La construction du nouveau gouvernement s’éternise et amène son lot d’effets indésirables, dont se serait probablement passé le Premier ministre, à Matignon depuis tout juste un mois. Le refus surprise du patron du MoDem, François Bayrou, d’intégrer le gouvernement a créé une onde de choc dans son propre parti et fait tanguer la majorité présidentielle. Sa justification laisse les rangs de la macronie abasourdis, puisque le Haut-commissaire au plan a parlé d’absence « d’accord profond sur la politique à suivre ». Un choix critiqué jusque dans son propre camp.
Celui que l’on imaginait entrer au gouvernement, la veille encore, après sa relaxe dans l’affaire des assistants parlementaires, a même dénoncé une « démarche d’humiliation » de la part de l’exécutif, selon BFMTV, tout en ajoutant ce matin que son parti resterait « membre à part entière de la majorité ».
Dans un communiqué publié en début d’après-midi, le groupe parlementaire des députés affirme pour sa part continuer les discussions. « Nous allons donc continuer à discuter avec le Premier ministre pour déterminer ce que sera le rôle du MoDem dans la majorité. En soutien et en participation. »
Un député sur cinq de la majorité présidentielle est au Modem
Cet épisode est l’occasion de faire le point sur le poids dans les équilibres politiques du MoDem, un partenaire de Renaissance qui se caractérise régulièrement par une approche différenciée dans l’examen des textes législatifs.
Que représente-t-il ? Actuellement le MoDem compte 51 députés. Leur soutien est indispensable dans une situation où le gouvernement est réduit à une majorité relative à l’Assemblée nationale, le groupe Renaissance ne comptant que 170 membres, et Horizons 28. Cumulées, les trois forces (249) restent sous la barre de la majorité absolue (289).
Le poids des députés MoDem au sein de majorité présidentielle s’est renforcé à la faveur du nouveau rapport de force issu des législatives de 2022. Sous la précédente législature, le groupe MoDem comptait par exemple 47 membres début 2018, contre 312 pour La République en marche, un ratio beaucoup plus bas qu’à l’heure actuelle. Au fur et à mesure des législatives partielles ou de départ du groupe présidentiel, le poids relatif du MoDem dans la majorité a progressivement augmenté.
Dans le gouvernement sortant, le MoDem comptait quatre représentants au gouvernement : Marc Fesneau (Agriculture) Jean-Noël Barrot (Numérique), Sarah El Haïry (Biodiversité) et Philippe Vigier (Outre-mer).
Une présence plus discrète au Sénat
Au Sénat, les effectifs du parti de François Bayrou sont plus modestes. On recense quatre parlementaires encartés : Alain Cazabonne, Isabelle Florennes, Denise Saint-Pé et Jean-Marie Vanlerenberghe. Ils siègent au sein de l’Union centriste, un groupe charnière qui regroupe des tendances diverses du centre, capables aussi bien de parler avec la droite qu’avec le gouvernement.