque peu durci, ne souhaitant pas endosser la responsabilité de l’échec de la formation d’un gouvernement, Laurent Wauquiez a enjoint le chef de l’Etat à cesser « de « procrastiner » et de nommer « enfin un Premier ministre pour sortir de la crise qu’il a lui-même provoquée avec la dissolution ». L’entretien a même été jugé « décevant » par le patron des députés LR, faute de d’engagement de la part du chef de l’Etat sur les propositions du « pacte législatif » mis sur la table par la droite le mois dernier (lire notre article).
Bruno Retailleau a souhaité lui alerter « sur la gravité de la situation ». « C’est inédit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jamais un gouvernement démissionnaire n’aura autant duré », a-t-il affirmé (lire notre article sur ce sujet). Le sénateur de Vendée a, par ailleurs, indiqué vouloir « contribuer » à la prise en compte « du message exprimé par les Français lors du premier tour des dernières législatives ». « Ils veulent plus de sécurité, moins d’immigration, plus de pouvoir d’achat et ils veulent des services publics qui fonctionnent », a-t-il analysé.
« Nous n’avons aucune raison de faire plaisir à Emmanuel Macron »
Avant de se rendre à l’Elysée, Bruno Retailleau a pris le pouls de son groupe quant à la stratégie de tenir en cette période de flottement institutionnel et politique. « Nous le répétons depuis des semaines, peut-être va-t-on finir par nous croire. Nous ne ferons pas partie du prochain gouvernement, ni d’une coalition avec la majorité sortante, nous n’avons aucune raison de faire plaisir à Emmanuel Macron. Mais nous ne participerons pas pour autant au blocage du pays et nous voterons les textes qui iront dans le bon sens. En tant que référent éducation du parti, je n’étais pas par exemple opposé au choc des savoirs proposé par Gabriel Attal lors de son éphémère passage rue de Grenelle. Et je me félicite que les présidents des groupes LR au Parlement parlent d’une même voix », insiste le sénateur Max Brisson.
« Ça gigote » chez les LR
Toutefois, pour un cadre du groupe centriste du Sénat qui forme avec le groupe LR la majorité à la haute assemblée, « l’adhésion à la ligne Wauquiez/Retailleau apparaît solide de façon apparente mais ça gigote. Il y a une vingtaine de députés (sur 47 NDLR) qui ne sont pas sur cette ligne dure », évalue-t-il.
La sénatrice LR de Paris, Marie-Claire Carrère-Gée, qui il y a un mois s’exprimait en faveur d’un « LR à Matignon », craint que le pacte législatif proposé par son parti « ne reste lettre morte ». « Il n’aura d’avenir que si un gouvernement s’en inspire, dans le dialogue avec les parlementaires des autres forces politiques républicaines » […] « Je fais confiance à ma famille politique, dont l’ADN est celui de l’audace, du courage et de la responsabilité, pour faire tout ce qui est nécessaire pour y répondre dès maintenant », enjoint-elle dans un communiqué.
« Nous devons confirmer que nous sommes un parti de gouvernement »
L’ancien ministre et actuel sénateur LR de Haute-Saône, Alain Joyandet, qui milite depuis le début de l’année pour une coalition avec le camp présidentiel considère que la position défendue par les cadres de son parti « concourt très largement à l’instabilité du pays ». « On ne peut pas d’un côté imposer ses conditions et menacer de censure un gouvernement issu du Nouveau Front Populaire et dire de l’autre qu’on ne veut participer à rien. D’autant plus qu’au second tour des législatives, nos députés ont été élus avec les voix des autres ». Dans son communiqué du 26 août, le président de la République fait le même rappel. « Les partis politiques de gouvernement ne doivent pas oublier les circonstances exceptionnelles d’élection de leurs députés au second tour des législatives. Ce vote les oblige ». L’ancien président du groupe LR de l’Assemblée, Olivier Marleix a effectivement bénéficié du barrage républicain et des voix de la gauche pour sauver son siège.
« J’ai bien compris que les dirigeants de notre famille politique ne souhaitent pas être associés au bilan du macronisme et qu’il y a des arrières pensés pour 2027 », ajoute Alain Joyandet. « Mais Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter dans 3 ans et notre électorat ne comprendra pas qu’on refuse de se retrousser les manches pour redresser le pays. Nous devons confirmer que nous sommes un parti de gouvernement. Je l’ai dit à Bruno Retailleau ce matin. Il m’a répondu que sa position était soutenue par la majorité des sénateurs LR. Pour échanger avec mes collègues, je sais que de plus en plus de sénateurs LR pensent comme moi. Et n’oublions pas non plus que nous sommes majoritaires au Sénat uniquement grâce à l’appui des centristes. Nous sommes donc déjà dans une coalition avec un parti qui a fait liste commune avec les macronistes aux dernières Européennes », fait-il remarquer.
Pour appuyer sa ligne, Alain Joyandet prend soin de citer un sondage Harris Interactive pour Challenges, publié le 21 août, selon lequel 82 % des électeurs LR souhaitent voir Xavier Bertrand nommé à Matignon.
Et dans l’hypothèse où le bras de fer tenu par les cadres LR aurait pour but d’enfermer Emmanuel Macron dans une impasse politique et le pousser à quitter le pouvoir, Alain Joyandet s’interroge : « Est-ce que nous, Les Républicains, sommes en état de remporter une élection présidentielle ? »
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