La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Avec 11 groupes politiques, l’Assemblée nationale plus émiettée que jamais
Par Jérôme Rabier
Publié le
Groupe Rassemblement national : 126 députés (123 membres et 3 apparentés)
Le Rassemblement National rêvait d’une majorité absolue avant le second tour des législatives, il atterrit finalement loin de la barre fatidique des 289 députés. S’il n’a eu aucun poste dans les instances de l’Assemblée nationale, ce qui a provoqué la colère de Marine Le Pen et de ses élus, le RN est toutefois le principal groupe parlementaire de la nouvelle assemblée. Ils sont 38 députés RN de plus que lors de la précédente législature. Marine Le Pen est reconduite en cheffe de file pour mener la bataille au Palais Bourbon. À noter que les trois députés apparentés au groupe sont des proches de Marion Maréchal, qui ont obtenu l’investiture RN aux législatives (Eddy Casterman, Thibaut Monnier et Anne Sicard).
Groupe Ensemble pour la République : 99 députés (87 membres et 12 apparentés)
Avec 99 membres contre 172 en juin 2022, le groupe principal de l’ancienne majorité relative est en fort recul au Palais Bourbon. Pour tourner la page, il a été rebaptisé. Adieu Renaissance, place à Ensemble pour la République. Et c’est Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire qui en est le nouveau président, succédant à Sylvain Maillard. Bien qu’affaibli, le groupe a réussi à garder le perchoir, avec la réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale. Au prix d’une alliance avec l’ancien groupe LR, désormais présidé par Laurent Wauquiez, qu’il a en échange soutenu pour des postes au bureau de la chambre basse du Parlement.
Groupe La France insoumise –Nouveau Front Populaire : 72 députés (71 membres et 1 apparenté)
Les insoumis restent, de peu, la première force de gauche à l’Assemblée, mais ils perdent trois sièges par rapport à 2022. La faute, notamment, aux départs de dissidents élus qui critiquent la ligne de Jean-Luc Mélenchon. Mathilde Panot est reconduite à la présidence du groupe, qui progresse au sein du bureau de l’Assemblée avec deux vice-présidentes (Clémence Guetté et Nadège Abomangoli) et deux secrétaires (Gabriel Amard et Farida Amrani). Éric Coquerel a aussi été reconduit, de justesse, à la présidence de la commission des Finances. Un poste dont il a dit qu’il démissionnerait si le Nouveau Front Populaire était appelé à gouverner, car il est traditionnellement acquis à un groupe d’opposition.
Groupe Socialistes et apparentés : 66 députés (62 membres et 4 apparentés)
Le groupe socialiste signe la plus belle progression à l’Assemblée en pourcentage, en passant de 31 à 66 députés. Parmi les figures élues, on peut bien sûr citer l’ancien président de la République François Hollande, mais aussi Laurent Baumel, un de ses anciens frondeurs au temps où il était à l’Elysée. Boris vallaud, reconduit à la tête du groupe, aura la lourde tâche de faire cohabiter toutes ces tendances. Pour l’instant l’unité est de mise. La répartition des candidatures au bureau de l’Assemblée a offert au PS un poste de questeur (Christine Pirès Beaune) et deux secrétaires (Inaki Echaniz et Sophie Pantel).
Groupe La Droite Républicaine : 47 députés (41 membres et 6 apparentés)
Pour faire oublier le psychodrame du départ de leur président de parti Éric Ciotti juste avant les législatives, Les Républicains se rebaptisent La Droite Républicaine au Palais Bourbon. Si beaucoup d’élus ont fait campagne sans étiquette, ils sont finalement 47 à rejoindre ce nouveau groupe, présidé par Laurent Wauquiez, qui fait son retour à l’Assemblée nationale. Les anciens LR perdent tout de même 14 députés et n’atteignent plus le nombre fatidique de 58, leur permettant de déposer seuls une motion de censure. Ils espèrent tout de même conserver leur rôle charnière, et ont commencé à nouer des accords avec le bloc central, ce qui leur a permis de faire élire une questeure (Michèle Tabarot), en échange de leur soutien à Yaël Braun-Pivet lors du vote pour la présidence de l’Assemblée.
