Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Conférence de Sylviane Agacinski annulée à Bordeaux : ce que la philosophe avait dit à la délégation aux droits des femmes du Sénat
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Une conférence-débat qui devait se tenir jeudi soir à l’université de Bordeaux avec la philosophe Sylviane Agacinski sur la « reproductibilité » de l’être humain a été annulée. La philosophe s’est prononcée contre l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules dans L’Homme désincarné, publié en juin 2019 et a toujours exprimé son opposition à la GPA. Elle devait donc défendre ses positions lors de cette conférence-débat, qui prenait place dans un cycle de conférences universitaires ayant pour but d’éclairer les débats sur la loi bioéthique adoptée par l’Assemblée le 15 octobre.
L’université de Bordeaux a indiqué à l’AFP que « des groupes ont décidé d'empêcher la tenue d'un échange légitime et évidemment contradictoire sur ces questions d'ordre éthique et juridique dans le contexte des débats actuels sur la PMA et la GPA » et qu’elle aurait par conséquent « décidé d'annuler cette rencontre […] face à des menaces violentes ».
Un collectif d’associations avait par ailleurs annoncé début octobre vouloir « tout mettre en œuvre pour que cette conférence n’ait pas lieu ». Les associations « Riposte Trans », « Association des jeunes et étudiant-e-s LGBT de Bordeaux », « Solidaires étudiant-e-s » et « Collectif étudiant-e-s anti-patriarcat », refusent ainsi d’offrir une « tribune » aux positions de la philosophe qu’elles jugent « réactionnaires, transphobes et homophobes ».
L’audition de Sylviane Agacinski par la délégation aux droits des femmes au Sénat le 22 octobre
Dans la chambre haute, la loi relative à la bioéthique sera examinée en janvier et c’est un Sénat divisé qui devra ensuite voter ou non ce texte. Dans ce contexte, c’est la délégation aux droits des femmes qui a ouvert le bal des travaux préparatoires mardi dernier en auditionnant précisément la philosophe Sylviane Agacinski au sujet de la procréation médicalement assistée (PMA).
Durant cette audition, Sylviane Agacinski a développé des positions philosophiques et politiques qui « ne sont pas des convictions a priori, mais plutôt des doutes ». Pour clarifier le débat, nous avons sélectionné quelques temps forts de cette audition.
L’ouverture de la PMA à toutes « répond à une demande sociétale en constituant une sorte de droit à l’enfant »
Pour la philosophe, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes consacre un « droit à l’enfant » qui fait sortir la PMA de son rôle initial de procédure médicale : « On élimine dans la loi bioéthique tout critère médical pour mettre fin à une discrimination ». Selon Sylviane Agacinski, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes « dépend d’une volonté politique qui répond à une demande sociétale, en constituant une sorte de droit à l’enfant ».
L’ouverture de la PMA à toutes est liée à des processus politiques et idéologiques pour la philosophe
Or, pour la philosophe, il existe des conditions politiques et idéologiques d’émergence de cette demande sociétale. Elle a notamment cité « une interprétation de plus en plus radicalement individualiste des droits de l’Homme » ou encore « une idéologie ultralibérale qui pousse à l’extension sans limites d’une société de marché ».
« La transcription automatique de l’état civil des enfants nés par la gestation pour autrui à l’étranger est le cheval de Troie des partisans de la GPA en France »
Enfin, Sylviane Agacinski a explicitement fait le lien entre l’ouverture de la PMA à toutes les femmes et la légalisation de la GPA : « J’ai longtemps cru que la PMA ne constituerait pas un premier pas vers la GPA, mais je crois que ce n’est plus le cas aujourd’hui. » D’après elle, les deux dispositifs découleraient de la même logique d’un « droit à l’enfant », qui risquerait de pousser le législateur à légaliser ce qu’elle considère comme « une forme inédite de servitude ».
Face à ce discours philosophique, les sénateurs et sénatrices de la délégation aux droits des femmes ont opposé des « cas limites », comme celui des femmes sans utérus pour essayer de pousser la philosophe au bout de sa logique, sans pour autant prendre de positions claires. Annick Billon, présidente de la délégation a ainsi refusé de conclure l’audition, « pour ne pas arrêter de position claire de la délégation aux droits des femmes sur une question où le vote de chacun sera décidé selon sa conscience personnelle. »