“Nourrir sa population, c’est comme défendre sa population”, déclare le ministre de l’agriculture pour défendre son texte qu’il présente comme une recherche d’équilibre entre les différentes revendications issues du monde agricole. Si le texte, dont l’examen débutera le 13 mai à l’Assemblée nationale, consacre la souveraineté alimentaire, Marc Fesneau assure que cette reconnaissance ne se fera pas aux dépens de la transition écologique.
“Dans les crédits du ministère de l’agriculture, un milliard d’euros supplémentaire est consacré à la transition”
“Il n’y aura pas de souveraineté si on n’arrive pas à lever un certain nombre de transitions nécessaires, il n’y a pas de souveraineté alimentaire sans transition écologique”, affirme Marc Fesneau qui défend une vision jugée équilibrée. “Dans les crédits du ministère de l’agriculture, un milliard d’euros supplémentaire est consacré à la transition”, explique le ministre de l’agriculture. Ces crédits supplémentaires sont destinés à la plantation de nouvelles haies, à la diversification en protéine ou encore la recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires.
En faisant du renouvellement des agriculteurs l’un des éléments essentiels de son projet de loi, le gouvernement a cherché à faciliter l’accès à la profession d’agriculteur. Attendu sur la simplification, le gouvernement propose de réduire un certain nombre de délais, notamment nécessaires pour l’installation de bâtiments d’élevage ou de structures de retenue d’eau appelées “mégabassines”. “Un certain nombre de gens et d’associations se servent des procédures, non pas pour juger ou jauger du sujet environnemental, mais pour planter les dossiers, c’est une façon d’époumoner les porteurs de projets”, affirme le ministre de l’agriculture pour défendre la mesure. “Ce n’est pas parce qu’on raccourcit les délais qu’on rabat sur la question écologique”, ajoute Marc Fesneau qui affirme vouloir “trouver un équilibre entre les éléments de transition”. Malgré les critiques, ce dernier assure prendre en compte le dérèglement climatique et la réforme permettra de réaliser des “stress tests” climatiques sur les exploitations agricoles afin d’évaluer les effets à venir du réchauffement climatique sur ces parcelles.
“La compétitivité, c’est la simplification”
Pour produire des effets, le projet de loi devra passer l’étape du Sénat, où le texte est particulièrement attendu et devrait être largement amendé. “Je ne désespère pas que, dans un débat, c’est l’intérêt de tous que d’essayer de trouver une majorité sur ce texte”, avance le ministre de l’agriculture qui affirme avoir repris un certain nombre d’éléments des propositions de loi du sénateur (LR) Laurent Duplomb relative à la compétitivité des agriculteurs français. “La compétitivité, c’est la simplification”, poursuit Marc Fesneau tout en répétant que “tous les modèles doivent pouvoir cohabiter en agriculture”. Si la réforme doit permettre de renforcer la compétitivité, le ministre de l’Agriculture écarte le développement d’une agriculture productiviste tournée vers l’exportation. “Il faut déjà essayer de produire autant, le dérèglement climatique va nous poser des problèmes”, explique le ministre.