Reçus ce vendredi 10 janvier à Bercy, dans le cadre des consultations politiques organisées par l’exécutif sur le budget 2025, les représentants du RN ont estimé qu’il n’y avait pas eu de changement d’orientation entre le gouvernement de Michel Barnier, censuré le 4 décembre, et celui de François Bayrou. « La philosophie de François Bayrou et du ministre de l’Economie est la même que celle de Michel Barnier », a déploré le député Sébastien Chenu devant les journalistes à sa sortie du ministère de l’Economie, après un échange d’une heure. « Les mêmes politiques ont les mêmes effets et les mêmes conséquences », a-t-il averti.
« Nous allons être exigeants sur les engagements que nous avons pris devant les Français. Nous sommes venus avec des propositions très concrètes, nous allons voir comment elles seront traitées », a encore expliqué l’élu alors que le Rassemblement national est fermement opposé aux hausses d’impôts sur les ménages modestes et les entreprises.
Sur la réforme des retraites, « il n’y a absolument rien »
Cet automne, Marine Le Pen avait fini par fixer quatre lignes rouges budgétaires à Michel Barnier : l’augmentation de la taxe sur l’électricité, le non-remboursement de certains médicaments, le décalage de l’indexation des retraites sur l’inflation et la baisse des exonérations de cotisations patronales. Certaines concessions du locataire de Matignon aux exigences de la fille de Jean-Marie Le Pen, comme le renoncement à la surtaxation de l’électricité, n’ont pas suffi à empêcher les 124 députés du RN de voter la motion de censure déposée par la gauche.
Un peu plus d’un mois plus tard, la nouvelle équipe gouvernementale, pilotée par François Bayrou, mise sur les dissensions stratégiques au sein du UNFP pour espérer décrocher un accord de non-censure avec les socialistes, mais aussi les écologistes et les communistes, et ainsi échapper au poids du Rassemblement national. Au cœur des tractations : le gel de la réforme des retraites de 2023, devenu un véritable totem pour les oppositions de gauche.
« Un gel de trois mois pour revenir au pire après, c’est une escroquerie politique qu’il faut dénoncer », a lancé le député RN Jean-Philippe Tanguy, membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale, en quittant Bercy ce vendredi. « Si la suspension de la réforme était sérieuse, le ministre en aurait parlé prioritairement », a-t-il estimé. « Il n’y a absolument rien. J’appelle à la vigilance sur le fait que les Français seraient floués par cet accord. »
Aux dires des différents interlocuteurs reçus à Matignon et à Bercy ces derniers jours, François Bayrou pourrait clarifier sa position sur le dossier des retraites avant son discours de politique générale, prévu le mardi 14 janvier à l’Assemblée nationale. Jusqu’ici le Palois, ouvert à la réouverture d’un débat sur les modalités d’application de la réforme, qui reporte l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, s’est toujours dit opposé à toute suspension de son déploiement, notamment au vu de la situation budgétaire du pays.