Benjamin Griveaux, les ambitions perdues

Benjamin Griveaux, les ambitions perdues

Figure de la macronie, Benjamin Griveaux, 42 ans, qui a renoncé vendredi à sa candidature à la mairie de Paris, est un ambitieux qui a longtemps...
Public Sénat

Par Paul AUBRIAT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Figure de la macronie, Benjamin Griveaux, 42 ans, qui a renoncé vendredi à sa candidature à la mairie de Paris, est un ambitieux qui a longtemps dû batailler contre une image jugée clivante.

Ce proche du chef de l'Etat s'était rapproché d'une de ses plus grandes ambitions, l'été dernier, lorsqu'il avait été investi par La République en marche à Paris.

Dans cette ville qui avait plébiscité Emmanuel Macron en 2017, traversée par une contestation aiguë contre la maire PS sortante Anne Hidalgo, celui qui avait été élu député deux ans plus tôt devait poursuivre une ascension réputée fulgurante.

"Il paraît qu'il voulait déjà être maire de Paris à l'âge de 19 ans", raille un député de la majorité. Au commencement, celui qui est diplômé de Sciences Po et HEC - il a en revanche raté l'ENA - avait pourtant fait ses armes politiques sur ses terres natales, en Saône-et-Loire.

Ce fils d'un notaire et d'une mère avocate avait été élu conseiller municipal de Châlon-sur-Saône, puis conseiller général en 2008, sous la présidence d'Arnaud Montebourg, alors qu'il avait gravité dès 2003 dans les cercles strauss-kahniens, avant de participer à la campagne de DSK à la primaire de 2006.

"Benjamin Griveaux, c'est mon fils spirituel", aime raconter l'ancien ministre François Patriat, ex-PS jadis proche de l'ancien patron du FMI et passé chez LREM. "J'étais au lycée avec sa mère. Je voulais en faire mon successeur à la Région (Bourgogne), mais il s'est fait tuer par les socialistes orthodoxes", déplore cet indéfectible soutien.

A défaut des charmes discrets de la bourgeoisie provinciale, c'est dans le cabinet parisien de la ministre socialiste de la Santé Marisol Touraine que l'ambitieux a poursuivi son ascension à partir de 2012.

Et après un passage en 2014 par la direction de la communication et des affaires publiques du groupe d'immobilier commercial Unibail-Rodamco, sa carrière connaît un tournant en 2015, lorsqu'il est contacté par Ismaël Emelien, alors conseiller d'Emmanuel Macron, pour la création du mouvement En Marche !.

Car le petit commando qui entoure celui qui est alors ministre de l'Économie de François Hollande se connaît de longue date: Stanislas Guerini, Ismaël Emelien, Cédric O, Benjamin Griveaux... tous d'anciens "DSK boys", dont l'amitié s'est nouée au QG de leur champion, rue de la Planche à Paris.

En s'engageant pour Emmanuel Macron, Benjamin Griveaux se rend indispensable dans la campagne, coordonne le porte-parolat du parti et multiplie les passages télévisés ou radio, autant qu'il accroît sa notoriété.

- "Un gentil garçon" -

Prétendants à la mairie de Paris
Prétendants à la mairie de Paris
AFP

Ses amis apprécient son côté cash, "intelligent, malin", mais les critiques sont nombreuses: "dévoré par l'ambition", cingle un socialiste qui lui fut proche, quand un autre épingle son "arrogance" et assure qu'"il a beaucoup d'ennemis, pas forcément à tort".

Un ministre résume: "Benjamin Griveaux, c'est un gentil garçon. Mais il aime trop la rhétorique, la dialectique, montrer qu'il est très intelligent".

En janvier 2019, il est la cible d'une poignée de manifestants "gilets jaunes" qui défoncent avec un engin de chantier le portail de son ministère, alors qu'il a été nommé un an plus tôt porte-parole du gouvernement.

A peine désigné candidat à la mairie de Paris, son image s'était à nouveau détériorée lors de la révélation d'un enregistrement dans lequel il insultait nombre de ses camarades.

La campagne qui s'annonçait comme une voie triomphale vers l'Hôtel de ville de la capitale tourne finalement au chemin de croix: il doit affronter la candidature dissidente de Cédric Villani, bien que celui-ci ait brigué l'investiture LREM et se soit engagé à soutenir le candidat désigné.

Au fur et à mesure de la campagne, les sondages étaient médiocres, le marcheur étant largement devancé par la sortante socialiste. Ce père de trois enfants, fan de l'écrivain Brett Easton Ellis, de séries américaines et du groupe de rock Nirvana, a finalement renoncé un mois avant le premier tour.

Dans la même thématique

LILLE: Important drug seizure of s
6min

Politique

Lutte contre le narcotrafic : « L’hypothèse de la reprise des travaux du Sénat tient la corde »

Dans quelques jours, les ministres de l’Intérieur et de la Justice se rendront à Marseille présenter leur plan de lutte contre le narcotrafic. L’un des enjeux sera la forme du texte choisi. Avant son départ de la Chancellerie, Éric Dupond-Moretti avait planché sur un projet de loi. Bruno Retailleau plaide, lui, pour la reprise de la proposition de loi du Sénat déposée cet été dont certaines mesures remettent en cause les droits de la défense.

Le

Benjamin Griveaux, les ambitions perdues
4min

Politique

Trois jours de carence dans la fonction publique : « Ce sont des économies de bouts de chandelle », estime Aurore Lalucq

Ce mardi, Aurore Lalucq, députée européenne et co-présidente de Place Publique, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. La présidente de la commission des affaires économiques du Parlement européen a qualifié la hausse des jours de carence dans la fonction publique d’« opération de contre-feu populiste ». Dénonçant plusieurs autres mesures du budget, elle regrette que les débats au Parlement soit « pourris » par la menace du 49.3.

Le

Michel Barnier et Bruno Retailleau au poste frontiere de Menton
4min

Politique

Sondage : l’impopularité de Michel Barnier s’accroît, celle d’Emmanuel Macron atteint des sommets

Les Français sont 62 % à penser que Michel Barnier n’est pas un bon Premier ministre, selon le baromètre politique d’Odoxa-Mascaret, réalisé pour Public Sénat et la presse régionale. L’institut souligne qu’il s’agit d’un record pour un Premier ministre un mois après son installation. Emmanuel Macron reste à un niveau élevé de rejet, avec 75 % de mécontents.

Le