« Il faut sortir de la compassion pour aller encore plus loin dans l’action » , affirme Béatrice Lefrançois, secrétaire générale de l’UNICEF à l’occasion d’une conférence de presse au Sénat sur les mineurs sans abri. En effet, le Sénat examine, ce 19 mars, une proposition de résolution portée par le sénateur communiste Ian Brossat visant à mettre fin au sans-abrisme des enfants. Au 24 février 2025, la fédération des acteurs de la solidarité estimait que 1728 enfants dormaient dehors. Des chiffres alarmants qui sont cependant sous estimés, prévient Béatrice Lefrançois qui assure que « les familles arrêtent d’appeler le 115, parce qu’il n’y a pas de solutions ». Par ailleurs, Ian Brossat souligne que le nombre de mineurs sans-abri a « doublé en l’espace de trois ans ».
Une résolution transpartisane
Même si les résolutions ne sont pas contraignantes juridiquement, le sénateur communiste affiche son optimisme pour l’adoption du texte. En effet, la proposition de résolution a été signée par 62 sénateurs issus de tous les groupes représentés au Sénat. « Cela montre qu’il y a une mobilisation de l’ensemble des partis sur une situation qui est inacceptable », se réjouit Béatrice Lefrançois. « Si cette proposition de résolution est adoptée, ce sera un point d’appui pour obtenir des moyens supplémentaires. Mobiliser des sénateurs de tous les groupes, ce qui arrive assez rarement, c’est à l’évidence une bonne nouvelle, ça nous rend plus fort pour obtenir ces moyens pour mettre un terme au sans-abrisme », assure Ian Brossat. Un texte similaire a été déposé à l’Assemblée nationale par la députée écologiste Marie-Charlotte Garin.
« Il y a deux causes principales : la crise du logement social et l’engorgement de tout le système »
Alors que la sénatrice centriste Nadia Sollogoub évoque un « constat insupportable », les élus du palais du Luxembourg veulent convaincre le gouvernement d’engager des moyens supplémentaires. « Nous avons eu des échos positifs du cabinet de la ministre, mais le vote de la proposition de résolution n’est pas le point d’aboutissement de ce combat », explique Ian Brossat. Concrètement, les élus demandent des moyens supplémentaires pour assurer une mise en œuvre effective de la loi et de l’article L.345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles qui consacre le droit à une solution d’hébergement. « Il y a deux causes principales : la crise du logement social et l’engorgement de tout le système », résume la sénatrice centriste Olivia Richard.
« Il y a deux enjeux », confirme Ian Brossat. « Il y a l’enjeu de l’hébergement, avec la nécessité de débloquer plusieurs dizaines de millions d’euros pour faire en sorte que l’on n’ait plus d’enfants qui dorment à la rue, et il faut relancer la machine qui permet de produire du logement social et du logement très social à destination de familles qui ont des revenus très modestes », continue le sénateur de Paris. En effet, la crise du logement social conduit au maintien des familles et des enfants dans des solutions d’hébergement d’urgence. Alors que les places en centres d’hébergement d’urgence restent limitées, le recours à des nuitées hôtelières reste important. Une solution indigne, jugent les parlementaires alors que « le temps moyen dans les hôtels atteint désormais trois ans et demi », déplore Béatrice Lefrançois.