Paris : Censure motion vote and weekly question session to the government at the National Assembly

Accord de non-censure : l’idée fait son chemin à Renaissance

Chez Renaissance, plusieurs députés et sénateurs défendent l’idée d’un pacte de « non-censure », du PS au LR en passant par le bloc central, qui permettrait au prochain premier ministre de durer plus de trois mois. Gabriel Attal, à la tête du groupe EPR, soutient le principe en privé, tout comme son homologue du Sénat, François Patriat. Mais en interne, certains députés Renaissance sont en réalité plus circonspects.
François Vignal

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C’est l’idée qui monte. Au lendemain du vote de la censure du gouvernement Barnier, une proposition prend forme, celle d’un pacte de non-censure. Lancée à l’origine par le député PS Philippe Brun, dans une tribune publiée le 25 août dernier dans Le Monde, titrée « un accord de non-censure serait la seule issue pour sortir de la crise politique », c’est ensuite Boris Vallaud, à la tête du groupe des députés PS, qui l’a reprise à son compte fin novembre. Les socialistes continuent à défendre l’idée.

« Ne rien s’interdire pour essayer de travailler ensemble »

Face à ce qui ressemble à une situation de blocage, le principe est aujourd’hui repris du côté de Renaissance. L’ancien premier ministre Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République (Renaissance), défend « un accord de non-censure des LR au PS. C’est la seule équation politique où le RN n’est pas en capacité d’être arbitre et de dicter la politique du gouvernement », confie le député en privé, rapporte Le Parisien. Cette majorité se concentrerait sur « trois-quatre points programmatiques pas irritants pour tenir jusqu’à l’été. Il n’y aurait pas beaucoup de réformes. Une sorte de super gestion des affaires courantes », ajoute l’ancien premier ministre. « S’il y a coalition, le PS n’aura pas l’abrogation de la réforme des retraites et les LR n’auront pas leur loi immigration », imagine Gabriel Attal, pour qui le groupe « EPR va essayer d’être un pôle de stabilité. On va participer à la future coalition ».

Nécessité fait loi en somme. « Dans la situation, il ne faut rien s’interdire pour essayer de travailler ensemble », avance une députée Renaissance, membre de la garde rapprochée de Gabriel Attal, avant d’ajouter : « On n’est pas fermé. On peut essayer de trouver une méthode de travail ». L’idée est d’être « toujours force de proposition et que personne ne nous prenne en défaut de fermer la porte, les écoutilles. Il y a une volonté de dire qu’on vient participer à un collectif ». « J’y crois beaucoup plus que faire un accord tacite avec le RN », ajoute encore cette proche, selon qui les députés Renaissance ne doivent pas « se demander si on doit être gentils avec le RN. On n’est pas copains, quoi ».

Ce pacte de non-censure est sans surprise bien vu par l’aile gauche du groupe, à l’image de Stéphane Travert, qui « prône un gouvernement avec un accord de non-censure qui puisse s’entendre sur 5 ou 6 grandes mesures importantes pour le pays et qui aille de la gauche responsable et de gouvernement aux LR sociaux », avançait l’ancien ministre mardi sur publicsenat.fr. « C’est un moyen de sortir par le haut pour la classe politique », soutient l’ancien ministre de l’Agriculture, par ailleurs membre du « Collectif social-démocrate », qu’il a constitué avec les députés Stella Dupont et Sacha Houlié, qui ont quitté le groupe.

