Paroles de nouveaux sénateurs : « Au Sénat ça va vite, je pensais que le rythme serait moins soutenu », affirme Raphaël Daubet 

Raphaël Daubet a été élu sénateur du Lot en 2023. Membre des radicaux de gauche, ce proche de Jean-Claude Requier (ancien président du groupe RDSE au Sénat) a renoncé à son fauteuil de maire de Martel pour siéger à la chambre haute. Il revient pour nous sur sa première année de mandat.
Samia Dechir

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Qu’est-ce qui vous a surpris au Sénat ?

 

Peut-être le rythme de l’ordre du jour, des séances, et l’importance des sujets qu’on peut embrasser quand on est sénateur. Difficile de faire les bons choix et de trouver ses priorités. Je pensais que c’était un rythme moins soutenu, qui permettait plus de prendre le temps de la réflexion et du travail, parfois ça va vite, il faut savoir se concentrer sur des thématiques, des textes.

 

Est-ce qu’il y a au contraire des clichés qui se sont vérifiés sur le Sénat ?

 

(Rires) On mange bien !

 

Est-ce qu’il y a un texte qui vous a marqué ?

 

Oui, il y a eu des textes très importants depuis que je suis arrivé, je pense évidemment à la loi immigration, il y a eu des débats extrêmement denses, riches et importants pour notre pays. Il y a eu la loi de finances, et puisque je siège à la commission des Finances, j’ai tout de suite démarré le marathon budgétaire dès que j’ai été élu, avec la difficulté que ça représentait en termes de complexité et de compréhension des sujets. Ça a été une première de formation pour moi. Et puis il y a eu tout le travail que j’ai mené aussi sur l’aide publique au développement puisque je suis rapporteur spécial sur ce sujet, que je connaissais relativement mal et que j’ai découvert depuis un an.

 

Vous parliez de la loi immigration sur laquelle les débats ont été très durs, ça vous a surpris ?

 

Très durs oui, mais ça ne m’a pas surpris. Je savais que c’était un texte qui allait provoquer des clivages au sein de notre hémicycle. Les débats étaient relativement durs mais tout même respectueux au Sénat, et je pense qu’ils ont permis de poser de vraies questions politiques. Au demeurant j’ai voté contre.

 

Depuis votre élection l’an dernier, est-ce que vous avez pu faire voter des textes ou des amendements ?

 

Moi j’ai beaucoup de sujets de prédilection, mais je suis rentré au Sénat avec une certaine humilité quand-même. Je trouve que le travail parlementaire est un travail difficile. C’est difficile de faire cette transition entre l’élu local que l’on est, qui est un élu de terrain, qui porte des projets, et l’exercice d’être parlementaire qui est tout autre. Donc il faut accepter cette transition, changer un peu de vie. Ce qui est quand-même extraordinaire c’est d’avoir pu passer une première année dans ce moment qui est historique pour notre pays qui traverse une crise majeure, mais en même temps passionnante. Les élus ont une responsabilité, individuellement et collectivement, donc je vais surtout essayer d’exercer ma mission de sénateur avec le plus de sérieux et d’engagement possible.

 

Vous dites avoir dû changer de vie, comment partagez-vous votre temps entre Paris et le Lot ?

 

Je pars en général du Lot le lundi et je rentre le jeudi soir, donc je passe quatre jours à Paris. Les trois jours qui restent, du vendredi au dimanche, je suis dans le Lot, dans ma circonscription, j’essaie d’être présent dans un maximum d’inaugurations, de manifestations possibles. J’organise aussi tous les vendredis en fin de matinée une réunion avec des élus d’un canton, ce qui me permet de garder ce lien très fort avec mon département.

 

Qu’est-ce que vous faisiez avant d’arriver au Sénat ?

 

J’étais élu local et chirurgien-dentiste, j’exerçais en cabinet avec deux associés. J’ai été obligé de cesser momentanément mon activité professionnelle pour pouvoir exercer pleinement mes fonctions de sénateurs. J’ai aussi dû renoncer à ma fonction de maire (de Martel) que j’ai transmise à l’un de mes adjoints, et à celle de président de communauté de communes.

 

Vous faites partie des radicaux de gauche, quel regard portez-vous sur la situation politique actuelle ?

 

Je suis assez critique sur le comportement des élus en général, tous bords politiques confondus, j’ai le sentiment qu’on donne un spectacle qui n’est pas celui qu’on devrait donner à nos concitoyens. J’ai le sentiment que le barrage républicain que j’ai moi-même appelé à faire dans mon département et qui a fonctionné risque de donner le sentiment à une partie des Françaises et Français qu’on les a floués. Si on n’est pas capable de trouver des coalitions et de gouverner ensemble, alors je crois que la faute politique sera impardonnable.

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La criminalité organisée connaît d’ailleurs un certain nombre d’évolutions comme la multiplication des violences liées au trafic y compris dans des villes moyennes, ou encore le rajeunissement des acteurs.  « Je souhaiterais préciser que la France n’est pas dans une situation singulière. En effet, tous les Etats de l’UE sont confrontés à des situations identiques », prévient néanmoins Louis Laugier. Néanmoins, les chiffres présentés sont vertigineux avec notamment 44,8 tonnes de cocaïne saisies en 2024 (contre 23,2 tonnes en 2023). Le directeur général rapporte également que 434 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre 2020 pour stupéfiants.   « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères »   Pour répondre à ce phénomène massif, l’Office anti-stupéfiants (Ofast) a été mis en place en 2019. Cette agence regroupe des effectifs issus de différents services, notamment des douanes et de la police judiciaire. Alors que le rapport sénatorial propose de revoir le fonctionnement de l’Ofast pour en faire une « DEA à la française », Louis Laugier défend l’efficacité de l’agence. « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères […] le rôle de coordination de l’Ofast est réel, grâce à son caractère interministériel et son maillage territorial dense », avance le directeur général de la police nationale. Ce dernier souligne également le doublement des effectifs depuis 2020 et la présence des services sur tout le territoire grâce aux 15 antennes de l’Ofast et aux cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) présentes dans chaque département. Louis Laugier a également défendu la souplesse de ce dispositif, affirmant qu’il n’était pas nécessaire d’inscrire les CROSS dans la loi.   Le sénateur Jérôme Durain regrette néanmoins la faible implication des services de Bercy dans l’Ofast et souligne la nécessité de les mobiliser pour continuer de développer les enquêtes patrimoniales. « L’aspect interministériel de l’Ofast, est déjà pris en compte avec les douanes, mais on peut continuer à renforcer la coopération avec les services de Bercy », reconnaît Louis Laugier. Toutefois, le directeur général de la police nationale met en exergue la progression des saisies d’avoirs criminels. « 75,3 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis en 2023. Il y a eu une hausse de 60 % entre 2018 et 2023, traduisant une inflexion profonde de la stratégie de la police en ce domaine avec un développement des enquêtes patrimoniales », argumente Louis Laugier. 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