« Une main tendue » pour sortir du blocage politique et de la crise sociale provoquée par la réforme des retraites. C’est ainsi que le député LIOT du Nord, Benjamin Saint-Huile, ancien socialiste, défend la proposition d’abrogation de la réforme des retraites portée par son groupe à l’Assemblée nationale. « Il y a une forme d’irresponsabilité à imaginer bloquer cette proposition, que la majorité vit comme un piège politique », a-t-il déclaré ce vendredi 26 mai au micro de l’émission « Parlement hebdo » sur Public Sénat et LCP. « La crispation et le blocage sont liés à la manière de faire du gouvernement, à cette surdité coupable. Il faut bien en sortir. Comme ils ne font aucune proposition d’apaisement, en responsabilité, nous voulons apaiser. Je n’imagine pas qu’ils vont choisir, une fois encore, d’éviter le vote. Ce serait incompris par tous ».
« Cachez ce vote que je ne saurais voir ! »
Pour autant, la majorité présidentielle espère ne pas avoir à rejouer le match particulièrement houleux des retraites au Parlement, et a déjà invoqué un motif d’irrecevabilité financière pour faire retoquer le texte avant l’ouverture des débats en séance publique, le jeudi 8 juin. C’est au président de la commission des finances, en l’occurrence le député insoumis Éric Coquerel, qu’il revient de trancher ce point.
« C’est la panique du côté du gouvernement et de la majorité parlementaire : cachez ce vote que je ne saurais voir ! Il y a une forme de jeu de dupes », commente notre invité. « Depuis le début de la Cinquième République des propositions de loi sont déposées, évidemment elles coûtent de l’argent mais par principe, pour que le travail parlementaire puisse se faire dans un climat de sérénité, elles sont toujours acceptées », relève Bruno Saint-Huile. « Nous avons étudié il y a plusieurs semaines des textes de la majorité qui devaient coûter plusieurs milliards d’euros sans que cela ne pose problème à personne. »
Un texte « symbolique »
Si le recul de l’âge légal de départ à la retraite est abrogé, le texte déposé par LIOT prévoit de compenser le manque à gagner pour la Sécurité sociale par une taxe sur les tabacs. Il prévoit également l’ouverture d’une conférence sociale destinée à plancher sur la remise à l’équilibre du système. « Le président de la République et la majorité ont peur du vote des députés. Ils ont peur de perdre car ils savent le caractère symbolique de ce texte. Ils savent qu’ils sont passés en force alors que la rue s’est mobilisée pendant des mois », estime encore Benjamin Saint-Huile.
« Nous respecterons le résultat de ce vote. Soit l’abrogation est prononcée par un vote majoritaire, soit le texte est rejeté. Nous en prendrons acte. Mais respecter la démocratie c’est accepter le fait majoritaire, d’un côté comme de l’autre », conclut-il.