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Le gel du budget du Parlement était « nécessaire compte tenu de l’effort que le gouvernement demande aux Français » 

L’Assemblée nationale et le Sénat ont annoncé renoncer à la hausse de 1,7% de leur dotation, pour participer à l’effort de redressement des comptes publics. Du côté du Sénat, Gérard Larcher a laissé huit jours aux questeurs pour lui présenter un plan d’économies. Par ailleurs, la Chambre haute pourrait s’appuyer sur une réserve de 2 à 3 millions d’euros, épargnée sur le précédent exercice budgétaire.
Romain David

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Le Parlement n’échappera pas à la potion amère des économies. Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ont annoncé mardi qu’ils allaient renoncer à la hausse de la dotation prévue par l’Etat pour les deux chambres du Parlement, dotation qui aurait dû être indexée sur le taux d’inflation. Dans un communiqué commun, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher indiquent que les enveloppes dévolues au Palais Bourbon et au Palais du Luxembourg resteraient en 2025 aux niveaux de 2024, sans l’augmentation de 1,7 % initialement prévue. Le budget de l’Assemblée nationale est donc maintenu à 607,6 millions d’euros (contre les 618 millions initialement annoncés) et celui du Sénat à 353,5 millions d’euros (contre 359,5 millions).

Dans la foulée, la présidence de la République a également annoncé une économie de 3 millions d’euros sur son propre budget. Les crédits de l’Elysée devaient passer de 122,6 millions d’euros à 125,7 millions l’année prochaine, soit une augmentation de 2,5 %.

« À peine le projet de loi de finances 2025 a-t-il été publié jeudi dernier que les médias se sont emballé sur ce sujet. Nous avons regardé nos marges de manœuvre et nous avons proposé, en accord avec le président du Sénat, Gérard Larcher, cette économie », explique à Public Sénat le sénateur centriste de Haute-Loire Olivier Cigolotti, l’un des questeurs de la Haute assemblée. « Hausse du point d’indice des fonctionnaires, inflation… Je tiens à préciser que nous n’avions pas demandé une hausse de confort. Celle-ci était d’abord destinée à absorber les contingences auxquelles nous sommes soumis », insiste l’élu. Le budget des deux chambres avait d’ailleurs été négocié avant que ne soit connue l’ampleur du dérapage des comptes publics, qui devrait finalement s’établir à 6,1 % du PIB en fin d’année.

« Les différents groupes politiques sont intervenus pour obtenir ce gel. Tout le monde y était favorable », assure le sénateur des Hauts-de-Seine Hervé Marseille, chef de file des élus centristes du Sénat. « J’avais été scandalisée par cette annonce des hausses de nos budgets car nous devons faire preuve d’exemplarité quand le gouvernement demande des efforts aux collectivités », a réagi sur le réseau social X la sénatrice de l’Essonne (Les Indépendants) Laure Darcos. « Je me réjouis de ce changement de cap. »

» LIRE AUSSI – « C’est bienvenu qu’ils fassent aussi un effort » : Laurent Saint-Martin salue le gel du budget de l’Élysée et des assemblées parlementaires

Le poids du patrimoine et de l’administration

Gérard Larcher a laissé huit jours aux questeurs pour lui présenter leurs pistes d’économies. Ces élus, au nombre de trois au Sénat, sont en charge du pilotage des moyens matériels et administratifs de la Chambre haute. « Nous ne souhaitons pas dégrader la mission des parlementaires et altérer les travaux de nos collègues », insiste Olivier Cigolotti. « À coté de cela, nous avons aussi certains impératifs de dépenses, sur l’entretien du Palais, du Jardin du Luxembourg, qui appartient au Sénat, et du musée », explique-t-il. À ce stade toutefois, c’est bien le report de « certains investissements patrimoniaux » qui semble tenir la corde.

Edifié par la reine Marie de Médicis au début du XVIIe siècle, le Palais du Luxembourg, qui abrite le Sénat depuis 1799, a été inscrit sur la liste des monuments historiques dès 1862. Il a fait l’objet entre 2022 et 2024 d’une vaste campagne de restructuration de ses façades et toitures, visant notamment à réduire son empreinte carbone. Attenant à l’édifice, le jardin du Luxembourg, en partie dessiné par Le Nôtre, est l’un des principaux espaces verts de la rive gauche parisienne. Son entretien à l’année réclame les efforts de près de 80 jardiniers, selon le site du Sénat. Enfin, le musée du Luxembourg, ouvert au public depuis 1750, accueille des expositions temporaires pilotées par un établissement public, la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais.

Mais au-delà de sa dimension patrimoniale, le Sénat représente à lui seul quelque 1 200 salariés, dont une immense majorité de fonctionnaires recrutés sur concours, chargés d’épauler les 348 sénateurs dans leurs travaux législatifs et leurs missions de contrôle de l’action du gouvernement.

« Le Sénat est une maison bien gérée. Nous avons des réserves pour contenir les efforts attendus », sourit Hervé Marseille. Olivier Cigolotti évoque une enveloppe de 2 à 3 millions d’euros que la Chambre haute parvient à épargner d’un exercice budgétaire à l’autre.

« La représentation nationale paye l’incurie et l’incompétence des gouvernements précédents »

Pour Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, cet effort doit être l’occasion d’une revue des dépenses. « Il y a sans doute des choses à regarder, même s’il faut rappeler que le fonctionnement de la démocratie a un certain coût », explique-t-il. « Par exemple, chaque président de groupe a le droit à une voiture de fonction avec chauffeur. À titre personnel, je l’ai refusée. En revanche, les sénateurs se voient attribuer une enveloppe qui permet d’embaucher deux collaborateurs. Je pense qu’un troisième ne serait pas de trop pour améliorer l’efficacité du travail parlementaire », explique-t-il. « Dans tous les cas, il est important de faire preuve de pédagogie, expliquer au citoyen le pourquoi de chaque dépense. »

« Evidemment, ce gel était nécessaire compte tenu de l’effort que le gouvernement demande aux administrations publiques et aux Français », salue le sénateur socialiste Éric Kerrouche, également rapporteur pour avis de la mission « pouvoirs publics » du budget général. « Je ne pense pas que ces économies impactent les missions essentielles des parlementaires. Ce sera le versant administratif de l’institution qui sera certainement touché et la dimension patrimoniale du Sénat, plus importante qu’à l’Assemblée nationale », pointe-t-il.

« Mais ce que l’on constate surtout aujourd’hui, c’est que la représentation nationale paye l’incurie et l’incompétence des gouvernements précédents, avec des conséquences en cascade » s’agace l’élu des Landes. « Le budget du Parlement doit être garanti, ne serait-ce que pour lui permettre d’assurer sereinement ses missions de contrôle de l’exécutif, dont on voit bien qu’elles n’ont jamais été aussi nécessaires. »

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