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Biélorussie : des sénateurs parrainent les prisonniers politiques biélorusses
Par Henri Clavier
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En août 2020, la réélection d’Alexandre Loukachenko à la tête de l’Etat a déclenché un important mouvement de contestation. Soutenu par la Russie, Alexandre Loukachenko a réprimé son peuple par la force en multipliant les arrestations d’opposants politiques, syndicaux et des participants aux manifestations. Maîtresse de conférences en études slaves à l’Université Paris Nanterre, Loulia Shukan note tout de même que « la répression a toujours été un élément clé du régime de Loukachenko ». L’opposition souffre de cette répression accrue et beaucoup d’opposants ont été contraints à l’exil, notamment dans les pays voisins. Selon l’ONG biélorusse Viasna, plus de 1 500 personnes sont détenues pour des motifs politiques.
La répression de l’opposition continue de se durcir
Le 6 mars 2023, l’une des principales opposantes au régime d’Alexandre Loukachenko, Svetlana Tsikhanovskaïa est condamnée par contumace - c’est-à-dire en son absence - à 15 ans de prison. Cette condamnation fait suite à celle d’Ales Bialiatski, Prix Nobel de la paix 2022, à 10 ans de prison. Plus généralement, le régime Biélorusse durcit depuis plusieurs mois sa répression contre l’opposition. Depuis, le pouvoir procède à « un durcissement des régimes d’incarcération et un renforcement de la législation répressive », note Charles Guené, sénateur Les Républicains et président du groupe d’amitié France-Biélorussie. « La notion de terrorisme est désormais retenue pour les opposants politiques », continue Charles Guené.
Les conditions de détention sont au cœur des inquiétudes, celles-ci sont « de plus en plus difficiles avec beaucoup de maladies et l’impossibilité de se soigner », souligne Charles Guené. « Pour un acte de résistance on peut être condamné à plus de 20 ans d’emprisonnement dans des colonies pénitentiaires où les conditions de survie sont épouvantables », affirme Nadia Sollogoub, sénatrice Union Centriste et présidente du groupe d’amitié France-Ukraine et participante à la conférence. Une atmosphère délétère au point que « de nombreuses familles ont peur de communiquer sur les arrestations », déplore Tatsiana Khomich, co-présidente du Conseil de coordination pour les prisonniers politiques biélorusses. Cette dernière ajoute que les prisonniers politiques sont totalement coupés du monde.
« Attirer l’attention sur la pression qui s’exerce sur les citoyens »
Dans ce contexte, « le parrainage des prisonniers politiques est apparu comme un moyen d’action pertinent pour attirer l’attention sur la pression qui s’exerce sur les citoyens Biélorusses », soutient Charles Guené. D’abord soucieux de ne pas se couper totalement les contacts avec leurs homologues biélorusses, les membres du groupe d’amitié France Biélorussie ont finalement décidé de donner de la visibilité à la répression en cours contre les prisonniers politiques. « On a hésité à matérialiser ce parrainage », confie Charles Guené avant d’ajouter, « nous nous sommes aperçus que les contacts étaient, en fait, déjà rompus ». Une initiative relativement rare dans les groupes d’amitié qui ont une « philosophie de l’action limitée et, en tant que parlementaires, nous sommes obligés de nous aligner sur la position de la diplomatie française », rappelle Charles Guené.
Nadia Sollogoub salue un événement « très symbolique » et souligne « l’importance d’attirer l’attention sur les prisonniers politiques », que cela soit en Biélorussie ou ailleurs. Les sénateurs, en parrainant individuellement les prisonniers politiques, espèrent redonner de la visibilité aux situations personnelles et à la lutte pour la démocratie en Biélorussie. En détaillant la situation personnelle des prisonniers, les parrainages permettent de comprendre l’arbitraire et l’horreur du régime biélorusse.
« Il existe un lien fort entre le combat des Biélorusses et celui des Ukrainiens »
La situation en Biélorussie, parfois éclipsée par la guerre en Ukraine, est pourtant intrinsèquement liée à la Russie et ses agissements. Il existe un lien fort entre le combat des Biélorusses et celui des Ukrainiens estime Nadia Sollogoub : « Je parraine un ancien militaire qui a opéré en neutralisant des systèmes de signalisation ferroviaire pour atteindre la logistique de guerre russe, c’était le 28 février ». Pour la sénatrice, il y a également « quelque chose de très symbolique dans l’attribution du Prix Nobel de la paix, en 2022, une organisation Russe, une Ukrainienne et un opposant Biélorusse ».
« Les destins russes et biélorusses sont liés, Loukachenko n’a pas d’autres choix que d’emboîter le pas de Poutine », affirme Charles Guené. La Biélorussie est l’un des soutiens du régime russe qui lui a notamment permis de passer par le territoire Biélorusse pour déclencher l’offensive vers Kiev. Un soutien équivoque puisque « Loukachenko soutient Poutine, sans dépasser les barrières qu’il s’est imposées », souligne Charles Guené. Ce dernier s’est d’ailleurs félicité de la réunion de plusieurs groupes d’amitié dans le cadre de cette conférence, symbole que la Russie de Poutine fait peser une menace sur toute l’Europe centrale et orientale.