Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Candidature d’Édouard Philippe à l’Élysée : « Il est un recours » pour ses soutiens
Par Jérôme Rabier
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« Loyal mais libre », c’est avec cette formule qu’Edouard Philippe définissait sa relation avec Emmanuel Macron depuis son départ de Matignon en 2020. En annonçant dans une interview à l’hebdomadaire Le Point qu’il serait candidat à la prochaine élection présidentielle, « il est désormais de plus en plus libre », confie Louis Vogel, sénateur Les Indépendants de Seine-et-Marne, et responsable du pôle idées du parti Horizons.
« Ce n’est pas du tout une surprise » renchérit Emmanuel Capus, membre du bureau politique du parti et sénateur du Maine-et-Loire. « Édouard Philippe disait qu’il se préparait, il a désormais clairement dit qu’il irait, il sera candidat point à la ligne », appuie ce soutien inconditionnel. Pour Claude Malhuret, président du groupe sénatorial les Indépendants – République et territoires, « c’était un secret de polichinelle et personne ne doutait qu’il irait, ce n’est pas une annonce mais une confirmation. »
Le bon moment ?
Si peu de personnes doutaient de sa décision, c’est le moment de cette annonce qui peut interroger. En pleine attente d’un nouveau Premier ministre, l’ancien locataire de Matignon a pensé que c’était le bon moment. « Il y a un tel niveau de confusion et de marasme actuellement que lui apporte de la clarté », appuie Emmanuel Capus. Son collègue Louis Vogel estime lui qu’Édouard Philippe « parle peu, mais fort. Et avec un discours toujours cohérent, une ligne dont il ne dévie pas ». Avant d’ajouter que « oui, c’est le bon moment, car les Français ont besoin de repères, de recours, de gens clairs qui indiquent un chemin ». Même tonalité pour Claude Malhuret qui pense que « c’est justement dans une période de trouble qu’on a besoin d’un cap clair, et d’une personne qui prend de la hauteur ».
« Des solutions massives »
« Il dit aussi qu’il y a une relève » ajoute Louis Vogel. « Mais pas dans les pas d’Emmanuel Macron, ni avec les mêmes solutions ». « Ce que je proposerai sera massif » a déclaré Édouard Philippe dans son interview au Point. Mais derrière cette phrase sibylline, son parti travaille. Responsable du pôle Idées, Louis Vogel reprend les quatre dossiers prioritaires : « L’éducation, l’écologie, la sécurité et le rétablissement des finances publiques ». « Mais pas avec des demi-mesures ou des coups de rabot » détaille-t-il, évoquant « des solutions massives, des changements profonds ».
« Quand on fait une annonce de candidature, c’est aussi un signal envoyé à ceux qui pourraient nous rejoindre », développe Claude Malhuret. Le parti, qui revendique 25 000 adhérents, s’appuie pour l’instant surtout sur son maillage d’élus locaux. « Mais oui pour aller à la présidentielle il faut des troupes, et cette annonce de candidature est là aussi pour convaincre » précise le sénateur de l’Allier.
Mais en se déclarant trois ans avant la prochaine élection présidentielle, Édouard Philippe attire aussi les critiques. Côté macronistes, le patron des sénateurs RDPI François Patriat estime, sur LCI, que « faire preuve d’individualisme ou parler d’une élection prochaine alors qu’aujourd’hui l’actualité, l’urgence, c’est de trouver une stabilité pour faire face au péril que connait ce pays, […] ça ne me parait pas opportun aujourd’hui. »
« La fin du macronisme »
Dans son ancienne famille politique de la droite, Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR s’interroge : « Est-ce que 2027 c’est la préoccupation actuelle des français ? Je pense que ce n’est pas dans le timing. » a-t-il répondu sur BFMTV. Mais pour lui, au-delà de cette candidature, c’est aussi une page qui se ferme :« Ça marque bien la fin du macronisme, c’est une course de petits chevaux qui est en train d’être lancée dans le camp du président de la République » analyse encore Bruno Retailleau.
Pour son homologue socialiste Patrick Kanner, si Édouard Philippe se déclare maintenant, c’est qu’«il a fait une faute stratégique en ne remontant pas sur le ring aux législatives. Ils l’ont tous fait : Le Pen, Wauquiez, Hollande, Attal, Borne. Le seul chef à plumes qui n’est pas remonté, c’est Édouard Phillipe. Il se rend compte aujourd’hui qu’il est en train d’être marginalisé. » Ce qui est, selon le patron du groupe socialiste au Sénat, « une initiative complètement décalée, exotique, baroque. Dans le même temps il anticipe une présidentielle anticipée qui est recherchée par beaucoup de gens, dont Marine Le Pen. »
Un scénario d’une présidentielle anticipée qui est officiellement balayée par les proches d’Édouard Philippe. Mais hors micro, certains disent que « dans cette période, tout est désormais possible, et qu’il y avait donc un intérêt à parler en premier » pour se préparer à toute éventualité.
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