Ce matin, Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé sa volonté qu’une loi spéciale soit déposée dans les prochains jours au Parlement, quelles seront les modalités de son examen devant les deux assemblées parlementaires ? Les élus pourront-ils déposer des amendements sur le texte ? Un gouvernement démissionnaire peut-il défendre un tel texte ? Explications.
IVG : « Si la France devient le 1er pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans sa Constitution, c’est grâce à des militantes, à des parlementaires », assure Mathilde Panot
Par Henri Clavier
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« C’est une journée historique qui fait rentrer la France dans les nations pionnières du droit des femmes », se félicite la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot après la très large adoption par le Congrès de l’inscription de la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. La députée du Val-de-Marne a tenu à souligner le rôle des parlementaires de gauche dans cette révision de la Constitution qui paraissait compliquée il y a encore quelques mois.
Une proposition issue des bancs de la gauche
« La première fois qu’il y a eu un vote, c’était le 24 novembre 2022 à l’Assemblée nationale, puis le 1er février au Sénat », note Mathilde Panot qui précise que le texte avait été déposé par les insoumis à l’Assemblée nationale. La députée du Val-de-Marne rend d’ailleurs hommage à la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, très engagée sur le sujet au Sénat. Alors que la majorité avait pu sembler hésitante sur la question de la constitutionnalisation de l’IVG, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée remercie les associations et collectifs féministes pour leur combat. « C’est le rapport de force dans la société et 90 % des Français qui ont permis cette victoire », continue Mathilde Panot.
Discours de Gabriel Attal : « Je ne suis pas blessée, mais je trouve ça un peu petit »
Malgré l’atmosphère de concorde qui régnait, hier, à Versailles, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a vivement critiqué le discours du Premier ministre, lui reprochant d’invisibiliser le rôle des parlementaires de gauche. Dans sa prise de parole, Gabriel Attal a rendu hommage à des grandes figures de la lutte pour la reconnaissance de l’IVG et des droits des femmes sans citer les parlementaires ayant porté les propositions de constitutionnalisation. « Je ne suis pas blessée, mais je trouve ça un peu petit », concède Mathilde Panot.
Pour rappel, Emmanuel Macron s’était déclaré en faveur de l’inscription de l’IVG dans la Constitution le 8 mars 2023 à l’occasion de l’hommage national pour Gisèle Halimi. « Il ne s’agit pas seulement de moi, mais aussi de Mélanie Vogel », juge Mathilde Panot. « Si la France devient le premier pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans sa Constitution c’est grâce à des militantes, à des parlementaires, invisibiliser les associations et nous relève d’une bassesse qui n’est pas à la hauteur de l’histoire », continue l’élue LFI.
Alors que la députée insoumise explique qu’elle abordait le sujet de l’IVG à chaque entrevue avec l’ancienne première ministre, Élisabeth Borne, Mathilde Panot rapporte que « des personnes de la majorité sont venues s’excuser auprès de moi ». Malgré cela, la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée estime que cela a « peu d’importance par rapport à ce que nous avons réalisé hier ».
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