Cinq ans ont passé depuis la vidéo du 1er mai 2018, à l’origine d’un feuilleton politico-judiciaire qui a tenu les Français en haleine pendant des mois. Et ce dernier n’a pas encore totalement touché à sa fin. L’ex-chargé de mission de l’Élysée Alexandre Benalla, poursuivi pour les faits de la place de la Contrescarpe à Paris, est rejugé à partir de ce 9 juin devant la Cour d’appel. Ce nouveau procès, qui devait se tenir initialement fin janvier, doit durer jusqu’à 16 juin. Il est accusé d’avoir molesté cinq personnes en cherchant à les interpeller en marge d’une manifestation. Il avait agi avec un casque de policier sur la tête alors qu’il n’était que simple « observateur » durant cette journée.
En plein cœur de l’été 2018, une commission d’enquête parlementaire au Sénat, très suivie, s’était penchée sur les missions de cet homme, identifié par le quotidien Le Monde comme un chargé de mission à la présidence de la République. Pendant plusieurs mois, les sénateurs étaient allés de révélation en révélation, en cherchant à éclaircir la fiche de poste exacte d’Alexandre Benalla et la manière dont étaient organisés les services de sécurité à l’Elysée, un domaine où il était en première ligne.
En novembre 2021, Alexandre Benalla a été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, sous bracelet électronique, à l’interdiction d’occuper un emploi public pendant cinq ans. Lors des audiences en première instance, l’ancien collaborateur de l’Élysée, reconverti depuis dans la sécurité privée, avait nié la quasi-totalité des faits reprochés. Il expliquait avoir agi « par réflexe » citoyen, pour épauler la police qu’il estimait débordée par les évènements d’un 1er mai compliqué sur le plan du maintien de l’ordre. Des « explications absurdes et irresponsables », selon le jugement du tribunal de Paris.
Trois autres enquêtes ont été ouvertes
Les faits poursuivis devant la justice ne concernent pas seulement cette scène désormais bien connue du 1er mai. Il lui est également reproché d’avoir porté illégalement une arme de poing en 2017. En première instance, il avait été condamné à une interdiction de port d’arme pendant dix ans. Lors de son procès en appel, il devra répondre une fois encore à l’accusation de « faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d’un insigne », pour avoir continué à voyager avec des passeports diplomatiques après son licenciement de l’Elysée. À ce sujet, l’ancien chargé de mission avait livré deux déclarations discordantes au cours de ses deux auditions devant le Sénat. La chambre haute avait saisi la justice quelques mois plus tard, pour suspicion de parjure.
Trois autres enquêtes préliminaires ont par ailleurs été ouvertes. La première concerne son rôle dans la signature de contrats avec des oligarques russes alors qu’il était en poste à l’Elysée. Une autre enquête a été ouverte en février 2019 pour « entrave à la manifestation de la vérité ». Elle vise à déterminer s’il a dissimulé des preuves dans le cadre de l’enquête sur les violences du 1er mai 2018, notamment deux coffres-forts. La dernière, ouverte en avril 2019, porte sur des soupçons de « faux témoignage » devant la commission d’enquête sénatoriale.