« Nous n’avons rien à cacher », a martelé plusieurs fois Manuel Valls lors de l’examen du projet de loi d’urgence sur la reconstruction de Mayotte. Un mois et demi après le passage du cyclone Chido, le bilan humain est de 39 morts et plusieurs milliers de blessés.
Lundi soir, l’adoption de l’article 4 bis du texte qui prévoit de conditionner la vente de tôle à la présentation d’une pièce d’identité pour empêcher la reconstruction de bidonvilles, a indirectement remis la question du bilan humain au cœur des débats. « Cet article est tout bonnement scandaleux parce qu’il vise expressément les personnes sans-papiers. Je demande la suppression de cette forme de préférence nationale », s’est offusquée la sénatrice écologiste de Paris, Antoinette Guhl.
La sénatrice communiste de la Réunion, Evelyne Corbière-Naminzo a défendu également un amendement de suppression de cet article et assure. « Le cyclone a fait de nombreuses victimes sans-papiers et dont la mort n’a pas été comptabilisée. Il a également détruit le logement de fortune de nombreuses personnes sans-papiers ».
« Apportez-moi des preuves »
Des propos qui ont choqué le ministre d’Etat en charge des Outre-mer. « Apportez-moi des preuves. Vous ne pouvez pas affirmer au Sénat qu’il y aurait eu des victimes qui n’auraient pas été révélées aux uns et aux autres […] On a parlé de 60 000 morts au début […] Ce n’est pas le cas. Nous n’avons rien à cacher. Il y a une chose que je n’admettrais pas, c’est qu’on puisse laisser penser par votre affirmation, que l’on cacherait telle ou telle victime. Vous introduisez un doute. Ça fait un mois que j’entends ce débat et pour le moment, personne ne m’apporte la moindre preuve d’un type d’affirmation comme la vôtre ».
« C’est affligeant d’avoir ce débat-là », a répondu Evelyne Corbière-Naminzo. « Je ne m’amuse pas à faire 10 000 km au frais du contribuable pour raconter des bêtises. C’est la voix des associations, des bénévoles, qui sont sur le terrain à Mayotte, et qui me disent qu’il y a des sépultures qui ne sont pas comptabilisées. J’en appelle à la conscience nationale et qu’on regarde toutes les victimes, pas seulement celles qui ont des papiers ».
La sénatrice RDPI, Salama Ramia est venue clore le débat. « Je vis à Mayotte. S’il y avait des gens ou des sculptures n’avaient pas été identifiés, on l’aurait senti ».