PARIS – OCCUPATION SANS ABRI – GYMNASE JAPY- COLLECTIF REQUISITIONS

Logement : les communistes du Sénat déposent une proposition de résolution transpartisane pour « mettre fin au sans-abrisme des enfants »

Ce texte, co-signé par une cinquantaine de sénateurs issus des différents groupes politiques au sein de la Chambre haute, appelle le gouvernement à bâtir une loi de programmation de l’hébergement et du logement, avec une attention spécifique sur les enfants et les familles. En France, les associations estiment à plus de 2 000 le nombre d’enfants qui dorment chaque jour dans la rue.
Romain David

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« Tous les enfants doivent faire attention dans la rue. Surtout s’ils y vivent ». La Fondation Abbé Pierre, qui s’apprête à changer de nom pour devenir « La Fondation », lance ce mercredi 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, une campagne de sensibilisation autour du mal-logement des plus jeunes. En France, plus de 2 000 enfants vivent dans la rue, selon les chiffres de la fondation qui dévoile plusieurs visuels et un court métrage qui suit le quotidien bousculé d’un jeune garçon, Adem, dont la famille atterrit dans un centre d’hébergement d’urgence après une expulsion. Dans son dernier pointage, le baromètre « Enfants à la rue » réalisé par l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité, faisait état d’une augmentation de 120 % du nombre d’enfants sans-abri en France entre 2020 et 2024, dont 467 âgés de moins de trois ans.

C’est dans ce contexte que le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky (CRCE-K) du Sénat s’apprête à déposer une proposition de résolution « visant à mettre fin au sans-abrisme des enfants ». Ce texte à valeur de tribune – qui n’a pas de dimension contraignante à la différence d’un texte de loi -, est porté par la présidente du groupe, la sénatrice de la Loire Cécile Cukierman, et le sénateur PCF de Paris, Ian Brossat, spécialiste des questions de logement. Il est cosigné par une cinquantaine de parlementaires, issus de l’ensemble des groupes politiques qui siègent au Palais du Luxembourg.

La nécessité d’une loi de programmation sur le logement

« L’engagement pris par les gouvernements successifs de « ne plus avoir aucun enfant à la rue » reste une promesse non tenue », peut-on lire dans l’exposé des motifs de cette proposition de résolution, que Public Sénat a pu consulter.

Les élus y « appell [ent] le Gouvernement à adopter une loi de programmation de l’hébergement et du logement, incluant une attention spécifique aux enfants et aux familles ». Ils réclament notamment la mise en place « d’objectifs ambitieux en termes de production de logement abordables », alors que la construction de logements sociaux a enregistré une baisse importante ces dernières années, passant de 125 000 par an à 93 000 entre 2016 et 2023, toujours selon les chiffres de la Fondation Abbé Pierre.

Les sénateurs invitent également le gouvernement à engager une transformation du dispositif d’hébergement d’urgence, en particulier de l’offre de nuitées hôtelières, qu’ils estiment inadaptée « aux besoins spécifiques des familles ». Aujourd’hui, le parc d’hébergement d’urgence compte 205 000 places. En 2024, 58 % des personnes hébergées l’ont été à l’hôtel.

Pour les élus, il convient de « doter les services intégrés d’accueil et d’orientation et les structures d’hébergement de financements adaptés et sécurisés pour garantir un accompagnement global, sans rupture et prenant en considération les besoins spécifiques des enfants. »

Les alertes de la défenseure des droits

SI la loi du 5 mars 2007, parfois appelée loi DALO, instaure un droit au logement opposable, l’écart entre la législation et la situation sur le terrain demeure important. « En dépit de la consécration juridique d’un droit au logement et à l’hébergement opposables, plus de 42 000 enfants ont passé le mois d’août 2022 dans des hébergements d’urgence, des abris de fortune ou à la rue », note la défenseure des droits dans son rapport annuel sur les droits de l’enfant, publié ce 20 novembre, et centrée cette année sur l’impact de la crise environnementale et de la dégradation de l’environnement sur les plus jeunes.

