Marseille: Protests after Nahel’s murder

Violences urbaines : quel est le profil des émeutiers ?

Le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur les émeutes qui ont enflammé le pays à la fin juin 2023 dessine une première image du profil des émeutiers : jeune, français et primo délinquant.
Simon Barbarit

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Quelques semaines après les émeutes déclenchées par la mort du jeune Nahel Merzouk, 17 ans, tué à bout portant par un policier, lors d’un contrôle routier, une question avait taraudé la droite sénatoriale. Quel était le profil des responsables de ces violences urbaines qui ont touché, en onze jours, 672 communes dans 95 départements causant près d’un milliard d’euros de dommages.

Une question qui avait conduit le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau à tenir des propos polémiques lorsqu’il avait évoqué « une sorte de régression vers les origines ethniques » de la part des jeunes de « la deuxième et troisième génération » d’immigrés.

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur ces émeutes. Gérald Darmanin avait rapporté que seules 10 % des personnes interpellées étaient de nationalité non française. Une statistique qui n’avait pas convaincu la sénatrice LR, Jacqueline Eustache-Brinio. « La plupart des gens arrêtés sont Français. D’accord. Mais ça ne veut plus rien dire aujourd’hui. Ils sont comment Français ? », avait-elle interrogé. Poussant le ministre à user d’une image plus éloquente. « Oui, il y a des gens qui, apparemment, pourraient être issus de l’immigration mais il y avait aussi beaucoup de Kevin et de Matteo ».

« Près de trois quarts des mineurs déférés sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur »

10 mois plus tard, le rapport de la commission d’enquête du Sénat ne répond pas aux interrogations de la sénatrice,mais atténue quelque peu les informations de Gérald Darmanin sur la nationalité des émeutiers. 71 % sont de nationalité française y est-il précisé. S’appuyant sur des données issues des travaux de l’Inspection générale de l’administration (IGA) et de l’Inspection générale de la justice (IGJ) et de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), le rapport met en évidence certaines caractéristiques propres aux auteurs de ces violences urbaines. Le profil type de l’émeutier serait « un homme, de nationalité française, âgé de 23 ans en moyenne, célibataire, sans enfant, hébergé souvent par ses parents, ayant un diplôme de niveau secondaire, maximum baccalauréat, plutôt en activité ». A noter que 91 % des auteurs sont des hommes.

La commission d’enquête nuance aussi la « marginalité sociale » des émeutiers. « D’après les données disponibles, près de 60 % des personnes interpellées sont des primo-délinquants, ce chiffre s’élevant à plus de 68 % s’agissant des mineurs déférés » dont « près de trois-quarts sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur », peut-on lire.

Données insuffisantes

Toutefois, la commission précise que « les données disponibles demeurent fort insuffisantes ». « N’ont été pris en considération dans ces premières analyses que les individus qui ont été appréhendés par les forces de sécurité intérieure et jugés dans les premières semaines suivant les émeutes », précisent les élus en rappelant que « le travail d’enquête judiciaire se poursuit et concerne souvent des personnes connues des services de police ».

En conclusion, les sénateurs considèrent que « la jeunesse et la surreprésentation des primo-délinquants parmi les personnes condamnées pourraient – au moins partiellement – être relativisées à mesure que les enquêtes concernant les faits les plus graves aboutiront ». C’est pourquoi, la commission d’enquête recommande au gouvernement de « mieux exploiter les données dont il dispose afin de produire une véritable analyse du profil des émeutiers, démarche indispensable pour comprendre les dynamiques qui ont été à l’œuvre à l’été 2023 ».

 

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« On va de la cage d’escalier à l’international », explique le nouveau directeur général de la police nationale, Louis Laugier, devant la commission des lois du Sénat lorsqu’il évoque la lutte contre le narcotrafic. Si la nomination de Louis Laugier a fait l’objet de négociations entre Bruno Retailleau et Emmanuel Macron, l’audition portait essentiellement sur la proposition de loi relative au narcotrafic qui sera examinée à partir de janvier au Sénat. Le texte fait suite à la commission d’enquête présidée par Etienne Blanc (LR) et dont le rapporteur était Jérôme Durain (PS). Un texte particulièrement attendu alors que le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a multiplié les gages de fermeté dans la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée.   Comme les sénateurs, le Directeur général de la police nationale décrit un phénomène en hausse, un « marché des stupéfiants en expansion, une forte demande des consommateurs et une offre abondante ». La criminalité organisée connaît d’ailleurs un certain nombre d’évolutions comme la multiplication des violences liées au trafic y compris dans des villes moyennes, ou encore le rajeunissement des acteurs.  « Je souhaiterais préciser que la France n’est pas dans une situation singulière. En effet, tous les Etats de l’UE sont confrontés à des situations identiques », prévient néanmoins Louis Laugier. Néanmoins, les chiffres présentés sont vertigineux avec notamment 44,8 tonnes de cocaïne saisies en 2024 (contre 23,2 tonnes en 2023). Le directeur général rapporte également que 434 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre 2020 pour stupéfiants.   « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères »   Pour répondre à ce phénomène massif, l’Office anti-stupéfiants (Ofast) a été mis en place en 2019. Cette agence regroupe des effectifs issus de différents services, notamment des douanes et de la police judiciaire. Alors que le rapport sénatorial propose de revoir le fonctionnement de l’Ofast pour en faire une « DEA à la française », Louis Laugier défend l’efficacité de l’agence. « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères […] le rôle de coordination de l’Ofast est réel, grâce à son caractère interministériel et son maillage territorial dense », avance le directeur général de la police nationale. Ce dernier souligne également le doublement des effectifs depuis 2020 et la présence des services sur tout le territoire grâce aux 15 antennes de l’Ofast et aux cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) présentes dans chaque département. Louis Laugier a également défendu la souplesse de ce dispositif, affirmant qu’il n’était pas nécessaire d’inscrire les CROSS dans la loi.   Le sénateur Jérôme Durain regrette néanmoins la faible implication des services de Bercy dans l’Ofast et souligne la nécessité de les mobiliser pour continuer de développer les enquêtes patrimoniales. « L’aspect interministériel de l’Ofast, est déjà pris en compte avec les douanes, mais on peut continuer à renforcer la coopération avec les services de Bercy », reconnaît Louis Laugier. Toutefois, le directeur général de la police nationale met en exergue la progression des saisies d’avoirs criminels. « 75,3 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis en 2023. Il y a eu une hausse de 60 % entre 2018 et 2023, traduisant une inflexion profonde de la stratégie de la police en ce domaine avec un développement des enquêtes patrimoniales », argumente Louis Laugier. 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