Congrès des maires de France : David Lisnard déplore « 40 démissions par mois »
Par Public Sénat
Publié le
Pour David Lisnard, un sursaut est nécessaire. Face au mal-être croissant des maires au fil des années, le président de l’Association des maires de France (AMF) considère que nous sommes « à un virage » et appelle à un « redressement moral ». Au lendemain de la publication de l’enquête du Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof) qui met en avant les nombreuses difficultés rencontrées par ces élus locaux au cours de leur mandat, ses conclusions inquiètent David Lisnard, alors que s’ouvre aujourd’hui le congrès des maires de France. « Le premier mal-être des élus locaux vient du pouvoir d’agir », affirme le président de l’AMF. « C’est vraiment la base : faire vivre la démocratie locale et pouvoir décider, agir, rendre des comptes à nos habitants ».
D’après l’enquête du Cevipof, les difficultés des élus reposent également sur la difficile conciliation entre la fonction et la vie personnelle ou professionnelle, ainsi que des indemnités insuffisantes. Un constat qui est tiré tous les ans, mais qui laisse désormais craindre une crise de vocation chez les maires de France. David Lisnard déplore « 40 démissions par mois en moyenne ». Un phénomène qui touche, selon le président de l’AMF, autant les petits villages que les grandes villes : dans les zones rurales, « il y a un problème de surreprésentation du nombre d’élus nécessaires pour les conseils municipaux par rapport au nombre d’habitants », note le maire de Cannes, « mais dans les très grandes villes aussi, certains élus me font part de leur difficulté à composer des listes de qualité ».
Des indemnités insuffisantes
Parmi ce qui freine l’attrait pour le poste de maire, la violence à laquelle les élus font face. D’après les chiffres du ministère de l’intérieur, plus de 2 300 atteintes aux élus ont été enregistrées depuis le début de l’année. Or, l’enquête du Cevipof révèle à quel point les maires de France sont largement touchés par les incivilités. Ainsi, sept maires sur dix affirment avoir été victimes d’incivilités, tandis que quatre sur dix signalent avoir subi des menaces verbales ou écrites. Pour David Lisnard, ce sont « tous ces liens quotidiens, d’éducation, de civilité qui se délitent » et qui sont selon lui le signe d’une « décivilisation » que subissent les maires.
Au-delà de la question de la sécurité, l’une des principales revendications des maires demeure celle des indemnités, insuffisantes selon eux. « La démocratie n’a pas de prix mais elle a un coût », martèle David Lisnard. « Il est absolument anormal que plus de la moitié des maires de France perdent de l’argent en devenant maires », poursuit le maire de Cannes, qui rappelle que ces maires ont « une fonction exécutive, des responsabilités civiles, politiques, et pénales ». L’élu de droite, toujours attentif aux dépenses publiques, affirme qu’une augmentation de l’indemnité des élus serait « complètement marginale en termes de dépenses », et rappelle que beaucoup de maires, « notamment dans les petites communes », cumulent « leur fonction avec un job ».
Tendre vers un salaire de cadre
David Lisnard balaye d’ailleurs le contre argument du signal qu’enverrait à la population le fait d’augmenter les indemnités des élus : « Beaucoup de nos compatriotes, notamment ceux qui galèrent, pensent que nos maires gagnent beaucoup plus, ils sont très surpris du montant de l’indemnité notamment dans les petites communes, nettement inférieure au smic ».
Pour le maire de Cannes, le faible revenu des élus « contribue à dévaloriser cette fonction qui est pourtant la plus belle de la République française ». Et David Lisnard de réclamer qu’un maire ait « au moins un revenu de cadre moyen ».