La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Certains socialistes dénoncent « le terrorisme intellectuel » de LFI
Par Tâm Tran Huy
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En toutes « amitiés socialistes », lundi 26 août, l’opposition interne à Olivier Faure a réclamé un bureau national extraordinaire. Les partisans du courant d’Hélène Geoffroy (Debout les socialistes ou TO1 pour les intimes) et de celui de Nicolas Mayer-Rossignol (Refondations alias TO3) l’ont obtenu ce midi. Pas d’implosion en vue au Parti à la rose alors qu’Emmanuel Macron a fermé la porte hier soir au gouvernement NFP, mais des oppositions vives. La maire de Vaulx-en-Velin réclame une « convention » pour « clarifier la stratégie » du Parti socialiste.
L’opposition interne à Olivier Faure à l’offensive
A la sortie du Bureau national, au bout de 3 heures de réunion, certains proches d’Olivier Faure ont préféré voir les sujets d’accord entre les membres du Bureau national. « Ça ne s’est pas trop mal passé » veut croire un parlementaire socialiste qui reconnaît toutefois « un mouvement d’humeur du côté de TO3 et de TO1 ». Certes, « Hélène Geoffroy a beaucoup reproché la méthode de fonctionnement » et réclame une convention « sur des questions de ligne » mais, tempère-t-il, c’est un « marronnier dans la vie d’un parti ou d’une mairie que les minoritaires disent qu’ils ne sont pas suffisamment associés ».
« Parti au bord de la rupture »
Le « marronnier » d’Hélène Geoffroy a été toutefois jugé suffisamment important pour être partagé par son service de presse aux journalistes. Trois pages d’une intervention musclée où la rivale d’Olivier Faure étrille la stratégie de la direction du Parti depuis ces trois derniers mois, qui a mené à un « champ de ruines » et un « Parti au bord de la rupture ». Au cœur des critiques, avant tout l’alliance avec LFI dont elle estime n’avoir « aucune leçon de gauche à recevoir » et dont elle dénonce le « terrorisme intellectuel ». Alors qu’Olivier Faure a annoncé ce matin refuser de se rendre au second tour des consultations menées par l’Elysée, l’ex-secrétaire d’Etat à la ville de François Hollande assume au contraire « qu’il nous faut reprendre des discussions avec le Président de la République. »
La censure pour tout gouvernement qui prolonge le macronisme
Alors sur quoi se sont-ils mis d’accord ? Un élu du Sénat énumère les points de consensus : « censure pour tout gouvernement qui prolonge le macronisme d’une façon ou d’une autre, dénonciation collective de l’attitude du Président de la République, soutien unanime à Castets ». « Le responsable de tout ça, c’est le président de la République, il a décidé seul de dissoudre, seul d’attendre 42 jours pour nommer un Premier ministre, etc. » abonde Rachid Temal, proche d’Hélène Geoffroy. Ce n’est pas le moment de se fracturer trop ouvertement, alors que le PS est sorti revigoré des urnes aux européennes et aux législatives et que le campus d’été commence jeudi à Blois. « Pas de pré-Congrès » à l’horizon. « A la fin, on est tous d’accord ! On n’est pas macronistes et on veut une alternative à Mélenchon 2027. »
« Peu de personnes à gauche ne considèrent pas Mélenchon comme un problème »
Les critiques à l’égard de Jean-Luc Mélenchon se font de plus en plus ouvertement du côté du PS. Alors que le leader insoumis a déploré, la semaine dernière, lors des universités d’été de LFI, « qu’une partie du mouvement socialiste [soit] ralliée à l’idée d’expulser les Insoumis de l’union de la gauche », Sébastien Vincini, proche d’Olivier Faure, a appelé, en début de semaine, à rompre avec Mélenchon et son entourage. « Il est temps que Jean-Luc Mélenchon passe la main car il empêche la gauche de montrer qu’elle veut apaiser le pays » a-t-il déclaré dans un entretien à la Dépêche. Rachid Temal, proche d’Hélène Geoffroy, partage le diagnostic. « Peu de personnes à gauche ne considèrent pas Mélenchon comme un problème. Mélenchon a l’obsession de la présidentielle, moi j’ai celle des Français » lance le Président délégué du groupe socialiste du Sénat. Si les sorties de Jean-Luc Mélenchon font consensus contre elles chez les socialistes, certains s’interrogent sur la façon de lui riposter. « Sur LFI, c’est une question de réglage : est-ce qu’il faut leur répondre sur tout au risque de les centraliser ou ne pas leur répondre du tout ? » s’interroge tout haut un participant au BN, qui assure aussi que le Nouveau Front populaire n’est pas hypothéqué. « C’est le cadre qui est le nôtre, certains députés qui participaient à la réunion ont d’ailleurs rappelé ce midi qu’ils étaient élus sous cette étiquette ».
« On doit démontrer qu’on est capable de trouver une majorité »
Reste que la coalition de gauche n’est pas suffisamment puissante à l’Assemblée nationale pour ne pas être renversée par une motion de censure. C’est le constat fait par Emmanuel Macron pour justifier son refus de nommer Lucie Castets à Matignon. C’est aussi l’analyse de Rachid Temal pour qui « la gauche ne peut pas rester seule dans son enclos ». Lui plaide pour une double cohabitation, où le Président de la République cohabiterait avec un Premier ministre issu de l’union de la gauche, mais « où les forces politiques cohabiteraient aussi au gouvernement ou à l’Assemblée nationale ». « Il faut identifier dix projets qui tiennent à cœur au Parti socialiste et je propose que dès à présent, la gauche et le PS prennent contact avec les autres forces politiques, LIOT, le PRG, Ensemble… Il faut trouver des compromis pour que des mesures puissent être adoptées » explique l’ex-Premier secrétaire du PS. Il récuse fermement vouloir rejoindre la Macronie : « Le corps central, c’est la gauche et on dit aux autres de venir dans l’intérêt du pays. On doit démontrer qu’on est capable de trouver une majorité. »
Parler avec Ensemble, voilà qui ne peut faire consensus au sein du PS. Mais Rachid Temal veut croire qu’il y a de la place dans le Parti à la rose pour toutes les sensibilités : « il n’y aura pas de scission, nous sommes un parti démocratique, le parti d’Epinay. Je n’ose croire que l’unité des socialistes ne sera pas au rendez-vous. »
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