Une semaine après la censure du gouvernement Barnier par la gauche et le Rassemblement national, un sondage Ifop pour Le Figaro Magazine et Sud Radio révèle que Marine Le Pen améliorerait son score au premier tour de l’élection présidentielle. En fonction des candidats face à elle à gauche et chez les macronistes, elle recueille entre 36 et 38 % des intentions de vote.
Colère des agriculteurs : Stéphane Le Foll fustige un gouvernement sans « méthode, ni objectif »
Par Henri Clavier
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« J’ai été responsable pendant cinq ans, je ne vais pas me mettre à encourager les blocages », répond directement Stéphane Le Foll à propos d’un éventuel soutien apporté aux Jeunes agriculteurs et à la FNSEA qui projettent de bloquer les accès de plusieurs grandes villes dont Paris et Lyon.
« On ne fait pas faire des zigzags à l’agriculture »
Si Stéphane Le Foll reconnaît que la situation des agriculteurs exprime une « crise morale et politique », l’ancien ministre tance un « gouvernement qui a flotté sur l’agriculture » évoquant des actions parfois contradictoires. Vendredi 26 janvier, Gabriel Attal a annoncé, plusieurs mesures comme la suppression de la hausse de la fiscalité sur le gazole non routier et devrait faire de nouvelles annonces dans la semaine. « C’est un changement complet, c’est comme quand le président de la République annonce qu’on interdit le glyphosate et après on laisse l’Europe le remettre », souligne le maire du Mans. Pour rappel, Emmanuel Macron s’était engagé, en 2017, à interdire le glyphosate avant de revenir sur cette promesse. En septembre 2023, la France s’est abstenue sur le vote permettant de renouveler l’autorisation de commercialisation du glyphosate au sein de l’Union européenne. « On ne fait pas faire des zigzags à l’agriculture », juge Stéphane Le Foll qui considère que c’était une erreur d’interdire les néonicotinoïdes même s’il faut « réduire les phytosanitaires ». En la matière, Stéphane Le Foll constate que le gouvernement n’a « ni méthode, ni objectif ».
« On n’est plus dans la lutte des classes, on est dans la lutte contre le déclassement »
Si l’édile du Mans estime que les principaux syndicats d’agriculteurs impliqués ont une « volonté de récupérer » le mouvement, Stéphane Le Foll partage le constat d’un secteur en difficulté et en proie à des transformations profondes. « On n’est plus dans la lutte des classes, on est dans la lutte contre le déclassement », affirme l’ancien ministre de l’agriculture. D’abord, le maire du Mans juge le principe de lutte des classes obsolète et écarte toute « convergence des luttes », comme souhaité par le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
Un risque de déclassement, alimenté par les faibles marges réalisées par les agriculteurs. Alors que les lois Egalim doivent équilibrer les relations commerciales entre les producteurs et les distributeurs, leur application reste partielle et relativement inefficace pour assurer un revenu minimum aux agriculteurs. « Si l’on dit que la grande distribution fait trop de marges, il faut une loi sur les marges », tranche Stéphane Le Foll.
Réformer la politique agricole commune
Ancien député européen, Stéphane Le Foll a également ciblé la renationalisation de la Politique agricole commune comme un paramètre majeur de la colère des agriculteurs. En 2023, l’accord trouvé sur la PAC prévoit que chaque État présente un plan stratégique national à la Commission européenne. Les plans sont acceptés s’ils respectent les objectifs fixés au niveau européen. Cette évolution est critiquée pour la complexification qu’elle implique et le recul par rapport à un verdissement de la PAC. « On a le sentiment que le socle de base est pour tout le monde mais que les Etats en rajoutent, il faudrait un socle plus exigeant ,mais pour tout le monde le même », juge Stéphane Le Foll.
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