Dans un communiqué, la commission des Affaires étrangères du Palais du Luxembourg déplore le « désarmement informationnel » engagé par le budget 2025 avec une réduction de 10 millions d’euros à l’audiovisuel extérieur. En conséquence, les élus ont voté un amendement de transfert de crédits de 5 millions d’euros de France Télévisions à France Médias Monde (RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya).
Paroles de nouveaux sénateurs : « L’Etat ne fait pas assez pour les collectivités locales », déplore Pierre-Alain Roiron
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Quel est votre parcours avant d’arriver au Sénat ?
Je suis tourangeau d’origine. J’ai une maîtrise de droit public de l’université de Tours et j’ai travaillé comme chargé de mission au ministère des Finances à partir de 2002. Dans ce cadre, j’ai notamment été attaché parlementaire de Christian Pierret, lorsqu’il était secrétaire d’Etat à l’Industrie [Christian Pierret a été secrétaire d’Etat à l’Industrie de juin 1997 à février 2002 dans le gouvernement Jospin, avant de devenir ministre délégué à l’Industrie, aux PME, au Commerce, à l’Artisanat et à la Consommation jusqu’en mai 2002, NDLR].
J’ai été élu sénateur à 55 ans. Avant cela, j’ai été maire de la commune de Langeais à partir de 2008, réélu à deux reprises. Je suis aussi conseiller régional depuis 2010. On dit souvent qu’au Sénat, les élus sont aussi élus localement, c’est mon cas. J’ai eu d’autres mandats locaux : j’ai été président d’intercommunalité, vice-président des pompiers d’Indre-et-Loire chargé des finances, premier vice-président de l’Association des maires d’Indre-et-Loire et membre du bureau de l’Association des maires de France, vice-président à l’éducation. Beaucoup de mandats locaux, trois fois à la mairie.
Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux élections sénatoriales ?
L’expérience que j’ai eue par des mandats locaux, m’a fait voir que l’Etat ne fait pas assez pour les collectivités locales. La verticalité est trop importante, on les responsabilise sans donner les moyens aux élus locaux. Je pense qu’il faut faire bouger les lignes. Les questions sociales, environnementales, internationales, m’intéressent profondément, mais les collectivités locales et les financements qui leur sont alloués ne sont pas assez importants. Je voulais comprendre pourquoi on ne donne pas les moyens nécessaires et durables dans le temps pour faire de la décentralisation. Cela semble incompréhensible, parce que souvent, les collectivités sont bien gérées. C’est une des raisons qui m’a poussé à être candidat aux élections sénatoriales et pas aux élections législatives. Je voulais me mettre au service des municipalités et des citoyens, pouvoir mieux porter les positions des collectivités territoriales au sein du Sénat et être en capacité, avec les collègues maires, de leur expliquer comment ça se passe.
Avez-vous le sentiment d’avoir pu faire tout cela depuis votre élection en septembre 2023 ?
En un an, j’ai rencontré toutes les intercommunalités, j’ai rencontré plus d’une centaine de maires sur les 270 du département. Je vais tenir Conseil des territoires pour pouvoir les aider dans les propositions de loi que je pouvais porter, et leur expliquer comment la question du statut de l’élu, des secrétaires de mairie, par exemple, étaient traités au Sénat.
Comment avez-vous vécu votre arrivée au Sénat ?
L’ambiance au sein du groupe socialiste est très sympathique. Dès le début, ils nous ont fait confiance. L’objectif du groupe a été qu’avant Noël, tout nouveau sénateur pose une question au gouvernement. J’en ai posé trois : une sur la situation des Ehpad, une sur le calcul du diagnostic de performance énergétique et une sur la réforme de la fonction publique voulue par Stanislas Guerini. Je siège par ailleurs à la commission des lois, qui était l’une de mes commissions de prédilection, avec la commission des finances.
Avec les sénateurs des autres groupes de la commission des lois c’est sympathique. Nous pouvons travailler en bonne entente, discuter entre nous, et écouter les avis des uns et des autres.
Quel texte retenez-vous de votre première année au Sénat ?
Le sujet qui m’a beaucoup étonné et tendu, c’est le vote de la loi immigration. Moi qui avais le sentiment que le Sénat était surtout une chambre chrétienne-démocrate, je me suis retrouvé face à des gens dont certains propos n’auraient pas été complètement reniés par Marine Le Pen ou Jordan Bardella. La preuve, le RN a voté le texte quand il est passé à l’Assemblée nationale. J’ai été très choqué. Les gens de droite expliquaient au Sénat que voter ce texte ralentirait le Rassemblement National, force est de constater après les législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet que ce n’est pas le cas.
Un autre texte m’a marqué, c’est celui sur l’écriture inclusive [En octobre 2023, le Sénat a adopté une proposition de loi issue des Républicains visant à restreindre l’utilisation de l’écriture inclusive, NDLR]. Je trouve qu’on a fait beaucoup de bazar sur ce sujet. Pour une personne de ma génération, le sujet de l’égalité femmes-hommes, cela ne fait plus débat.
La période politique actuelle est très incertaine et inédite, quelle analyse en faites-vous, en particulier du rôle du Parlement ?
La Vème est un régime très présidentiel qui va sûrement passer à un régime beaucoup plus parlementaire. A titre personnel, je suis pour. Je pense que le Parlement n’a pas assez de pouvoir dans notre pays. On le voit bien aujourd’hui. Il faut qu’on puisse avancer sur un certain nombre de choses, notamment la question du pouvoir d’achat, ou encore des retraites.
Sur quels sujets voulez-vous travailler à la rentrée ?
J’avais commencé à travailler sur le rapport Woerth [Éric Woerth, alors député Renaissance, a remis en mai 2024 un rapport sur la décentralisation sur demande d’Emmanuel Macron, NDLR]. Il y a un certain nombre d’aspects sur lesquels on pourrait donner des responsabilités aux collectivités locales, surtout dans le contexte politique que nous vivons, avec un pays moins jacobin, et des moyens pour les régions, les départements et le bloc communal. Par ailleurs, J’ai été chef de file à l’automne 2023 sur les crédits des collectivités locales dans le projet de loi de finances, je souhaite continuer à travailler sur cette question.
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