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Attentat d’Arras : LR va inscrire à l’ordre du jour sa proposition de loi constitutionnelle sur la politique migratoire le 12 décembre
Par Simon Barbarit
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L’attentat d’Arras et le profil du terroriste, un Russe bénéficiant d’un régime de protection, car arrivé en France avant ses 13 ans, relance le débat sur les conditions d’expulsion des étrangers menaçant l’ordre public. Le ministre de l’Intérieur a assuré que le projet de loi immigration qui arrivera en séance publique le 6 novembre permettra « l’expulsion systématique » des étrangers menaçant l’ordre public. Pour le patron de LR, Éric Ciotti, saule la proposition de loi constitutionnelle que défendent les députés LR permettrait l’éloignement d’un tel profil ».
Ce texte a été déposé au Sénat le 25 mai dernier et selon nos informations, il devrait être examiné dans la niche parlementaire de LR le 12 décembre. Que contient-il ?
Lutte contre les communautarismes : reprise d’un texte adopté en 2020
Comme nous l’avions indiqué le 23 mai dernier, l’article 1er de la proposition de loi reprend une proposition de loi constitutionnelle intitulée « la prééminence des règles de la République », adoptée par la majorité sénatoriale de la droite et du centre en octobre 2020, quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty. Il vise à inscrire au sein de l’article 1er de la Constitution que « nul ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour se soustraire aux lois de la République et s’exonérer du respect des règles communes. » Une disposition qui entend ainsi lutter contre le communautarisme et réaffirmer le principe de laïcité.
Référendum sur l’immigration
L’article 2 de la proposition de loi devrait faire davantage débat au sein de la majorité sénatoriale (voir notre article). Il élargit les conditions du recours au référendum de l’article 11 de la Constitution, qui actuellement ne peut porter que sur l’organisation des pouvoirs publics, les réformes relatives à la politique économique et sociale et aux services publics qui y concourent, et sur la ratification des traités internationaux. Le projet LR prévoit que les Français puissent se prononcer par référendum sur « les questions relatives à l’entrée et au séjour des étrangers en France ainsi que le droit de la nationalité ».
Une première offensive contre ce que Bruno Retailleau a récemment dénoncé dans les colonnes du Parisien : « le gouvernement des juges » ou le « libéralisme antidémocratique ». En effet, comme le rappellent les auteurs de la proposition de loi si le Conseil constitutionnel sera bien saisi « en amont » du référendum, ce ne sera pas « pour rendre une décision, mais pour donner un avis, rendu public ». « Cet avis constituera ainsi un élément du débat référendaire, susceptible d’éclairer le peuple français », mais « c’est bien le peuple souverain, et lui seul, qui décidera, ou non, d’approuver la loi référendaire, insusceptible de recours ».
« Bouclier constitutionnel » contre le droit européen et international
L’article 3 de la proposition de loi porte sur une disposition susceptible de braquer les sénateurs centristes membres de la majorité sénatoriale. Elle consiste à déroger au droit européen en matière migratoire. Pour ce faire, les Républicains veulent amender l’article 55 de la Constitution qui consacre aux traités et accords internationaux « une autorité supérieure » à celle des lois, et l’article 88-1 sur la primauté du droit de l’Union européenne.
Les parlementaires de droite insèrent ainsi dans ces deux articles de la Constitution ce qu’ils appellent « un bouclier constitutionnel ». Il prendra la forme de lois organiques « qui, parce qu’elles sont au cœur de la souveraineté nationale, ne doivent pas être contredites par des stipulations de droit international ». Ces lois organiques devront être adoptées dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale et le Sénat ou approuvées par référendum.
Assimilation
Les Républicains souhaitent élever au rang constitutionnel « le principe d’assimilation ». L’article 3 de la Constitution est ainsi complété par la phrase suivante : « Nul ne peut devenir français s’il ne justifie de son assimilation à la communauté française. ». Cette assimilation passe par une connaissance suffisante de la langue, de l’histoire, de la culture et de la société française, des droits et devoirs conférés par la nationalité française, ainsi que l’adhésion aux principes et valeurs essentiels de notre République », y est-il précisé.
Cette disposition renvoie à la proposition de loi ordinaire déposée par les Républicains la semaine dernière qui conditionne l’admission au séjour d’un étranger à la réussite d’un examen de langue et d’un examen civique « au contenu enrichi ».
Toujours en ce qui concerne la nationalité, La proposition de loi constitutionnelle supprime le droit du sol à Mayotte. Pour mémoire, sous l’impulsion du Sénat, la loi Asile et Immigration de 2018 avait déjà adapté les conditions d’acquisition de la nationalité française par le droit du sol sur cette île de l’Océan indien. Depuis, il est exigé pour les enfants nés à Mayotte que l’un de ses parents ait, au jour de sa naissance, été présent de manière régulière sur le territoire national depuis plus de trois mois.
Déjà annoncé par les élus de droite, le principe de la « double peine » est aussi élevé au rang constitutionnel. Elle consiste à expulser ou d’interdire de territoire des individus coupables d’infractions punies d’un an d’emprisonnement.
Quotas
Vieille antienne de la majorité sénatoriale, le texte donne également pouvoir au Parlement de fixer chaque année par la loi une politique de quotas pour toutes les catégories d’immigration, à l’exception des ressortissants européens et des demandeurs d’asile. Charge au gouvernement de répartir, par la suite « entre les différentes administrations préfectorales et consulaires, ce nombre maximum d’entrées sur le territoire, « par catégorie d’autorisation » et « par nationalité ». On note ici un recul de la part des Républicains, il y a encore quelques semaines, Éric Ciotti s’était montré favorable à la mise en place de quotas « y compris pour les demandeurs d’asile ».
Enfin, les Républicains prévoient que ces demandes d’asile se fassent désormais à la frontière, dans les ambassades ou les consulats français. « C’est avant que le demandeur ne soit entré sur le territoire national qu’il sera définitivement statué sur ces demandes, le cas échéant après l’exercice d’un recours contentieux », précise le texte. Pour les « exceptions », c’est-à-dire les demandes d’asile effectuées sur le territoire, elles devront faire « l’objet d’une instruction administrative accélérée » au cours de laquelle le demandeur sera soumis à une rétention privative de liberté, jusqu’à l’exécution de la décision définitive lui attribuant la protection ou, si celle-ci est refusée, l’éloignement effectif du territoire national ».
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