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Commémoration de l’abolition de l’esclavage : pourquoi la cérémonie a lieu le 10 mai ?
Par Lauriane Nembrot
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Le 10 mai, c’est la date de la journée nationale officielle de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. C’est en tout cas ce qu’a décidé par décret Jacques Chirac, alors président de la République, en 2006. « Cette date ne se substituera pas aux dates qui existent déjà dans chaque département d’Outre-mer. Mais dès le 10 mai de cette année, des commémorations seront organisées dans les lieux de mémoire de la traite et de l’esclavage en métropole, en outre-mer, et sur le continent africain », avait déclaré Jacques Chirac lors d’une allocution télévisée le 30 janvier 2006.
Le choix de l’ancien chef de l’Etat s’appuie sur une proposition de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, qui dirige à cette époque le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE) – qui est entre-temps devenu la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Pour rappel, cette date symbolique fait référence à la date d’adoption par le Sénat du texte définitif de la loi Taubira du 21 mai 2001, qui reconnaît la traite et l’esclavage en tant que crimes contre l’humanité.
Hommage à Toussaint Louverture
Et chaque année, les commémorations de l’abolition de l’esclavage sont bel et bien organisées le 10 mai à Paris, Montpellier ou encore Strasbourg. À Paris, elle a lieu ce mercredi dans le jardin du Luxembourg. Le président du Sénat Gérard Larcher était aux côtés de la Première ministre Élisabeth Borne, et de Jean-Marc Ayrault, le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.
La cérémonie s’est déroulée à partir de 16 h 30. Elle a été marquée par un dépôt de gerbe et un hommage solennel à Toussaint Louverture. Le leader indépendantiste haïtien s’est battu pour l’indépendance de son île située dans les Caraïbes et qui fut une colonie française jusqu’en janvier 1804. Mais il a surtout été un fervent défenseur pour l’abolition de l’esclavage.
« Comme à son habitude, le président du Sénat Gérard Larcher sera présent. C’est ce que veut la tradition. La cérémonie du 10 mai est inscrite dans la loi par décret. En ce sens, elle a avant tout une dimension technocratique et politique », commente l’historien Amzat Boukari-Yabara. Au programme ce mercredi, une prestation musicale donnée par James Germain, un chanteur haïtien, et la présentation d’un panneau d’exposition consacrée à Toussaint Louverture.
Une date qui divise
Une querelle accompagne généralement l’organisation des cérémonies de l’abolition de l’esclavage. Elle concerne précisément la date du 10 mai. Car près de vingt ans après le décret chiraquien, cette date est loin de faire l’unanimité en France. Par exemple, le comité 98 (CM98) milite depuis 25 ans pour que la date officielle de la commémoration de l’abolition soit le 23 mai. Une date qui doit permettre de rendre hommage aux victimes de la traite négrière. Une circulaire de Matignon en date du 29 avril 2008 abonde en ce sens. « La date du 23 mai sera, pour les associations regroupant les Français d’outre-mer de l’Hexagone, celle de la commémoration du passé douloureux de leurs aïeux qui ne doit pas être oublié », indiquait le Premier ministre de l’époque François Fillon.
« Cette année, le président de la République s’est dit que le moment présidentiel était le 27 avril », rappelle de son côté Claude Ribbe, écrivain et ancien conseiller mémoire du ministre des Outre-mer. À cette date, qui marque la date de signature du décret qui entérine l’abolition de l’esclavage Emmanuel Macron s’est rendu au château de Joux. C’est dans cette ancienne prison située dans le Doubs qu’a été emprisonné Toussaint Louverture avant d’y mourir. Dans une tribune publiée dans le journal Marianne ce mercredi 9 mai, l’élu du VIe arrondissement de la ville de Paris maintient que « la journée hexagonale de l’abolition de l’esclavage, c’est bien le 10 mai, pas le 27 avril ».
Dans les Outre-mer, il en existe pléthore. La commémoration de l’abolition de l’esclavage a lieu officiellement le 27 avril à Mayotte, le 22 mai en Martinique et cinq jours plus tard en Guadeloupe. Il faut attendre le 10 juin pour la Guyane et le 20 décembre à La Réunion. Sur place, ces journées sont fériées. « Ce sont des dates différentes parce qu’il y a des histoires différentes dans chaque territoire concerné par la traite et l’esclavage », explique à ce sujet l’historien panafricaniste Amzat Boukari-Yabara. « Aucune date ne saurait concilier tous les points de vue. Mais ce qui compte, c’est avant tout c’est que cette journée existe » avait pourtant déjà tranché Jacques Chirac en 2006…
Emmanuel Macron encore absent
Cette année, le président de la République Emmanuel Macron n’a pas prévu d’assister à la cérémonie organisée dans les jardins du Luxembourg. Son agenda en ligne ne précise pas dans le détail ce que le chef de l’exécutif a prévu de faire ce mercredi 10 mai. Rappelant le contexte de forte contestation contre la réforme des retraites, Claude Ribbe assure que « l’exécutif ne souhaite pas que cette manifestation soit ouverte et qu’elle se déroule sous protection policière derrière les grilles du Luxembourg ». Même analyse pour Amzat Boukari-Yabara, historien et auteur d’Une histoire du panafricanisme. « Le président de la République est actuellement tellement contesté qu’il ne fait aucun doute que moins il s’expose mieux il se porte ».
Claude Ribbe, lui, se montre très critique sur l’absence d’Emmanuel Macron. « Le président de la République ne fait rien le 10 mai. Mais la Première ministre en son nom propre organise une cérémonie à laquelle personne n’est invité. Aucune association, aucun président, aucun collectif – pas même moi », fustige-t-il. « La valeur symbolique de cette cérémonie est nulle, complètement nulle », complète-t-il. Pour Claude Ribbe, « on n’organise pas une cérémonie seulement pour dire qu’on a organisé une cérémonie. Il faut qu’elle ait du sens, elle doit rassembler un maximum de personnes. Sinon, autant ne rien faire. »
Mais son absence aux cérémonies de l’abolition de l’esclavage n’est pas une première. En 2018, un an tout juste après son accession à l’Elysée, Emmanuel Macron était déjà absent des cérémonies officielles. Une absence dont l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira avait indiqué « prendre acte » à l’époque. « On peut s’interroger sur le fait que le président ait été avec raison au Panthéon saluer la mémoire des grands abolitionnistes et que ce soit le Premier ministre qui préside cette cérémonie », avait souligné celle qui est à l’origine de la loi qui reconnaît l’esclavage et la traite négrière comme crime contre l’humanité.
En 2021, le président de la République avait cette fois-ci participé aux célébrations. Mais il n’avait pas fait de discours solennel.
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