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Comment l’élection de Lula au Brésil pourrait relancer l’accord controversé UE-Mercosur
Par Émo Touré
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Trouver un accord avec l’Union européenne « en six mois ». Tout juste élu président pour un troisième mandat au Brésil, Lula a assuré, par cette formule ambitieuse, sa volonté d’enfin ratifier l’accord UE-Mercosur, au point mort depuis trois ans. Plus de 20 ans après le début des négociations, le traité permettrait au Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et aux Vingt-Sept le libre-échange de leurs produits, sans tarifs douaniers.
Le Mercosur, une alliance économique réunissant quatre pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay), forme un marché commun depuis 1991. Cette zone de libre-échange a instauré une politique commerciale commune, tout en éliminant au maximum les barrières tarifaires entre les pays membres. Si le Mercosur n’est pour l’heure que le 11e partenaire commercial de l’Union européenne, cette dernière représente 16,2 % du commerce, deuxième seulement derrière la Chine.
Une opportunité bien comprise par le Vieux continent. Régulièrement qualifié de traité « voitures contre vaches », l’accord UE-Mercosur est en effet un moyen de favoriser les exportations automobiles européennes et d’importer à moindre coût la viande bovine sud-américaine, dont celle du Brésil, premier fournisseur en Europe.
Des points de tensions à renégocier ?
En juin 2019, soit presque un an après l’élection de Jair Bolsonaro à la tête du Brésil, l’UE et le Mercosur avaient fini par conclure un traité de libre-échange. Mais sa ratification par la Commission ne s’est jamais faite. Après un véto de la France en 2019, puis de l’Allemagne un an plus tard, l’accord est dans l’impasse.
En première ligne des oppositions, la France et ses éleveurs. Ces derniers se sont inquiétés d’une augmentation exponentielle de l’importation de viande à bas prix depuis le Mercosur, dénonçant la concurrence déloyale qu’ils subiraient.
Mais c’est avant tout la question environnementale qui est à l’origine de ce blocage. En 2021, le président Emmanuel Macron a rappelé « que cet accord […] ne peut pas être compatible avec notre agenda climatique ». Sous la présidence de Jair Bolsonaro, la politique environnementale du Brésil avait suscité de nombreuses critiques, entre l’augmentation de 70 % de la déforestation et le manque de protection des populations autochtones. « Le Brésil et la planète ont besoin d’une Amazonie en vie », a déclaré Lula juste après les résultats de la présidentielle. De quoi rassurer la Commission européenne ? Cette dernière pourrait vouloir renégocier l’accord pour y ajouter des protocoles concernant la protection de l’environnement.
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Un climat « plus optimiste » mais sans garantie
A Bruxelles, la victoire du candidat de la gauche brésilienne a été bien reçue, annonçant pour certains un nouveau souffle sur l’accord inachevé. Le ministre suédois du commerce, dont le pays assurera la présidence tournante de l’UE en 2023, s’est déclaré « plus optimiste qu’avant » concernant la ratification du traité. La politique environnementale du Brésil, qui représente 55 % du poids économique du Mercosur, étant un élément clé pour plusieurs membres de l’Union européenne.
Le véritable challenge restera finalement de trouver un accord entre tous les États européens. Une harmonie potentiellement difficile à atteindre, quand on sait que l’accord de libre-échange avec le Canada (CETA) signé en 2016, n’est lui non plus toujours pas ratifié.