Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron en cinq déclarations
Par Public Sénat
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Emmanuel Macron s’est exprimé ce mercredi, répondant en direct aux questions des journalistes de TF1 et France 2. Alors que la grogne contre la réforme des retraites, adoptée lundi après un passage en force du gouvernement, ne retombe pas, le chef de l’Etat a voulu se plier à un exercice de pédagogie pour réaffirmer la nécessité d’un report de l’âge légal de départ à la retraite. Assumant « l’impopularité » liée à ce texte, il a condamné les débordements en marge de la contestation, et tenté d’esquisser un agenda politique pour les prochains mois.
« Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? »
Sans surprise, une large partie de l’interview du chef de l’Etat s’est concentrée sur la réforme des retraites, à l’origine de la crise sociale et politique qui agite le pays depuis plusieurs semaines. Emmanuel Macron « assume » et n’envisage pas de retrait du texte, adopté par 49.3 lundi, et sur lequel le Conseil constitutionnel doit encore se prononcer. « Il faut que la réforme des retraites entre en vigueur avant la fin de l’année », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant qu’elle était « très difficile [à faire passer], parce que l’on demande un effort aux gens ».
« Est-ce que vous pensez que cela me fait plaisir de faire cette réforme, que je n’aurai pas pu faire comme tant avant moi ? De mettre la poussière sous le tapis ? Oui, peut-être. Mais la réalité c’est que nous n’avons pas réussi à partager la contrainte, ou plus exactement la nécessité de faire cette réforme », a-t-il concédé, tout en réaffirmant l’importance d’assurer la pérennité d’un système par répartition qui supportera « 20 millions de retraités dans les années 2030 ». « Il n’y a pas 36 solutions si l’on veut que le régime soit équilibré », a-t-il assuré, évacuant l’hypothèse d’une baisse des pensions, d’une taxation des entreprises ou d’un financement par l’Etat.
« Je ne cherche pas à être réélu, je ne le peux pas constitutionnellement, mais entre les sondages, le court terme, et l’intérêt général du pays, je choisis l’internet général du pays. Et s’il faut endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserai », a martelé Emmanuel Macron.
« On ne peut accepter ni les factieux ni les factions »
Cette interview du chef de l’Etat prend place à la veille de la neuvième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites. Depuis l’activation du 49.3, la crainte d’une radicalisation de la contestation plane ; les mobilisations spontanées se sont multipliées en quelques jours, notamment à Paris, souvent accompagnés d’échauffourées avec les forces de l’ordre. « On ne peut accepter ni les factieux ni les factions », a averti Emmanuel Macron en ciblant les « groupes qui utilisent la violence ». « On ne tolérera aucun débordement », a encore lancé le président de la République, après avoir risqué une comparaison avec l’épisode du Capitole aux Etats-Unis ou encore les violences en marge de la dernière élection présidentielle au Brésil.
« Il y a différentes formes de contestations, qu’il y ait des manifestations organisées pour dire que l’on est contre, c’est légitime », a toutefois tenu à nuancer Emmanuel Macron. Tandis que les grèves menacent de se durcir, notamment dans les raffineries, le locataire de l’Elysée n’a pas hésité à agiter le spectre des réquisitions : « Il y a des blocages qu’il faut pouvoir enlever quand ils empêchent l’activité normale. »
« Élisabeth Borne a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale »
Emmanuel Macron a publiquement renouvelé sa confiance en sa Première ministre ce mercredi. En marge de l’activation du 49.3, Élisabeth Borne avait déclaré jeudi qu’elle « assumait d’être un fusible ». « Elle a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale », a souligné le président de la République, en précisant lui avoir demandé « de bâtir un programme législatif et un programme de gouvernement en lien avec la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat, pour avoir moins de textes législatifs, mais aussi des textes plus courts ».
Il lui a également demandé « d’élargir la majorité », mais il n’a pas évoqué l’hypothèse d’un pacte de gouvernement avec une force politique en dehors du camp présidentiel. « Il y a des individualités politiques, qui avec leurs convictions, sont prêtes à travailler avec la majorité », assure Emmanuel Macron.
« Je vais demander au gouvernement de travailler sur une contribution exceptionnelle » pour certaines grandes entreprises
Emmanuel Macron a ciblé mercredi le « cynisme » de certaines « grandes entreprises » qui utilisent les profits dégagés à la faveur des dernières crises pour racheter leurs propres actions. « Il y a quand même un peu un cynisme à l’œuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu’elles en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions », a-t-il relevé. « Je vais demander au gouvernement de travailler sur une contribution exceptionnelle pour que cet argent, quand il y a des profits exceptionnels, leurs travailleurs puissent en profiter », a-t-il annoncé.
Emmanuel Macron a pris soin de préciser qu’il ne s’agissait pas d’une « taxation des superprofits », réclamée par la gauche et le centre depuis plusieurs mois. « Nous l’avons déjà fait pour les énergéticiens au niveau européen, c’est ce qui permet de financer le bouclier tarifaire », a-t-il balayé.
« Le changement est dans l’apaisement et la co-construction d’un agenda parlementaire avec les forces des deux chambres »
Emmanuel Macron a eu le souci de donner un second souffle à la suite de son quinquennat. Le président a tenu à écarter le risque d’immobilisme, évoquant l’agenda des réformes à venir. « Le changement est dans l’apaisement et la co-construction d’un agenda parlementaire avec les forces des deux chambres », a-t-il déclaré. « Nous allons réagencer les choses et découper les textes plus courts », a-t-il poursuivi. Comme Public Sénat vous l’annonçait mardi, le projet de loi immigration, dont l’examen devait démarrer le 28 mars au Sénat, sera reporté. « Il y aura sans doute plusieurs textes immigration, qui arriveront dans les prochaines semaines », a-t-il précisé.
Emmanuel Macron a également évoqué une série de mesures, et plusieurs pistes de travail pour les prochains mois, principalement autour de la question du plein-emploi. « Ce sera dans les réformes les plus importantes à venir : droits et devoirs renforcés pour les bénéficiaires du RSA, mieux les former et les accompagner, régler parfois les problèmes de logement, de transport, de garde d’enfants… », a-t-il souligné, en référence à l’un de ses engagements de campagne.
« On doit travailler les carrières. Ce n’est pas une loi qui changera les carrières, mais il faut remettre sur le terrain la question des carrières pour qu’elles permettent de mieux gagner sa vie », a reconnu Emmanuel Macron, appelant les syndicats à revenir autour de la table des discussions. Un dialogue qui toutefois ne sera pas « réengagé » avant « quelques jours, quelques semaines », a-t-il admis au vu de la mobilisation actuelle.