Pour Claire Hédon, les politiques publiques mises en œuvre « ne tiennent pas suffisamment compte de la particulière vulnérabilité des enfants et l’aggravation des conséquences de la crise environnementale souligne le poids croissant que devront supporter les générations à venir ».

Son rapport pointe notamment l’inadaptation du logement aux bouleversements climatiques. « Lorsqu’ils ont un toit, de trop nombreux enfants sont encore contraints de vivre dans des logements indécents et insalubres. L’exposition à un habitat précaire, indigne ou dégradé est un phénomène massif en France, qui met en danger la santé des enfants », alerte-t-elle. 12 % des ménages français sont concernés par la précarité énergétique. Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, 70 % des habitants se disent confrontés à une température trop haute dans leur logement durant l’été et 52 % à des températures trop basses quand arrive l’hiver, selon un sondage Harris Interactive.

La défenseure des droits formule 20 préconisations dans son rapport. Parmi elles : la nécessité d’accélérer sur la rénovation du bâti scolaire et de l’ensemble des lieux qui accueillent des enfants, ou encore la prise en compte, dans les cahiers des charges applicables aux structures d’hébergement d’urgence, de normes relatives « au droit des enfants à un environnement sain ».

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« On va de la cage d’escalier à l’international », explique le nouveau directeur général de la police nationale, Louis Laugier, devant la commission des lois du Sénat lorsqu’il évoque la lutte contre le narcotrafic. Si la nomination de Louis Laugier a fait l’objet de négociations entre Bruno Retailleau et Emmanuel Macron, l’audition portait essentiellement sur la proposition de loi relative au narcotrafic qui sera examinée à partir de janvier au Sénat. Le texte fait suite à la commission d’enquête présidée par Etienne Blanc (LR) et dont le rapporteur était Jérôme Durain (PS). Un texte particulièrement attendu alors que le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a multiplié les gages de fermeté dans la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée.   Comme les sénateurs, le Directeur général de la police nationale décrit un phénomène en hausse, un « marché des stupéfiants en expansion, une forte demande des consommateurs et une offre abondante ». La criminalité organisée connaît d’ailleurs un certain nombre d’évolutions comme la multiplication des violences liées au trafic y compris dans des villes moyennes, ou encore le rajeunissement des acteurs.  « Je souhaiterais préciser que la France n’est pas dans une situation singulière. En effet, tous les Etats de l’UE sont confrontés à des situations identiques », prévient néanmoins Louis Laugier. Néanmoins, les chiffres présentés sont vertigineux avec notamment 44,8 tonnes de cocaïne saisies en 2024 (contre 23,2 tonnes en 2023). Le directeur général rapporte également que 434 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre 2020 pour stupéfiants.   « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères »   Pour répondre à ce phénomène massif, l’Office anti-stupéfiants (Ofast) a été mis en place en 2019. Cette agence regroupe des effectifs issus de différents services, notamment des douanes et de la police judiciaire. Alors que le rapport sénatorial propose de revoir le fonctionnement de l’Ofast pour en faire une « DEA à la française », Louis Laugier défend l’efficacité de l’agence. « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères […] le rôle de coordination de l’Ofast est réel, grâce à son caractère interministériel et son maillage territorial dense », avance le directeur général de la police nationale. Ce dernier souligne également le doublement des effectifs depuis 2020 et la présence des services sur tout le territoire grâce aux 15 antennes de l’Ofast et aux cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) présentes dans chaque département. Louis Laugier a également défendu la souplesse de ce dispositif, affirmant qu’il n’était pas nécessaire d’inscrire les CROSS dans la loi.   