Ce matin, Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé sa volonté qu’une loi spéciale soit déposée dans les prochains jours au Parlement, quelles seront les modalités de son examen devant les deux assemblées parlementaires ? Les élus pourront-ils déposer des amendements sur le texte ? Un gouvernement démissionnaire peut-il défendre un tel texte ? Explications.
Gaza : la reconnaissance d’un Etat palestinien n’est « pas un tabou », mais doit être « utile au processus », déclare Gabriel Attal
Par Alexis Graillot
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Le conflit entre Israël et le Hamas gagne en intensité ces derniers jours. Après la frappe meurtrière sur un camp de réfugiés à Rafah, que le Premier ministre israélien a qualifié d’ « erreur tragique », plusieurs pays européens (Espagne, Irlande, Norvège), ont reconnu de manière symbolique, l’existence d’un Etat palestinien.
Interrogé au Sénat, Gabriel Attal s’est montré ouvert à une telle reconnaissance, mais a expliqué, à l’image du Président de la République ce mardi, que ce temps n’était pas venu.
Des images « absolument terribles et catastrophiques »
Reconnaissant la « gravité » de la situation, le Premier ministre est revenu sur les images du bombardement israélien d’un camp de réfugiés à Rafah, qui a fait plusieurs dizaines de morts, selon un bilan qui n’est pas encore définitif. « Ces images sont absolument terribles et catastrophiques et nous bouleversent tous », explique Gabriel Attal, qui appelle à « se placer collectivement à la hauteur des responsabilités ».
Le locataire de Matignon s’est également ému de l’annonce de la mort de l’otage franco-mexicain, Orion Hernandez Radou, rappelant qu’il y a encore « deux otages français retenus par le Hamas ». « Nous appelons à la libération de ces otages », martèle-t-il.
« Après la reconnaissance unilatérale, qu’est-ce qui a changé ? »
Répondant par la suite aux accusations d’inaction par le sénateur écologiste de l’Isère, le Premier ministre affirme « ne pas comprendre que l’on parle d’inaction ». « La France a été l’un des premiers pays occidentaux à appeler à un cessez-le-feu », « la France a été le pays qui a permis l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution appelant au cessez le feu », « la France a été le premier pays à larguer de l’aide humanitaire sur la bande de Gaza », « la France a été le premier pays à envoyer l’un de ses bâtiments militaires pour soigner des Palestiniens sur zone », énumère le Premier ministre.
S’il estime que la reconnaissance d’un Etat palestinien n’est « pas un tabou », il estime cependant que celle-ci « doit être utile au processus ». « Après la reconnaissance unilatérale [de l’Espagne, de l’Italie et de la Norvège], qu’est-ce qui a changé ? », s’est-il demandé, ajoutant que « notre responsabilité est de mettre ce sujet au service d’un accord global ».
Enfin, sur le sujet des armes livrées à Israël, le Premier ministre a nié en bloc sur le fait que celles-ci auraient servi aux bombardements commis : « Non, non, les armes qui sont utilisées par l’armée israélienne ne sont pas des armes françaises », soutient-il, expliquant que « les composants sont exclusivement dédiés à la défense du territoire israélien et à leur dôme de fer ».
« Il est important d’être factuel », s’adresse-t-il au sénateur écologiste, appelant à « ne pas être dans la politique spectacle ». « Le drapeau de la France et de l’Europe se suffisent à eux-mêmes pour appeler à la paix dans la région », conclut le Premier ministre.
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