En amont du discours de politique générale de François Bayrou devant les sénateurs, Laurence Rossignol, sénatrice socialiste du Val-de-Marne, est revenue sur les précisions faites par François Bayrou, lors des questions au gouvernement, sur « le conclave » des partenaires sociaux dédié aux retraites.
Retraites : s’il y a des progrès, sans « accord général », François Bayrou s’engage à « présenter un texte au Parlement »
Par François Vignal
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« Le compte n’y est pas ». Pour une bonne partie des socialistes, la déclaration de politique générale de François Bayrou, mardi, devant les députés, n’a pas répondu aux attentes. La volonté du premier ministre de mettre les partenaires sociaux autour de la table pour rediscuter de la réforme des retraites n’est pas suffisante. Olivier Faure, numéro 1 du PS, prévient que ses députés censureront jeudi le gouvernement, sauf s’il obtient « une réponse claire » sur son exigence de soumettre au Parlement, « qu’il y ait accord ou pas accord » entre les partenaires sociaux, la question des retraites.
La « DPG » a sonné comme une douche froide pour les socialistes, même pour les plus ouverts à l’idée d’un accord de non-censure. « On a tous été stupéfaits de la pauvreté du discours de François Bayrou », expliquait hier le sénateur PS de Paris, Rémi Féraud. « Si c’est un jeu de dupes, on censurera », a prévenu le président du groupe PS, Patrick Kanner, l’un des négociateurs socialistes. Il est d’autant plus surpris qu’« il y avait un accord », après les neuf jours de négociations avec les ministres, assure le sénateur du Nord. Et ce ne sont pas les réponses, assez peu claires et parfois même brouillonnes, qui ont été apportées ensuite à Boris Vallaud, quand le premier ministre a repris la parole, qui ont rassuré les responsables du PS. « Il a apporté des choses sans les comprendre. C’était gênant et pénible », lâche un socialiste…
Dans ces conditions, la déclaration de politique générale, que François Bayrou va globalement relire, au Sénat, ce mercredi, prend une nouvelle dimension. Si l’exercice est habituellement l’occasion de développer la partie sur les collectivités devant la chambre des territoires, le locataire de Matignon est attendu, de nouveau, sur ses réponses aux socialistes.
Retraites : « S’il n’y a pas d’accord entre partenaires sociaux, il n’y aura donc pas de discussion au Parlement »
Interrogée ce mercredi lors du compte rendu du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, confirme qu’il faudra écouter le discours, prévu à 15 heures, avec attention. « Boris Vallaud a posé beaucoup de questions très pratico-pratiques, dont il n’avait pas trouvé les réponses apparemment », constate l’ex-sénatrice des Yvelines. « Ces réponses lui seront apportées en précision, probablement cet après-midi dans la déclaration au Sénat. Je pense qu’il aura toutes les raisons d’être rassuré », assure Sophie Primas, avant d’ajouter encore : « Sur l’ensemble de ces questions, une dizaine de sujets, il y a au moins huit sujets où il aura une réponse qui va lui convenir. Ce sera précisé cet après-midi dans le discours du premier ministre au Sénat ». Hier, lors de sa réponse, le premier ministre parlait pourtant déjà de huit sujets où le président du groupe PS de l’Assemblée pouvait estimer avoir eu gain de cause…
Mais sur la question des retraites, elle prévient déjà qu’Olivier Faure ne sera pas entendu. « Je vous confirme ce que le premier ministre a dit hier, que nous aurons un débat au Parlement sur les propositions qui nous seront faites par les partenaires sociaux. S’il n’y a pas d’accord, il n’y aura pas d’accord sur les retraites et donc pas de discussion. Mais encore une fois, je fais confiance aux partenaires sociaux », affirme la porte-parole. Pas sûr que cela calme les socialistes…
« La réunion de cette conférence sociale va permettre de déboucher sur un accord, nous le croyons »
Des propos confirmés en début d’après-midi par le premier ministre, interrogé par Olivier Faure lors des questions d’actualité au gouvernement. « La réunion de cette conférence sociale va permettre de déboucher sur un accord, nous le croyons », a commencé François Bayrou, « j’atteste que (les partenaires sociaux) sont déterminés à avancer ».
Il met sur la table trois possibilités : « Qu’un accord se dégage, naturellement, il fera l’objet d’un texte au Parlement. S’il n’y a aucun accord, c’est la réforme précédente qui continuera à s’imposer », maintient François Bayrou, avant de présenter la troisième piste, et c’est la nouveauté du jour : « Qu’il se produise une situation où des marges de progressions, de mouvements, puissent être identifiées, sans qu’il y ait d’accord général. Si c’est le cas, nous reprendrons ces adaptations et nous les soumettrons à cette assemblée ». Et d’insister : « Je prends l’engagement devant vous, que si nous identifions des changements possibles et positifs, si c’est le cas, […] nous les présenterons au Parlement dans un projet de loi ».
« La séquence sénatoriale sera déterminante »
Ces dernières heures, les négociations étaient encore en cours. « On est toujours en discussion. On a fait passer des messages, encore hier soir. On attend de savoir quelles seront les réponses », confie l’un des négociateurs, ce mercredi. Le même prévient, à quelques heures de la prise de parole de François Bayrou au Sénat, qui s’annonce décisive : « La situation est extrêmement tendue et critique. Donc la séquence sénatoriale sera déterminante ».