Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
Alexis Corbière : « On est suspendus aux annonces de l’oracle Castex »
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Alors que Jean Castex tiendra une conférence de presse ce soir à 18 heures pour annoncer la décision finalement prise par le gouvernement au sujet du confinement ou non de certaines régions – et notamment de l’Île-de-France – Alexis Corbière s’est montré assez critique sur cette communication gouvernementale.
Le député LFI a critiqué les atermoiements de l’exécutif au sujet d’un éventuel confinement, localisé ou non, qu’il pense nocif pour « la dimension démocratique » de la crise sanitaire et du consentement de la population : « Il y a un an, il y avait une acceptation de mesures très fermes et aujourd’hui je trouve qu’il y a un degré de consentement [très faible] dans la société ». Alexis Corbière voit dans l’attente passive des annonces de « l’oracle Castex » une « absence de démocratie » et de concertation : « J’en ai assez que l’on soit suspendu à ce que va annoncer le gouvernement sans savoir quelles sont les discussions qui peuvent avoir lieu et ce que sont les alternatives. »
Le député de Seine-Saint-Denis poursuit : « On nous dit qu’on est en guerre, mais la différence avec la guerre, c’est que l’ennemi – le virus – s’en fiche, on peut avoir une publicité de nos débats. Cela aidera à ce qu’il y ait un consentement, alors que là il y a un conseil de défense, une boîte noire et on en vient à attendre ce qui est annoncé. […] Pourquoi on ne peut pas avoir une discussion ouverte là-dessus, au Sénat, à l’Assemblée nationale, avec pourquoi pas des instances citoyennes. »
Sur le fond de la politique sanitaire du gouvernement, Alexis Corbière reprend les thèmes proposés par la France Insoumise tout au long de la crise sanitaire : la planification d’une « société du roulement » et la nécessité de rouvrir « les centres culturels et les commerces » sous protocole sanitaire strict : « il ne faut pas faire n’importe quoi […] je suis conscient du danger que représente le virus. »
De même sur la stratégie vaccinale et un éventuel « pass sanitaire » qui conditionnerait l’accès à certains lieux à des prérequis sanitaire (vaccin ou test négatif par exemple) : « Nous manquons de vaccins. S’il y a 1 mois et demi d’attente pour se faire vacciner je ne comprends pas la logique. »
Nicolas Sarkozy : « On le combat politiquement mais on n’en rajoute pas »
Le député de la France Insoumise est aussi revenu sur l’actualité politique et la condamnation de Nicolas Sarkozy : « Il se défend, c’est normal, c’est un combattant. C’est un adversaire politique, on le combat politiquement mais on n’en rajoute pas quand il est empêtré dans des affaires de justice. Je n’aime pas le côté « bien fait pour lui. » Alexis Corbière préfère en tirer des conclusions plus générales sur le fonctionnement du système judiciaire français : « Ce sont des faits graves : un avocat et un magistrat sont condamnés. […] Cela veut dire que ce n’est pas totalement fou d’imaginer des liens entre la politique et la justice. […] Le fait que le Président de la République concentre autant de pouvoir fait réfléchir sur l’indépendance du parquet : il y a 800 affaires qui pourraient être ouvertes sur des affaires financières et on manque de magistrats. Les nominations sont des décisions politiques. »
Interrogé sur la réaction de Jean-Luc Mélenchon à ce jugement, le député de la Seine-Saint-Denis rejoint son président de groupe et revient sur les « conséquences politiques » de cette condamnation :
« Tout n’est pas binaire : la droite a un problème de représentation politique, puisqu’Emmanuel Macron veut être le candidat rassemblant le centre droit et la droite face à Mme Le Pen. […] Si M. Sarkozy est empêché d’aller à cette élection, quelqu’un peut en tirer un avantage actuellement dans la stratégie politique qui est construite et c’est l’actuel Président de la République. Il y a une conséquence politique à cette décision judiciaire. Est naïf celui qui ne le voit pas. »
Alexis Corbière s’est aussi dit « choqué » par la réaction de Gérald Darmanin, apportant son « soutien amical » à l’ancien Président de la République. « Il y a 800 Gilets Jaunes condamnés par la justice sans commentaire de M. Darmanin. Cela m’a choqué : si j’étais ministre de l’Intérieur je n’aurais pas fait ce genre de commentaires, cela donne l’impression qu’il y a une situation exceptionnelle de M. Sarkozy. Je n’ai pas entendu M. Darmanin donner son affection à des gens qui manifestaient pour relever les minima sociaux. »