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Comité interministériel des villes : François Bayrou présente une quarantaine de mesures pour réduire « la fracture territoriale »

François Bayrou a réuni, ce vendredi, à Montpellier un comité interministériel des villes (CIV), très attendu par les élus locaux, à l’occasion duquel il a annoncé plus de 40 mesures axées sur la jeunesse et encourageant la mixité sociale dans les quartiers.
Simon Barbarit

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« Un enfant dans la ville », c’est le mot d’ordre un comité interministériel des villes (CIV) de cette année. Après Grigny en 2021 et Chanteloup-les-Vignes en 2023, ce troisième comité interministériel des villes se tient pour la première fois en dehors de l’Ile de France. A Montpelier où le Premier ministre a visité, ce matin le quartier défavorisé de la Mosson et s’est rendu sur le chantier d’une future citée éducative visant la mixité sociale et a inauguré un commissariat où travaillent ensemble polices nationale et municipale. Il était accompagné de huit ministres : Juliette Méadel (Ville), Élisabeth Borne (Education), François Rebsamen (Aménagement du territoire), François-Noël Buffet (Intérieur) Yannick Neuder (Santé), Valérie Létard (Logement), Amélie de Montchalin (Comptes publics) et Véronique Louwagie (Commerce, PME).

« La politique de la ville vise à réduire l’une des manifestations les plus saillantes, les plus aigües, les plus insupportables pour la solidarité républicaine, de la fracture territoriale : celle qui sépare les quartiers urbains les plus pauvres du reste du tissu local et national », a rappelé François Bayrou, cité dans une présentation transmise à la presse.

Favoriser l’égalité des chances, de la crèche à l’entrée dans la vie active

François Bayrou a ensuite présenté une quarantaine de mesures autour de trois axes : le soutien à l’enfance, la tranquillité publique et le développement économique. « Les priorités du CIV de 2025 est d’amplifier tous les leviers pour favoriser l’égalité des chances, de la crèche à l’entrée dans la vie active dans les 1609 Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) », explique une source gouvernementale. Dans ces quartiers vivent 6 millions d’habitants, dont une proportion de 40 % a moins de 25 ans (contre 30 % en moyenne en France hexagonale), avec une moyenne d’âge de 35 ans, bien inférieure à celle des environnements urbains (41 ans). 24 % des élèves provenant d’un QPV ont déjà redoublé à leur arrivée en 6e, contre 9 % pour les élèves des autres quartiers. 40 % des jeunes de 16 à 25 ans sont sans diplôme (contre 14 % en moyenne nationale).

Parmi les mesures annoncées, une bonne moitié est le prolongement de dispositifs existants, comme la poursuivre de la généralisation des Cités éducatives avec la labellisation de 40 nouvelles cités en 2025, la poursuite du plan de création de 100 crèches ou encore et l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques des QPV. Le gouvernement prévoit également de poursuivre son objectif de 80 000 apprentis issus des QPV d’ici à 2027.

Incitations fiscales pour l’implantation d’activités nouvelles

« On ne peut pas encourager la mixité sociale sans encourager la mixité commerciale. Dans certaines rues de certaines communes les habitants se voient proposer des offres communautaires. L’idée est de diversifier les commerces dans les quartiers fragilisés pour accompagner la mixité sociale, les brassages populationnels et faire corps face à des opposants qui n’ont qu’une idée : séparer les individus avec une économie informelle ou avec de l’islam politique », expose une source gouvernementale. C’est pourquoi, l’exécutif entend créer un environnement favorable à l’implantation d’activités nouvelles, génératrices d’emplois et de dynamisme économique dans les quartiers, grâce à de nouvelles mesures fiscales ciblées. Il entend aussi accélérer la création d’entreprises pour les femmes, grâce à un fonds d’investissement de 60 millions d’euros dès 2025 et au déploiement de 150 millions d’euros de microcrédit via les prêts d’honneur quartiers et propose un accompagnement renforcé à 100 000 demandeurs d’emploi des QPV grâce au dispositif Equip’emploi piloté par France travail dès 2025.

Alors que la santé mentale des jeunes a été déclarée grande cause nationale, un accueil psychologique dans les quartiers, en lien avec les Cités éducatives et les programmes de réussite éducative existants va être instauré. Pour faciliter l’accès au service public de la santé, 1000 lieux de stage seront proposés en QPV aux médecins juniors dès 2026.

Concernant la tranquillité publique, François-Noël Buffet a annoncé le doublement des délégués à la cohésion police population d’ici 2027.

Les élus inquiets des coupes budgétaires

Cette semaine Gilles Leproust, président de l’association des maires Ville et Banlieue, a dit espérer que ce CIV pourra « apporter du plus aux habitants pour faire République ensemble », tout en restant très inquiet au vu des coupes budgétaires envisagées en 2026.

Les maires s’inquiètent d’une disparition des crédits pour les quartiers populaires, notamment en provenance des départements, en difficulté budgétaire, mais aussi de l’Etat, qui vient de geler 15 millions d’euros sur l’enveloppe « politique de la ville » pour 2025.

Le 13 mars, sept associations (Ville et Banlieue, Association des maires de France, APVF – les petites villes -, Villes de France, Intercommunalités de France, Amif – les maires d’Ile-de-France -, France urbaine) avaient lancé un « appel d’Épinay » pour rappeler au gouvernement « le besoin urgent d’actions fortes » en matière d’éducation, de solidarité, de logement, d’insertion, de sécurité, de sport ou de culture.

Du côté du gouvernement, on assure que les 42 mesures ont toutes été validées au niveau interministériel et avaient vocation à se poursuivre au-delà de l’année 2025.

 

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