Alain Poher, le père du Sénat moderne

Alain Poher, le père du Sénat moderne

Notre série de l’été, « Histoire de sénateurs », revient sur les sénateurs qui ont marqué l’Histoire de la Vème République. Président de la Haute assemblée de 1968 à 1992, Alain Poher a été l’artisan du Sénat tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il a aussi été le seul président de la République par intérim à deux reprises.
Mathilde Nutarelli

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Ancien résistant, sénateur pendant quarante-cinq ans, président du Sénat de 1968 à 1992, deux fois Président de la République par intérim, Alain Poher est une figure

Il arrive au palais du Luxembourg en 1946, lorsque celui-ci abritait encore le Conseil de la République. Après un passage au gouvernement, il est réélu sénateur de Seine-et-Marne en 1952 et retourne donc au Sénat jusqu'en 1992.

Président par intérim après la démission de Charles de Gaulle

Alain Poher à l'Elysée
Alain Poher, président de la République par intérim.
Archives du Sénat

Dans la Constitution de 1958, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim en cas de vacance de la présidence de la République. Sous la Vème, cette situation s’est présentée à deux reprises. Chaque fois, c’est Alain Poher qui était président du Sénat. C’est donc lui qui est entré à l’Élysée, devenant ainsi le seul homme à avoir été Président sans jamais avoir été élu à cette fonction.

Le 18 avril 1969, c’est la démission du Général de Gaulle qui propulse le président du Sénat à la tête de l’État, après la victoire du « non » au référendum sur le projet de réforme du Sénat et de la régionalisation. Une première dans l’histoire de la très jeune Vème République.

Alain Poher reste 55 jours à l’Élysée et se présente aux élections qui ont lieu les 1er et 15 juin 1969 pour remplir la place vacante, qu’il perd au profit de Georges Pompidou. Il redevient donc président du Sénat.

Retour à l’Élysée après le décès de Georges Pompidou

Cinq ans plus tard, le 2 avril 1974, Georges Pompidou décède d’une leucémie. C’est donc à Alain Poher que revient, pour la seconde fois, la lourde tâche d’assurer l’intérim.

Celui-ci dure un peu moins que le précédent, car le 19 mai 1974, soit 47 jours plus tard, Valéry Giscard d’Estaing est élu Président de la République. Cette fois-ci, Alain Poher ne se présente pas aux élections.

Référendum sur le Sénat : Alain Poher s’oppose au général de Gaulle

Une interview télévisée d'Alain Poher en 1969
Une interview télévisée d'Alain Poher en 1969
© Archives du Sénat (Div. Archives)

Durant son mandat de président du Sénat, Alain Poher joue un rôle crucial dans l’organisation et la détermination du rôle de la Haute assemblée.

En 1969, il s’oppose fermement au référendum proposé par Charles de Gaulle, qui visait entre autres à donner au Sénat un rôle purement consultatif. Il se lance ainsi dans un tour des communes de France, pour y « exposer ce que le président du Sénat pense des textes qui [leur] seront présentés ».

« D'un Sénat méprisé qu'on voulait supprimer, j'ai fait une assemblée restaurée pesant son poids dans la vie politique de notre pays » Alain Poher

Alain Poher se bat pour que la Haute assemblée conserve son pouvoir législatif, et pour que sa vision de la Chambre demeure. « Pour moi, le rôle du Sénat n'est pas d'applaudir par principe ce qui lui est proposé par le Gouvernement, [...] ni de pratiquer non plus une opposition systématique. Le Sénat doit être un censeur vigilant, indépendant et objectif, et poser en quelque sorte au pouvoir exécutif une interrogation permanente », disait-il.

Il modernise le Sénat

C’est enfin à Alain Poher que l’on doit beaucoup de l’organisation actuelle du Sénat. Il instaure les séances de questions au gouvernement. Sous sa présidence, les commissions d’enquête et les missions d’information se développent, le contrôle des lois s’organise.

C’est également lui qui pousse à la création d’une division de l’information, l’actuel service de la communication, ainsi qu’à l’établissement d’une division des collectivités locales. C’est enfin grâce à lui que chaque sénateur dispose d’un bureau, à la suite des travaux d’agrandissement du Sénat en 1975.

 

Dans la même thématique

Tondelier 2
8min

Politique

Malgré des critiques, Marine Tondelier en passe d’être réélue à la tête des Ecologistes

Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.

Le

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

FRA – ASSEMBLEE – 4 COLONNES
13min

Politique

Congrès du PS : les tractations se concentrent sur « Boris Vallaud, qui a des propositions de dates tous les jours »

Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.

Le