Conférence de presse d’Emmanuel Macron : « S’il avait une chose intelligente à dire, c’est qu’il démissionne », réclame Raquel Garrido

Invitée de Bonjour chez vous ce mardi 11 juin 2024, la députée insoumise a réagi à la dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron. Elle souhaite que le président de la République démissionne et s’est félicitée de l’appel à un front populaire formulé par les partis de gauche pour les législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet.
Stephane Duguet

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L’alliance dans l’urgence. Lundi soir, alors que les candidatures pour les élections législatives anticipées, provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, doivent être déposées avant dimanche, les quatre grandes formations de gauche ont lancé un appel commun pour créer un « front populaire ». Ainsi, Les Écologistes, la France insoumise, le Parti communiste et le Parti socialiste devraient présenter des candidats communs partout en France, comme ils l’avaient fait avec la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) aux élections législatives de 2022.

Divisions remises à plus tard

« Quiconque trouve des excuses pour justifier de ne pas se mettre ensemble est en train de filer les clés du camion à Marine Le Pen. Et personne de républicain ne peut vouloir ça pour le pays », affirme Raquel Garrido, députée insoumise, invitée de Bonjour chez vous ce matin sur Public Sénat. Cet accord était d’autant plus inattendu que les partis politiques à gauche s’étaient divisés pour l’élection européenne partant chacun de leur côté et s’opposant sur des sujets internationaux comme la guerre d’Israël contre le Hamas ou le soutien français et européen à l’Ukraine.

« Cette division était absurde et a provoqué une dramatisation un peu surjouée », fait valoir celle qui en était à son deuxième mandat de députée. « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de nuances, il y a même des désaccords », reconnaît néanmoins Raquel Garrido. Mais selon elle, « aucune des difficultés qui sont posées à gauche, ne peut être résolue si l’extrême droite gouverne », d’où cet accord express entre les formations de gauche.

Une nécessité qui remet à plus tard « la question du patriarcat, la question des discriminations, de comment on fait émerger des noirs et des arabes dans nos partis, de comment on fait en sorte que les juifs de gauche se sentent bien dans nos partis », développe Raquel Garrido. « Tous ces problèmes [resteront] au lendemain, mais il faut d’abord empêcher Jordan Bardella d’entrer à Matignon », affirme-t-elle.

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Participation des syndicats

Malgré le communiqué commun signé hier, la question du programme et des mesures se posent. Dans l’opposition beaucoup dénoncent une alliance incohérente à l’image de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe qui fustigeait ce mardi sur RTL, « une espèce de candidature fantasmée d’union de la gauche qui jusqu’à dimanche soir se détestait et n’était d’accord ni sur la politique internationale ni sur d’autres sujets ».

Si le détail du programme doit être rendu public « dans les prochaines heures », comme l’expliquait Manon Aubry, eurodéputée insoumise, sur franceinfo, Raquel Garrido estime qu’une « partie du travail a déjà été faite en 2022 avec plus de 600 mesures. Maintenant, ce sera beaucoup plus court, l’idée c’est quand même les 100 premiers jours ». Parmi ces mesures, la députée insoumise cite la convergence des partis de gauche pour abroger la réforme des retraites adoptée par 49-3 il y a plus d’un an, tout en éludant la question de l’âge du départ en retraite. « C’est déjà pas mal, c’est ce que nous demandent les syndicats dans leur appel », rétorque l’ancienne conseillère municipale de Bagnolet.

Cinq syndicats, la CFDT, la CGT, l’UNSA, la FSU et Solidaires ont d’ailleurs appelé à un « sursaut démocratique et social » et à une manifestation ce samedi. « Nous avons besoin du mouvement social, affirme Raquel Garrido. Dans chaque circonscription, les militants syndicaux et associatifs doivent jouer ce rôle de coagulation », pour faire le lien entre les partis et les électeurs. « C’est crucial et décisif dans l’effort que nous devons faire pour battre l’extrême droite »,  conclut la députée.

Mélenchon pas Premier ministre

En cas de victoire de l’alliance de gauche, la question du candidat au poste de Premier ministre se pose également. Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique / Parti socialiste, avait proposé sur France 2, avant la formalisation de l’accord, que ce rôle soit assumé par Laurent Berger, l’ancien secrétaire général de la CFDT. « L’idée même de proposer un Premier ministre, c’est qu’il croit à la victoire et moi ça me va », balaie Raquel Garrido sans répondre à cette proposition. L’élue insoumise assure aussi que « dans les conditions de la France insoumise depuis 24h, il n’y a pas Jean-Luc Mélenchon, Premier ministre », comme c’était le cas aux législatives de 2022.

Avant le dépôt des candidatures dimanche, Emmanuel Macron doit prendre la parole cet après-midi lors d’une conférence de presse. « S’il avait une chose intelligente à dire aujourd’hui, c’est qu’il démissionne », lance Raquel Garrido qui souligne « l’échec de sa liste ». Selon la députée qui repart en campagne en Seine-Saint-Denis, une démission du chef de l’Etat « permettrait une véritable respiration démocratique ».

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