Illustration greve SNCF

Une proposition de loi visant à encadrer le droit de grève dans les transports adoptée en commission

Présentée ce mercredi 3 avril en commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, la proposition de loi « visant à concilier la continuité du service public de transports avec l’exercice du droit de grève », a été votée par la majorité de ses membres. Un premier examen réussi avant le vote en séance publique, mardi 9 avril prochain.
Alexis Graillot

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Une loi pour encadrer l’exercice du droit de grève dans les transports ? C’est en tout cas l’ambition de Philippe Tabarot, sénateur LR des Alpes-Maritimes et rapporteur de la loi. Annoncée par l’élu lui-même dans l’émission Dialogue Citoyen le 28 mars dernier sur Public Sénat, juste après son dépôt par le chef de file des sénateurs centristes, Hervé Marseille, le texte se fixe notamment pour objectif d’« assurer une conciliation équilibrée entre le droit de grève et d’autres droits et libertés constitutionnels ».

Ce mercredi matin, le texte a été voté en commission, laissant présager une adoption la semaine prochaine au Sénat, sous réserve de son passage au Conseil Constitutionnel … et de son inscription à l’Assemblée nationale.

« Sanctuariser certaines périodes emblématiques, comme celle des grands départs en vacances »

Soutenant que « les grèves ne peuvent en effet pas porter une atteinte disproportionnée à la liberté d’aller et venir et à l’ordre public », le texte souhaite encadrer celui-ci, en suspendant son exercice sur des périodes sanctuarisées, faisant notamment référence aux périodes de « grands départs en vacances », dans la limite de 60 jours par an.

Soulignant en outre que « les mouvements de grève ont de regrettables répercussions sur les mobilités quotidiennes des usagers qui empruntent chaque jour les transports collectifs pour se rendre sur leur lieu de travail », la proposition de loi a également souhaité intégrer la « mise en place effective d’un service minimum, notamment aux heures de pointe, s’adossant, sous certaines conditions, à un dispositif de réquisition afin de fiabiliser l’utilisation des transports en commun ».

Le texte veut également s’attaquer aux « détournements » de l’exercice du droit de grève, en luttant contre le « recours abusif aux préavis dormants ». A ce titre, par voie d’amendement, la commission a ajouté au texte une disposition permettant de limiter la durée d’un préavis de grève, à 30 jours.

Un texte inconstitutionnel ?

A la fois reconnu comme droit constitutionnel et principe à valeur constitutionnelle, le droit de grève bénéficie d’une protection renforcée dans notre patrimoine juridique. Néanmoins, dans sa décision du 25 juillet 1979, le Conseil Constitutionnel a posé des « limites » à l’exercice de ce droit, laissant ainsi au législateur, la liberté de « tracer celles-ci en opérant la conciliation nécessaire entre la défense des intérêts professionnels, dont la grève est un moyen, et la sauvegarde de l’intérêt général auquel la grève peut être de nature à porter atteinte ».

Reste à savoir si la haute juridiction estimera, en cas de vote positif la semaine prochaine dans l’hémicycle, que cet encadrement est « nécessaire » et « proportionné ». La France rejoindrait ainsi l’Italie qui a adopté un tel dispositif, il y a déjà plus d’une trentaine d’années. Mais avant tout, il devra être inscrit puis débattu à l’Assemblée nationale. Rien n’est moins sûr étant donné qu’une proposition analogue avait été déposée en 2020 par le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Votée au palais du Luxembourg, elle n’était jamais arrivée jusqu’au palais Bourbon.

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Cette agence regroupe des effectifs issus de différents services, notamment des douanes et de la police judiciaire. Alors que le rapport sénatorial propose de revoir le fonctionnement de l’Ofast pour en faire une « DEA à la française », Louis Laugier défend l’efficacité de l’agence. « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères […] le rôle de coordination de l’Ofast est réel, grâce à son caractère interministériel et son maillage territorial dense », avance le directeur général de la police nationale. Ce dernier souligne également le doublement des effectifs depuis 2020 et la présence des services sur tout le territoire grâce aux 15 antennes de l’Ofast et aux cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) présentes dans chaque département. Louis Laugier a également défendu la souplesse de ce dispositif, affirmant qu’il n’était pas nécessaire d’inscrire les CROSS dans la loi.   Le sénateur Jérôme Durain regrette néanmoins la faible implication des services de Bercy dans l’Ofast et souligne la nécessité de les mobiliser pour continuer de développer les enquêtes patrimoniales. « L’aspect interministériel de l’Ofast, est déjà pris en compte avec les douanes, mais on peut continuer à renforcer la coopération avec les services de Bercy », reconnaît Louis Laugier. Toutefois, le directeur général de la police nationale met en exergue la progression des saisies d’avoirs criminels. « 75,3 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis en 2023. Il y a eu une hausse de 60 % entre 2018 et 2023, traduisant une inflexion profonde de la stratégie de la police en ce domaine avec un développement des enquêtes patrimoniales », argumente Louis Laugier. Interrogé par la présidente de la commission des lois, Muriel Jourda (LR), sur les améliorations législatives à apporter, Louis Laugier évoque la possibilité de recourir à des confiscations provisoires tout en prenant soin d’insister sur la difficulté juridique d’une telle évolution et notamment son risque d’inconstitutionnalité.   Le directeur général de la police nationale défend l’utilité des opérations « place nette »   Dans leur rapport, les sénateurs Jérôme Durain et Etienne Blanc mettaient en avant la nécessité de renforcer la lutte contre la criminalité en augmentant la capacité de saisies des avoirs plutôt qu’en démantelant les points de deal. Les sénateurs n’avaient pas manqué d’égratigner l’efficacité des opérations « places nettes » déplorant les faibles niveaux de saisies (moins de 40 kg de cocaïne et quelques millions d’euros) au regard des effectifs mobilisés (50 000 gendarmes et policiers) entre le 25 septembre 2023 et le 12 avril 2024. Des réserves renouvelées par Jérôme Durain pendant l’audition. « En un an les services de la DGPN ont initié 279 opérations de cette nature qui ont conduit à l’interpellation de 6 800 personnes, la saisie de 690 armes, de 7,5 millions d’euros d’avoirs criminels et plus d’1,7 tonne de stupéfiants », avance Louis Laugier. « Le fait d’avoir une opération où on affiche un effet ‘force’ sur le terrain est important », poursuit le directeur général de la police nationale qui dit avoir conscience que ces opérations « ne se suffisent pas à elles-mêmes ».   Plusieurs pistes absentes de la proposition de loi   Au-delà de l’approche matérielle, Louis Laugier insiste sur le besoin de renforcement des moyens d’enquêtes et de renseignement, notamment humains ainsi que l’adaptation du cadre législatif. 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