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Interdiction du port du voile dans les compétitions sportives : « Il y avait une demande de la part des fédérations sur la question du séparatisme religieux »

Alors qu’au Sénat une proposition de loi a été votée sur l’interdiction des signes religieux dans les compétitions sportives, un rapport du ministère de l’Intérieur, révélé par Mediapart le 28 mars dernier vient démontrer qu’il n’existe pas de « phénomène structurel ni même significatif de radicalisation, ou de communautarisme dans le sport ». Interrogés, les auteurs du texte de loi indiquent qu’il « fallait légiférer avant que le phénomène ne prenne de l’ampleur ».
Marius Texier

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« C’est expertise contre expertise », lance Stéphane Piednoir, sénateur Les Républicains et rapporteur de la proposition de loi sur le respect du principe de laïcité dans le sport. « Je veux bien que Mediapart en fasse tout un pataquès », abonde le sénateur Les Républicain Michel Savin, initiateur du texte. « Mais de mon côté, j’ai eu des retours d’acteurs sur le terrain, de professionnels, de fédérations qui pointent un vrai problème de séparatisme ».

Mediapart a dévoilé un rapport réalisé par le ministère de l’Intérieur sur la radicalisation dans le sport associatif. Il révèle qu’aucune donnée chiffrée ne peut montrer l’existence d’un lien entre sport et radicalisation : « Les données collectées en entretien échouent à montrer un phénomène structurel ni même significatif de radicalisation ou de communautarisme dans le sport ».

Dès lors, le rapport vient infirmer le constat dressé par le texte voté au Sénat le 18 février dernier qui vise notamment à interdire le port de signes religieux dans les compétitions organisées par les fédérations sportives et associations affiliées ». Dans l’hémicycle, les sénateurs de gauche ont accusé le texte de stigmatiser les personnes de confession musulmane.

123 entretiens réalisés dans le rapport

« Si la proposition de loi posait un problème, les fédérations nous auraient alertées », pointe Michel Savin. « Or, aucune fédération n’a manifesté son opposition sur mon texte ». Le rapporteur Stéphane Piednoir ajoute : « Il y avait une demande de la part des fédérations sur la question du séparatisme religieux. La preuve, certaines ont déjà pris des initiatives comme dans le football, le basket-ball et le volley ».

Le rapport du ministère de l’Intérieur semble indiquer le contraire. Surnommé « SPORAD », il se base sur 123 entretiens réalisés, 32 fédérations consultées et des données recueillies auprès des services de renseignement et indique : « Les données collectées ne permettent pas de soutenir un rôle spécifique de la pratique sportive en soi ou de l’association sportive dans la radicalisation ».

0,03 % des clubs sportifs touchés par le séparatisme

« Le rapport révélé par Mediapart n’est pas récent. C’étaient déjà des éléments que nous avions dans le viseur, que l’on avait regardés », précise Stéphane Piednoir. Cependant, les deux auteurs du texte ne sont pas arrivés aux mêmes conclusions malgré des chiffres relativement similaires. Dans leur texte, les sénateurs relèvent « 127 clubs séparatistes » en France parmi les 364 000 associations sportives que compte le pays. 0,03 % des clubs sportifs seraient ainsi touchés par le séparatisme religieux. Le rapport du ministère de l’Intérieur table quant à lui sur 62 associations sportives séparatistes. Des chiffres relativement proches qui mènent pourtant à des interprétations différentes.

« Je ne remets pas en cause les travaux du rapport dévoilé par Mediapart », prévient Michel Savin. « Mais nous de notre côté nous sommes arrivés à une autre conclusion. Nous avons eu en audition, Médéric Chapitaux, spécialiste des questions de radicalisation dans le sport et qui est venu confirmer les alertes. Le boxeur iranien Mahyar Monshipour nous a également alarmé sur le sujet ». Le sénateur de l’Isère rassure : « Je ne suis pas tout seul dans mon coin à fantasmer sur ce sujet ».

« Peu c’est déjà trop »

Pour autant, fallait-il légiférer sur le sujet ? Pour Stéphane Piednoir, ce n’est pas le nombre de signalements qui importe : « Même s’il n’y avait eu qu’un seul signalement, il aurait fallu se saisir du sujet. Moi je pense qu’il y a un sujet ». Son collègue confirme : « Peu c’est déjà trop. Il vaut mieux réagir et prendre des dispositions avant que le phénomène ne prenne de l’ampleur ».

« Le sport est un lieu d’exposition, en particulier pour les plus jeunes », pointe Stéphane Piednoir. « Le séparatisme est un fait grave. Dans les clubs sportifs, l’usage du voile devient régulier et celles qui ne souhaitent pas le porter sont alors exclues ». Selon lui, la stigmatisation est à voir des deux côtés : « On ne se pose qu’assez rarement la question de stigmatisation de ceux qui n’acceptent pas de vivre dans une communauté. Si l’on accepte que certains portent des signes distinctifs, cela met en porte à faux ceux qui sont gênés. La meilleure façon de conserver tout le monde c’est la neutralité ».

Le 19 mars, lors des questions d’actualité au gouvernement, Aurore Bergé a assuré l’inscription du texte à l’ordre du jour de l’Assemblée. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin et le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ont fait de l’interdiction du port de signes religieux dans les compétitions sportives l’une de leurs priorités.

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