Ce matin, Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé sa volonté qu’une loi spéciale soit déposée dans les prochains jours au Parlement, quelles seront les modalités de son examen devant les deux assemblées parlementaires ? Les élus pourront-ils déposer des amendements sur le texte ? Un gouvernement démissionnaire peut-il défendre un tel texte ? Explications.
Sécurité des JO 2024 : « La vidéoprotection augmentée ne sera pas optimum », révèle un rapport du Sénat
Par Simon Barbarit
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La loi du 19 mai 2023 relative aux Jeux Olympiques, dite loi « JOP », prévoyait une série de dispositifs exceptionnels pour assurer sa sécurisation. Afin de veiller au bon déploiement des mesures permises par ce texte, la commission des lois du Sénat avait annoncé, mercredi 15 novembre, le lancement d’une mission de suivi, pilotée par la sénatrice Agnès Canayer (Les Républicains), rapporteure du texte « JOP », et la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie.
« Nous serons prêts le moment donné »
Les sénatrices présentaient, mercredi soir, leur rapport et leurs 55 préconisations fruit de 95 auditions et de 5 déplacements. « Il y a une maîtrise globale des dispositifs de sécurisation et une anticipation. Sachant qu’il n’y a pas de risque zéro, nous pensons que nous sommes sur la bonne voie et que nous serons prêts le moment donné pour que ces Jeux Olympiques et Paralympiques soient une véritable fête du sport », a indiqué Agnès Canayer en introduction.
En matière de sécurité, les compétences sont partagées entre le COJOP (Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris) et les pouvoirs publics, en application du contrat de ville-hôte. « Une comitologie foisonnante » qui avait un temps inquiété les élues. « Le préfet de police est l’autorité unique de commandement au-dessus duquel se trouve le ministre de l’Intérieur », a rappelé Marie-Pierre de la Gontrie. Une de leurs préconisations insiste, à ce titre, sur la nécessité de déployer dans les plus brefs délais une campagne informationnelle claire, précise et récurrente à Paris et sur les autres sites concernés par les épreuves ; afin de faciliter la compréhension et l’adhésion des citoyens sur les mesures de sécurité déployées.
Sur ce point, on note que Gérald Darmanin a devancé la préconisation en présentant cette semaine les mesures de sécurité mises en place à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, le 26 juillet.
L’évènement qui va mobiliser 45 000 personnels des forces de sécurité intérieure en Île-de-France où sont attendus 13 à 14 millions de visiteurs nécessitera pour le Sénat la mise en place « de points d’accès aux droits et d’information quant à la prise en charge des victimes, notamment par la présence de commissariats mobiles ».
Une autre interrogation portait sur les besoins en sécurité privée. La Cour des comptes avait évalué l’année dernière, les besoins du COJOP à 17 000 agents de sécurité par jour en moyenne durant les Jeux. « Aujourd’hui, 97 % des lots sont attribués […] Les entreprises nous disent qu’elles seront au rendez-vous mais nous ne le saurons qu’au dernier moment ». Le risque, c’est que les personnels considèrent au dernier moment que c’est trop compliqué de venir le jour J à un endroit donné parce qu’ils ne savent pas comment se déplacer, ou où ils vont être logés », a mis en avant Agnès Canayer. C’est pourquoi le rapport préconise aux entreprises de sécurité privée de systématiser la reconnaissance des lieux, sur les sites olympiques dont la livraison est achevée, afin d’identifier rapidement les besoins de sécurisation et d’organiser des formations sur site.
« Aucune utilisation des scanners à ondes millimétriques »
Le point fort de la loi JOP consistait à expérimenter la vidéosurveillance intelligente pour surveiller les foules et le déploiement de scanners corporels à l’entrée des stades. Les sénatrices ont assisté, il y a un mois, à une expérimentation portant sur 6 caméras lors d’un concert du groupe Dépêche Mode. Et elles considèrent que ce déploiement « est loin des objectifs fixés ». « La vidéoprotection augmentée ne sera pas optimum au moment des JO. Mais les JO seront un grand terrain de jeux pour l’expérimenter », a regretté Agnès Canayer qui souligne par ailleurs « qu’il faudra plus de forces de sécurité intérieure ou de forces de sécurité privée pour compenser ce défaut d’outils technologique ». Elle annonce également qu’il n’y aura « aucune utilisation des scanners à ondes millimétriques ».
Enfin, les élues ont tiré les conséquences du fiasco de la finale de la Champions League de 2022 organisée au Stade de France et demandent la généralisation « de billets infalsifiables, aisément contrôlables et « intelligents », « permettant de diriger à tout moment les spectateurs sur des points d’accès en fonction de l’affluence ou d’une situation de crise sur un point ».
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