Dans un communiqué, la commission des Affaires étrangères du Palais du Luxembourg déplore le « désarmement informationnel » engagé par le budget 2025 avec une réduction de 10 millions d’euros à l’audiovisuel extérieur. En conséquence, les élus ont voté un amendement de transfert de crédits de 5 millions d’euros de France Télévisions à France Médias Monde (RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya).
Violences urbaines : quel est le profil des émeutiers ?
Par Simon Barbarit
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Quelques semaines après les émeutes déclenchées par la mort du jeune Nahel Merzouk, 17 ans, tué à bout portant par un policier, lors d’un contrôle routier, une question avait taraudé la droite sénatoriale. Quel était le profil des responsables de ces violences urbaines qui ont touché, en onze jours, 672 communes dans 95 départements causant près d’un milliard d’euros de dommages.
Une question qui avait conduit le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau à tenir des propos polémiques lorsqu’il avait évoqué « une sorte de régression vers les origines ethniques » de la part des jeunes de « la deuxième et troisième génération » d’immigrés.
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur ces émeutes. Gérald Darmanin avait rapporté que seules 10 % des personnes interpellées étaient de nationalité non française. Une statistique qui n’avait pas convaincu la sénatrice LR, Jacqueline Eustache-Brinio. « La plupart des gens arrêtés sont Français. D’accord. Mais ça ne veut plus rien dire aujourd’hui. Ils sont comment Français ? », avait-elle interrogé. Poussant le ministre à user d’une image plus éloquente. « Oui, il y a des gens qui, apparemment, pourraient être issus de l’immigration mais il y avait aussi beaucoup de Kevin et de Matteo ».
« Près de trois quarts des mineurs déférés sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur »
10 mois plus tard, le rapport de la commission d’enquête du Sénat ne répond pas aux interrogations de la sénatrice,mais atténue quelque peu les informations de Gérald Darmanin sur la nationalité des émeutiers. 71 % sont de nationalité française y est-il précisé. S’appuyant sur des données issues des travaux de l’Inspection générale de l’administration (IGA) et de l’Inspection générale de la justice (IGJ) et de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), le rapport met en évidence certaines caractéristiques propres aux auteurs de ces violences urbaines. Le profil type de l’émeutier serait « un homme, de nationalité française, âgé de 23 ans en moyenne, célibataire, sans enfant, hébergé souvent par ses parents, ayant un diplôme de niveau secondaire, maximum baccalauréat, plutôt en activité ». A noter que 91 % des auteurs sont des hommes.
La commission d’enquête nuance aussi la « marginalité sociale » des émeutiers. « D’après les données disponibles, près de 60 % des personnes interpellées sont des primo-délinquants, ce chiffre s’élevant à plus de 68 % s’agissant des mineurs déférés » dont « près de trois-quarts sont inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur », peut-on lire.
Données insuffisantes
Toutefois, la commission précise que « les données disponibles demeurent fort insuffisantes ». « N’ont été pris en considération dans ces premières analyses que les individus qui ont été appréhendés par les forces de sécurité intérieure et jugés dans les premières semaines suivant les émeutes », précisent les élus en rappelant que « le travail d’enquête judiciaire se poursuit et concerne souvent des personnes connues des services de police ».
En conclusion, les sénateurs considèrent que « la jeunesse et la surreprésentation des primo-délinquants parmi les personnes condamnées pourraient – au moins partiellement – être relativisées à mesure que les enquêtes concernant les faits les plus graves aboutiront ». C’est pourquoi, la commission d’enquête recommande au gouvernement de « mieux exploiter les données dont il dispose afin de produire une véritable analyse du profil des émeutiers, démarche indispensable pour comprendre les dynamiques qui ont été à l’œuvre à l’été 2023 ».