Les consultations des groupes politiques reprennent à Matignon, au sujet de l’agenda parlementaire des prochains mois. Cette fois, le programme s’est allégé pour Élisabeth Borne, puisque les groupes de gauche ont tous refusé d’y participer dans l’état, en l’absence de lest lâché aux organisations syndicales.
La cheffe du gouvernement, à la recherche de majorités sur les prochains projets de loi, a pu s’entretenir avec les parlementaires de l’UDI ce lundi en début d’après-midi. Au cours de l’entretien, qui a duré une heure et quart, le président du groupe Union centriste au Sénat, Hervé Marseille, a recommandé au gouvernement de « mieux travailler en concertation » avec les syndicats comme la CFDT, notamment dans la perspective du futur projet de loi travail. « Nous avons dit à la Première ministre qu’il nous paraissait indispensable, en tout cas nécessaire, de travailler davantage, à l’écoute des syndicats les plus réformistes, et que ce n’était pas une bonne chose pour le pays que d’avoir un blocage de cette nature […] Il est indispensable de briser la glace avec ces organisations-là », a insisté le patron de l’UDI, sur le perron de Matignon. Le 13 mars dernier, lors de l’adoption du projet de loi en première lecture, un tiers de son groupe avait refusé de voter le texte.
L’ancien maire de Meudon (Hauts-de-Seine) s’est également saisi de l’instant pour adresser quelques griefs. « Nous avons fait part de ce qui nous paraissait absent de la politique gouvernementale ces derniers mois, c’est-à-dire l’angle social, qui nous paraissait trop absent. Il n’y a pas assez de justice sociale, fiscale, d’équité territoriale et donc il y a un besoin de recentrer l’action gouvernementale dans cette direction », a déclaré le sénateur devant les journalistes. Voilà depuis l’été que son groupe interpelle le gouvernement, notamment sur la nécessité d’imposer plus largement les superprofits dans la période actuelle.
Craintes sur l’absence de politique « identifiée » en faveur de la construction de logements
Aux côtés de la sénatrice Valérie Létard, qui en a fait un cheval de bataille, les représentants de l’UDI ont ensuite alerté sur « l’absence de politique identifiée pour le logement ». « On voit bien qu’on ne construit plus de logements. Il y a une vraie difficulté sur laquelle on souhaiterait que le gouvernement puisse se pencher rapidement », a souligné Hervé Marseille.
Autre dossier essentiel, qui méritait d’être exposé à la Première ministre aux yeux des parlementaires UDI : les corrections à apporter à l’objectif de « zéro artificialisation nette », un principe visant à ne plus faire reculer les espaces naturels, consacré dans la loi climat et résilience durant l’été 2021. Mi-mars, le Sénat a d’ailleurs adopté une proposition de loi pour réduire les difficultés dans son application. « Ce texte n’est pas très grand public mais il a beaucoup de conséquences. Il crée beaucoup de difficultés, notamment dans les territoires ruraux et dans les agglomérations », a alerté Hervé Marseille.
A ses interlocuteurs du jour, Élisabeth Borne a par ailleurs fourni quelques éléments du calendrier parlementaire à venir. Aucune surprise dans la liste des textes importants qui seront bientôt débattus : le projet de loi de programmation sur l’énergie (qui doit être adoptée d’ici au début de l’été), le projet de loi de programmation militaire mais aussi, « vraisemblablement », la loi d’orientation agricole. Une concertation depuis décembre est en cours avec les acteurs concernés. Hervé Marseille n’a pas cité le projet de loi sur l’immigration, reporté sine die il y a deux semaines.
Quant à la nouvelle méthode promise, le président de l’Union centriste a rappelé l’engagement renouvelé du gouvernement. « La Première ministre nous a indiqué son souhait d’approfondir le dialogue avec le Parlement, avec les deux chambres, pour mieux travailler les textes en perspective, car c’est nécessaire. »