Le sénateur Jérôme Durain regrette néanmoins la faible implication des services de Bercy dans l’Ofast et souligne la nécessité de les mobiliser pour continuer de développer les enquêtes patrimoniales. « L’aspect interministériel de l’Ofast, est déjà pris en compte avec les douanes, mais on peut continuer à renforcer la coopération avec les services de Bercy », reconnaît Louis Laugier. Toutefois, le directeur général de la police nationale met en exergue la progression des saisies d’avoirs criminels. « 75,3 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis en 2023. Il y a eu une hausse de 60 % entre 2018 et 2023, traduisant une inflexion profonde de la stratégie de la police en ce domaine avec un développement des enquêtes patrimoniales », argumente Louis Laugier. Interrogé par la présidente de la commission des lois, Muriel Jourda (LR), sur les améliorations législatives à apporter, Louis Laugier évoque la possibilité de recourir à des confiscations provisoires tout en prenant soin d’insister sur la difficulté juridique d’une telle évolution et notamment son risque d’inconstitutionnalité.   Le directeur général de la police nationale défend l’utilité des opérations « place nette »   Dans leur rapport, les sénateurs Jérôme Durain et Etienne Blanc mettaient en avant la nécessité de renforcer la lutte contre la criminalité en augmentant la capacité de saisies des avoirs plutôt qu’en démantelant les points de deal. Les sénateurs n’avaient pas manqué d’égratigner l’efficacité des opérations « places nettes » déplorant les faibles niveaux de saisies (moins de 40 kg de cocaïne et quelques millions d’euros) au regard des effectifs mobilisés (50 000 gendarmes et policiers) entre le 25 septembre 2023 et le 12 avril 2024. Des réserves renouvelées par Jérôme Durain pendant l’audition. « En un an les services de la DGPN ont initié 279 opérations de cette nature qui ont conduit à l’interpellation de 6 800 personnes, la saisie de 690 armes, de 7,5 millions d’euros d’avoirs criminels et plus d’1,7 tonne de stupéfiants », avance Louis Laugier. « Le fait d’avoir une opération où on affiche un effet ‘force’ sur le terrain est important », poursuit le directeur général de la police nationale qui dit avoir conscience que ces opérations « ne se suffisent pas à elles-mêmes ».   Plusieurs pistes absentes de la proposition de loi   Au-delà de l’approche matérielle, Louis Laugier insiste sur le besoin de renforcement des moyens d’enquêtes et de renseignement, notamment humains ainsi que l’adaptation du cadre législatif. Devant la commission des lois, le directeur général de la police nationale a tenu à saluer l’intérêt d’une réforme du statut de repenti, proposée par les sénateurs, pour élargir son périmètre aux crimes de sang. Le fonctionnaire détaille plusieurs mesures, absentes de la proposition de loi qui, selon lui, peuvent favoriser la lutte contre la criminalité organisée. Il souhaite notamment augmenter la durée des gardes à vue en matière de crime organisé pour les faire passer à 48 heures au lieu de 24, généraliser la pseudonymisation des enquêteurs ou encore faire entrer la corruption liée au trafic dans le régime de la criminalité organisée. Des propositions qu’il lie à une meilleure capacité d’écoute des policiers sur le terrain. « Il faut parler avec les personnes, vous avez entièrement raison. Ce travail-là peut avoir été occulté par l’action immédiate en réponse à la délinquance. Et donc oui je crois qu’il faut créer un lien. J’ai transmis des consignes dès que je suis entré en fonction », affirme Louis Laugier en réponse à une question de la sénatrice Corinne Narassiguin (PS).   Enfin, le directeur général de la police nationale plaide pour la création d’un nouveau cadre juridique et « d’une technique spéciale de captation des données à distance, aux fins de captation d’images et de sons relevant de la criminalité ou de la délinquance organisée ». Dans une décision du 16 novembre 2023, le Conseil constitutionnel avait néanmoins jugé inconstitutionnelle l’activation à distance des téléphones portables permettant la voix et l’image des suspects à leur insu. 

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