« La recette miracle, c’est que les socialistes se détachent de LFI et soient soutenus par le bloc central », avance François Patriat

L’idée est bien accueillie aussi par les sénateurs. « Pour l’instant, on est dans une impasse. La recette miracle, c’est que les socialistes se détachent de LFI et soient soutenus par le bloc central. Ça garantit la stabilité », avance pour sa part François Patriat, à la tête du groupe RDPI (Renaissance) du Sénat, qui ajoute qu’« il y a une volonté, chez les socialistes, de s’émanciper de NFP. Si c’est la voie proposée par Gabriel Attal, je la soutiendrai. […] L’objectif, c’est d’élargir le bloc central. C’est la façon de sortir de l’impasse ». Mais il y a encore du chemin. « Est-ce qu’on peut y arriver ? Est-ce qu’une personne peut l’incarner et est-ce qu’il n’y a pas à nouveau un casus belli sur les retraites ? » interroge le sénateur de Côte-d’Or. Mais François Patriat soutient l’idée sur le principe :

 Essayer de trouver la stabilité autour de 5-6 propositions qu’on pourrait trouver en commun, l’idée paraît intéressante, au moment où elle a un écho chez les socialistes. 

François Patriat, président du groupe RDPI du Sénat.

Même son de cloche de la part de Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine. « Je suis favorable à cette main tendue, à cet accord de coalition, des LR jusqu’aux socialistes, voire aux écologistes, mais avec une rupture avec les extrêmes. C’est bien sûr avec le RN, si tant est qu’il y avait besoin de le confirmer, car il n’y a jamais eu d’accord avec le RN, et une rupture aussi de la gauche modérée avec les mélenchonistes », soutient le sénateur, invité ce jeudi de la matinale de Public Sénat. Elément important : de son côté, Laurent Wauquiez, à la tête des députés LR, a assuré qu’ils ne feront « pas tomber » le nouveau gouvernement.

Alors les planètes s’alignent ? Du côté du groupe, on tempère. « Ce sont des réflexions internes, avec quelques députés du groupe. Et Gabriel Attal n’a pas fait de déclaration publique annonçant quelque chose », souligne un cadre d’EPR, qui ajoute que « c’est ce qu’on a proposé dès cet été, avec le pacte d’action proposé à tout le monde. L’action engagée dès juillet et les différentes mains tendus valent toujours ». Un député Renaissance n’a pas tout à fait la même interprétation. « Au début, on était plus sur le pacte d’action dans une logique de coalition. Mais comme on voit que ça n’aboutit pas, on parle de la non-censure », selon ce membre du groupe.

« Ça ne doit pas être le prétexte pour faire que des trucs hyper lisses »

Reste à voir si tout le monde partage vraiment l’idée. Le président du groupe EPR rassemblait ce matin les ténors de son parti. Rien n’a fuité pour l’heure. Mais en interne, chez les députés Renaissance, certains sont en réalité plus circonspects. « Ça ne doit pas être le prétexte pour faire que des trucs hyper lisses », met en garde une députée issue de la droite, y voyant un risque de favoriser l’extrême droite. Elle ajoute : « Avec une grande coalition du centre face à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, si on se plante, les deux vont monter ».

Aurore Bergé ne semble pas des plus allantes non plus. Interrogée sur BFM TV mercredi soir sur l’appel de Marine Tondelier, la patronne des écologistes, qui propose dans le même esprit de se « mettre d’accord sur un plan d’urgence transitoire », l’ex-ministre, issue des rangs de la droite, s’est montrée méfiante. « L’appel de Marine Tondelier est un peu plus ambigu que ça. Elle dit on discute sans la droite républicaine, on exclut par principe. Et on discute avec le NFP, y compris donc avec LFI. Elle sait que ces deux conditions limitent forcément le champ de la discussion », relève la députée Renaissance des Yvelines. Pas d’échange avec la gauche alors ? « Bien sûr que si, il faut des discussions », affirme Aurore Bergé, « mais c’est au niveau du premier ministre d’engager ces discussions aussi », selon la députée.

L’allocution d’Emmanuel Macron ce soir devrait donner une direction pour la suite, tout comme la première prise de parole de Gabriel Attal, ce week-end, où l’ancien premier ministre sera intronisé à la tête de Renaissance. Ici, pas de besoin d’accord de non-censure. Il est le seul candidat.

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