Groupe Écologiste et Social : 38 députés
Passant de 23 à 38 députés, l’ancien groupe écologiste s’est élargi. En accueillant notamment les députés en rupture de ban de LFI (Clémentine Autain, Alexis Corbière, Hendrik Davi, François Ruffin et Danielle Simonnet), il change aussi de nom, ajoutant “Social” à son ancien intitulé. Pas de changement à sa tête avec la reconduction de Cyrielle Chatelain, qui s’est révélée lors de la précédente législature. Sébastien Peytavie, Sabrina Sebaihi et Eva Sas ont réussi à se faire élire aux postes de secrétaires du bureau de l’Assemblée.
Groupe Les Démocrates : 36 députés (35 membres et 1 apparenté)
Deuxième groupe du bloc central à l’Assemblée, Les Démocrates, principalement composés d’élus MoDem sont en recul avec 14 sièges de moins qu’en fin de XVIème législature. Marc Fesneau, ministre démissionnaire de l’Agriculture, reprend la tête du groupe, six ans après l’avoir déjà présidé (2017-2018). Les Démocrates sont, hors RN et alliés, le seul groupe absent du bureau de l’Assemblée. La faute à une démobilisation des députés centristes et de droite, qui avaient pourtant promis de faire élire des élus MoDem aux postes de secrétaires de l’Assemblée nationale.
Groupe Horizons & Indépendants : 31 députés (26 membres et 5 apparentés)
Il est le seul groupe de l’ancienne majorité relative à réussir à maintenir ses effectifs. Émanation à l’Assemblée nationale du parti fondé en 2021 par Édouard Philippe, le groupe Horizons parvient à attirer des déçus du macronisme (Laetitia Saint-Paul, Béatrice Piron), comme des élus divers droite ou d’anciens Les Républicains (Thomas Lam, Sylvain Berrios, Nathalie Colin-Oesterlé). L’élu corse Laurent Marcangeli a été reconduit président du groupe. Sa position charnière a aussi permis au groupe Horizons d’obtenir une vice-présidence de l’Assemblée (Naïma Moutchou) et un poste de secrétaire (Lise Magnier).
Groupe Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires : 21 députés
Changement de président pour le groupe connu sous l’acronyme LIOT. Stéphane Lenormand, élu de Saint-Pierre-et-Miquelon, prend la succession de Bertrand Pancher, qui n’a pas été réélu. Groupe éclectique, qui s’était fait remarquer lors de la réforme des retraites en déposant une motion de censure qui avait échoué de peu, le groupe continue d’agréger des profils divers. Régionalistes corses ou bretons, élus d’outre-mer, ex-LR ou encore anciens socialistes, y trouvent un refuge où la liberté de vote est totale.
Dans une Assemblée éparpillée façon puzzle, la vingtaine d’élus LIOT compte bien peser. Y compris en passant des alliances. Cela a déjà permis à Charles de Courson, élu depuis 1993 à l’Assemblée, de rafler le prestigieux poste de Rapporteur général du budget, grâce à une alliance avec le bloc de gauche. Le groupe LIOT a en contrepartie soutenu l’insoumis Éric Coquerel à la présidence de la commission des finances.
Groupe Gauche démocrate et républicaine : 17 députés
Malgré la perte de plusieurs circonscriptions et élus communistes (Fabien Roussel, Pierre Dharréville et Sébastien Jumel), le groupe GDR sauve sa place au palais Bourbon. Notamment grâce à l’apport de huit élus ultra-marins de sensibilité de gauche. Symbole de ce nouvel équilibre, le groupe a deux co-présidents : André Chassaigne, qui présidait seul le groupe depuis 2012, et Émeline K/Bidi, élue de l’île de la Réunion.
Groupe À droite : 16 députés
C’est le dernier né des groupes de l’Assemblée nationale, qui franchit tout juste le seuil des 15 élus nécessaires pour former un groupe politique. Emmené par Éric Ciotti, il regroupe ceux qui ont été élus sous la double étiquette LR/RN aux élections législatives, dans le sillage du départ fracassant du président des LR vers le Rassemblement National. Allié du RN, ce groupe ne compte que deux députés sortants, son président Éric Ciotti et sa voisine des Alpes-Maritimes Christelle d’Intorni.
Non-inscrits : 8 députés
Malgré onze groupes à l’Assemblée, ils sont huit députés à avoir choisi de ne s’inscrire dans aucun groupe et de siéger chez les non-inscrits. Parmi eux, l’ancien président de la commission des lois Sacha Houlié, qui espérait créer un groupe social-démocrate à la gauche d’Ensemble pour la République. Ou encore Aurélien Pradié, ancien numéro 2 des Républicains qui refuse de rejoindre le groupe de Laurent Wauquiez.
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