« La France est un parti de liberté où les femmes de confession musulmane portent ou ne portent pas le voile en fonction de leur desiderata même si elles peuvent subir des pressions », lance Patrick Kanner, sénateur socialiste à son collègue Stéphane Ravier. « Collabo », lui rétorque le sénateur non inscrit des Bouches-du-Rhône (ex Reconquête).
« Je faisais une explication de vote et derrière moi j’entendais éructer Stéphane Ravier mais sur le moment je n’ai pas entendu ce qu’il avait dit », relate le patron des sénateurs socialistes auprès de Public Sénat. L’insulte n’est par ailleurs pas retranscrite par les rédacteurs des comptes rendus.
C’est le sénateur LR, Laurent Burgoa, proche du siège de Stéphane Ravier dans l’hémicycle qui rapporte avoir bel et bien entendu l’expression de « collabo ». Sa collègue, Maryse Carrère, du groupe RDSE confirme également l’insulte proférée par Stéphane Ravier.
« J’aimerais une vérification et je me réserve le droit d’intervenir auprès des services de la présidence pour insulte à l’égard d’un parlementaire en séance », prévient Patrick Kanner après qu’on lui a rapporté la teneur des propos à son égard.
« Je suis fils de résistant »
Dans un premier temps, Stéphane Ravier nie avoir tenu de tels propos avant de se raviser et de le reconnaître. Il a par la suite présenté une lettre d’excuses à Patrick Kanner. Contacté, le sénateur des Bouches-du-Rhône n’a pas répondu aux sollicitations de Public Sénat.
Réuni de manière exceptionnelle ce jeudi 20 mars, le Bureau du Sénat, chargé des décisions concernant l’organisation et le fonctionnement interne de l’institution sénatoriale, a examiné l’incident. Après consultation, le président Gérard Larcher a décidé de prononcer à l’encontre de Stéphane Ravier un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal. Une sanction rare au Palais du Luxembourg.
Le président du Sénat a tenu à rappeler la responsabilité des sénateurs à « préserver la qualité » des débats du Sénat, « empreints de respect et d’écoute ».
« Je ne pouvais pas laisser passer une telle insulte, avec mon histoire personnelle », a expliqué Patrick Kanner. « Je suis fils de résistant ».
La sanction de rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal sera prononcée en séance mardi prochain à 14 h 30 par Gérard Larcher.