"Si le macronisme est le nouveau monde, qu'il donne l'exemple" avec "un examen raisonné et raisonnable" des textes sur les traités de libre-échange Ceta et Mercosur pas acceptables en l'état, a jugé jeudi l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin.
Avant l'examen par le Parlement français du projet de loi de ratification de l'accord Ceta avec le Canada, il a appelé l'institution à "faire son travail pour que les garanties dans les domaines sanitaire, écologique, de l'alimentation, soient véritablement vérifiés", car "beaucoup de zones restent floues, incertaines".
Sur France Inter, il a aussi déploré "le non-respect des règles écologiques et environnementales au Brésil" dans l'accord avec les pays du Mercosur trouvé vendredi après 20 ans de négociation. "La même chose vaut pour le Canada en matière d'alimentation, notamment des bovins", a-t-il noté.
"Il faut dans ce domaine aller beaucoup plus loin, on ne peut pas se satisfaire de bonnes paroles et faire comme avant", car "nous avons changé d'époque en quelques mois": "le signal envoyé par les électeurs est très fort en matière environnementale", a expliqué l'ancien ministre des Affaires étrangères.
Aucun de ces accords n'est donc acceptable en l'état ? "Aujourd'hui, non", a-t-il tranché.
"Hier, la politique faisait qu'on considérait que grosso modo on allait avancer tous ensemble. Je ne crois pas qu'aujourd'hui ce réflexe puisse être tenable devant les populations. C'est une question de démocratie", a-t-il estimé.
Ainsi, "l'honneur de la France serait de dire +on a changé d'époque+, l'Europe aujourd'hui a des devoirs à accomplir, faisons en sorte de nous donner plus de temps pour avoir un examen raisonné et raisonnable de ces textes, nous le devons à la population (...) Et si le macronisme est le nouveau monde, eh bien qu'il donne l'exemple", a-t-il lancé.
Sur le Ceta, "de toute façon, il faut une unanimité des Etats et un vote à la majorité qualifiée du parlement européen. Donc il y a de fortes chances pour que des obstacles très importants soient sur la route", a encore souligné Dominique de Villepin.