Bygmalion: de l’affaire Copé à l’affaire Sarkozy

Bygmalion: de l’affaire Copé à l’affaire Sarkozy

D'abord centrée sur Jean-François Copé, qui a été mis hors de cause, l'enquête Bygmalion a connu de multiples rebondissements...
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Par Andréa BAMBINO

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D'abord centrée sur Jean-François Copé, qui a été mis hors de cause, l'enquête Bygmalion a connu de multiples rebondissements avant de rattraper Nicolas Sarkozy, renvoyé mardi en procès avec treize personnes.

- ACTE 1: 27 février 2014, l'affaire Copé -

Dans une enquête, l'hebdomadaire Le Point accuse le président de l'UMP Jean-François Copé d'avoir favorisé la société Bygmalion, fondée par ses proches Guy Alvès et Bastien Millot. "Puissante machine de guerre au service de Copé", cette agence de communication aurait empoché au moins huit millions d'euros durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, via sa filiale événementielle Event and Cie. "A qui ont profité les millions de Bygmalion?", demande l'hebdomadaire, alors que l'UMP est exsangue financièrement. Jean-François Copé finira par démissionner. Il n'a pas été mis en examen.

- ACTE 2: 26 mai 2014, Sarkozy éclaboussé -

Après de nouvelles révélations du quotidien Libération sur des factures suspectes à l'UMP, l'avocat de Bygmalion, Patrick Maisonneuve, lâche une bombe pour balayer les accusations de surfacturation. D'après lui, l'UMP a réglé des millions d'euros de fausses factures à Event and Cie pour cacher des dépenses de meetings qui auraient dû rentrer dans le compte de campagne et auraient fait exploser le plafond autorisé de 22,5 millions d'euros. Des dirigeants de Bygmalion remettent une clé USB aux enquêteurs, révélant une double comptabilité.

- ACTE 3: 1er avril 2015, Sarkozy impliqué -

En garde à vue, Guillaume Lambert, son ex-directeur de campagne, prête à Nicolas Sarkozy un rôle de décideur pour ses meetings. Il raconte avoir informé le candidat des "contraintes budgétaires" posées par une note de l'expert-comptable alertant sur un risque de franchissement du plafond des dépenses. "Nicolas Sarkozy m'a demandé d'ajouter (...) de petites réunions publiques (...) à coûts bas et maîtrisés", confie-t-il, réfutant toute fraude. De 15 à 20 meetings, la campagne est passée à 44.

Les protagonistes sont confrontés à des documents embarrassants, comme ces tableaux de suivi budgétaire des meetings retrouvés chez un avocat de l'UMP, Philippe Blanchetier, tendant à montrer que les factures ont été artificiellement minorées. Ainsi, le meeting de Marseille du 19 février 2012 coûte plus de 800.000 euros dans un document du 6 mars, mais 300.000 euros dans le compte de campagne.

- ACTE 4: 4 septembre 2015, Sarkozy charge Copé -

"Je n'ai ordonné aucune dépense de ma campagne. Je n'ai vu aucun devis" et "n'ai choisi aucun prestataire". Devant les policiers, l'ex-candidat est clair, il ne gérait pas l'intendance et n'a "découvert le nom de Bygmalion" qu'une fois l'affaire révélée. Il réfute tout emballement des coûts, puis pointe Jean-François Copé: "Partout où (il) est passé, il a pris Bygmalion". Si un système de fausses factures a existé, "je comprends qu'il a existé entre les sociétés Bygmalion et l'UMP", lance-t-il.

- ACTE 5: 9 octobre 2015, Lavrilleux contre-attaque -

Lors d'une confrontation, de nouvelles dépenses liées à la campagne et sans rapport avec Bygmalion sont évoquées. Soit une dizaine de millions d'euros qui figurent au budget de l'UMP en 2012 mais pas dans le compte de campagne.

Jérôme Lavrilleux, ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé, lâche les coups: "Il y a de très nombreuses zones d'ombre sur ces comptes de campagne". Il pointe les dépenses de transport des militants. Puis dans l'hebdomadaire L'Obs: "Les comptes ont débordé de tous les côtés. Il n'y a que Nicolas Sarkozy pour dire (...) que cette affaire ne concerne pas sa campagne".

- ACTE 6: 16 février 2016, Nicolas Sarkozy mis en examen -

Convoqué chez le juge, Nicolas Sarkozy se défend pied à pied, répétant que sa campagne n'a pas dérapé et qu'il ne s'occupait pas des finances. Il ne convainc pas le juge Serge Tournaire, qui le met en examen pour financement illégal de campagne. Le 30 août, le parquet de Paris demande son renvoi en procès. Le juge l'a renvoyé en procès, selon une décision rendue publique le 7 février 2017.

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